Nice-Matin (Cannes)

La solidarité au kilomètre Antibes

La Marche solidaire pour les migrants a porté ses revendicat­ions, hier, dans la cité des Remparts en fin de journée. Une quatrième étape avant de rejoindre Cannes aujourd’hui

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

User ses semelles pour laisser une empreinte dans les esprits. Tel est le pari relevé depuis le 30 avril par les participan­ts de La Marche solidaire pour les migrants. Une action militante défendant notamment l’accueil des migrants à travers soixante étapes reliant Vintimille à Londres. Mais avant d’atteindre la finish line de l’autre côté de la Manche le 8 juillet, les piétineurs d’idées reçues ont battu le pavé antibois, hier en fin d’après-midi. Avec une arrivée remarquée sur l’esplanade du Pré-des-Pêcheurs où, Francette, Paula et Brigitte attendaien­t de pied ferme le cortège au pied de la porte Marine. « C’est une démarche citoyenne. Pour nous, c’est évident de se joindre à eux dans notre ville», lancent-elles en s’harnachant de leur sac à dos, fin prêtes à se mêler à leurs confrères tendant la banderole où s’inscrivent en lettres capitales : « Projet de loi asile et immigratio­n : non !» Le message est clair.

Chaîne humaine

Derrière, plus de soixante-dix marcheurs arpentent la vieille-ville. Direction: place De-Gaulle. C’est sous les notes de Bella Ciao reprises à l’accordéon par Viorel Costache – président de l’associatio­n Prales pour les droits des Roms : tout un symbole –, que l’assemblée stoppe ses pas. Escale urbaine avant de filer droit vers la Méditerran­ée et la plage de la Salis. Cette nuit, une trentaine d’entre eux ont été accueillis par des personnes « relais ». Une chaîne humaine qui attache un nouveau maillon aujourd’hui avec une arrivée à Cannes. Le début d’une grande aventure initiée par l’associatio­n L’Auberge des migrants dont le vice-président bénévole, François Guennoc mène tambour battant en rappelant les revendicat­ions portées par ce marathon solidaire : « Nous protestons contre les barrages aux frontières: nous demandons à ce qu’elles s’ouvrent. Ici comme à Calais. Il faudrait que le gouverneme­nt soit réaliste et se rende compte que les dispositif­s policiers mis en place ne sont pas efficaces et qu’ils sont coûteux ! » Une politique également fustigée pour son « manque d’humanité » dans le cortège.

Réveiller les conscience­s

« Plus la pression policière augmente, plus les risques que les personnes prennent pour passer augmentent. On assiste à un drame humain avec douze morts à la frontière italienne déjà... », lance Jean Schierano, membre de l’équipe de coordinati­on antiboise de la marche en désirant recontextu­aliser les choses : « Au Liban [N.D.L.R. 4 millions d’habitants], un quart de la population est constitué de réfugiés. En face, la France en a accueilli 20 000. Ce n’est quand même pas la même donne ! » Des foulées pour réveiller les conscience­s. C’est ça, le but. Mais pas seulement. « Il y a des temps de débat également, on échange entre marcheurs mais également avec la population qui le souhaite », précise le vice-président en listant les idées portées par les participan­ts : « Nous demandons également la fin du délit de solidarité. » C’est en foulant le bitume que ces citoyens d’ici et d’ailleurs espèrent faire de la France un pays qui ouvre grand les bras. Un pays plus « solidaire », somme toute.

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(Photos Sébastien Botella)

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