Quand la peur étreint l’intime Soins
On la retrouve chez la femme atteinte de vaginisme, chez l’homme qui souffre de dysfonction érectile. La peur occuperait une place majeure en médecine sexuelle, selon le Dr Burté
Peur et sexualité. Deux mots que l’on voit rarement accolés. Et pourtant. «En interrogeant les patients qui consultent pour des troubles sexuels, on découvre que la peur est souvent au coeur de la problématique, autant chez les hommes que chez les femmes » ,relate Carol Burté, andrologue et sexologue à Draguignan et à Cannes. Une peur qu’il va être essentiel de déminer pour leur permettre de (re) nouer avec la sexualité. « Le premier élément de la réponse sexuelle est en effet la détente. Toute situation d’hyper adrénergie (au cours de laquelle la personne secrète beaucoup d’adrénaline, Ndlr) va inhiber l’excitation. Ainsi, la peur peut être un facteur qui favorise les dysfonctions sexuelles, les maintient, voire constituer la cause même des troubles ». qui vont finalement distraire l’homme. On observe souvent une modification des comportements sexuels, l’homme va par exemple être tenté de précipiter la pénétration au détriment des préliminaires, ce qui a pour effet… de diminuer l’excitation ! » Des situations qui tourmentent les partenaires et les incitent à se poser mille et une questions : «Qu’est ce qui m’arrive? Pourquoi ça m’arrive à moi ? Qu’est-ce qu’elle va penser ? Je vieillis, je ne suis plus un homme, je ne suis plus bon à rien, elle va me quitter… », s’inquiète l’homme. Quant à sa partenaire, elle a parfois vite fait de conclure: «Il n’a pas envie de moi, il ne m’aime plus, je ne lui fais plus d’effet, il me trompe, je ne me sens plus femme, plus belle, il va me quitter… » Selon la sexologue, on retrouverait deux types de comportements. « Confrontés à des troubles de l’érection, certains vont « essayer » tout le temps pour vérifier si « ça » marche, alors que d’autres ne vont plus faire l’amour.» Dans un cas comme dans l’autre, les effets sur le couple sont dévastateurs. « Les rapports sexuels sont essentiellement centrés sur l’érection, les préliminaires sont limités, tout s’arrête à la moindre baisse d’érection, il n’y a plus de jeu sexuel. La partenaire n’ose plus s’approcher, il y a moins d’intimité, de connivence, des disputes éclatent parfois, le couple s’éloigne. ». Comment sortir du cercle vicieux ? «Des traitements existent qui permettent d’améliorer l’érection, et de diminuer la peur. Plus détendu, plus excité, l’homme limite le risque de troubles. Ces médicaments sont efficaces et bien tolérés. Il reste que chez certains, la prise médicamenteuse entraîne elle-même des peurs : l’ai-je bien pris ? Au bon moment ? Ce n’est pas dangereux? Est-ce que je vais devoir me traiter toute la vie? Est-ce que je lui dis ? Et si elle n’a pas envie ?.. » Et là, c’est un nouveau cercle vicieux.