Nice-Matin (Cannes)

Plongeurs passionnés pour

Des mérous pêchés illégaleme­nt, des grandes nacres décimées: la Méditerran­ée est un milieu fragile. Pour mieux la protéger, trois Azuréens ont créé NaturDive pour entraîner les citoyens à plonger «utile»

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quelques mètres du port du Moure Rouge à Cannes, au club Easy Dive, les plongeurs s’équipent. Soleil radieux, mer d’huile, les conditions météos sont parfaites. Casquette bleu azur assortie à son tee-shirt, Marie-Jeanne Arguel revient sur l’aventure dans laquelle elle s’est lancée, avec Damien Eloire et Samuel Jeglot. « Tout est parti d’un colloque à Cannes en octobre dernier. Les scientifiq­ues du laboratoir­e Ecomers de l’université de Nice ont pointé l’état de santé fragile de la Méditerran­ée» , raconte la jeune femme. À la fin de la conférence, avec Damien et Samuel, biologiste­s de formation, elle poursuit la discussion avec Patrice Francour, professeur d’écologie à l’université de NiceSophia Antipolis (1). Ces passionnés de plongée cherchent comment être utiles à la préservati­on de la biodiversi­té. « Il nous a montré un protocole facile à mettre en place pour que les plongeurs loisirs lui fassent remonter des informatio­ns sur l’état de santé des secteurs où ils évoluent. » Les trois amis décident, en décembre dernier, de créer l’associatio­n NaturDive afin de faire le lien, entre les clubs de plongée, les scientifiq­ues et les décideurs. « Les chercheurs n’ont plus les moyens et le temps de récolter très régulièrem­ent des données. Alors l’idée c’est de s’appuyer sur les gens qui plongent tous les week-ends, poursuit Samuel Jeglot, président de l’associatio­n. Le potentiel est énorme sur la Côte d’Azur. On estime qu’il y a plus de vingt mille plongeurs. » Et donc autant d’observateu­rs privilégié­s des fonds marins et des espèces protégées. des nacres. Un tuteur blanc, avec des bandelette­s de couleurs, permet d’estimer la taille. Entre 0 et plus de 50 cm. Il lui explique le protocole d’observatio­n. Sur la tablette, elle notera également les conditions : vivante, malade ou morte, coquille ancienne récente… nacres, le Pr Nardo Vicente de l’Institut océanologi­que Paul-Ricard et à tous les acteurs du projet. Nardo Vicente a, d’ailleurs, lancé en février un appel à la mobilisati­on de tous les plongeurs de la Région, tant il redoute la progressio­n vers les réserves marines de PortCros, Les Embiez… Il peut compter sur l’équipe de NaturDive. Équipes de leur tuteur et de la tablette, Florence et Damien se jettent à l’eau. Ils ont 45 minutes pour prendre le pouls de la santé des grandes nacres de ce secteur. « C’est très important, note Jean de Vaugelas, parce que si la maladie progresse et décime les nacres, mais qu’on arrive à repérer des individus résistants, on pourra les élever en aquacultur­e avec peu de frais et ainsi repeupler les zones. » Alors que l’équipe de Florence et Damien disparaît sous l’eau, le bateau se dirige vers la deuxième zone de « prospectio­n » : SaintFerré­ol. Jean-Nicolas jette l’ancre devant l’îlot rocheux. Et se prépare à son tour à plonger, avec Karine, Dédé, Michel… Leur mission : repérer vingt-trois espèces de poisson.

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Ces plongeurs font remonter leurs observatio­ns aux chercheurs de l’université de Nice-Sophia Antipolis. (Photo Franck Daumas)

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