Nice-Matin (Cannes)

La der d’Irina Labazhevic­h

A presque 45 ans, la capitaine du MOM disputera sa dernière rencontre ce soir avant de prendre, dès la saison prochaine, ses fonctions d’entraîneur adjointe aux côtés de Marie Tari

- KATHERINE NATTON

Quand elle fait ses premiers pas sur un terrain de volley, la « petite » Irina Polechtcho­uk est bien loin de prévoir que sa carrière va la conduire jusqu’en France France où elle va construire sa vie profession­nelle et s’installer avec sa famille. Ce soir, dans la salle des Oiseaux à Mougins, la capitaine du MOM tirera sa révérence. Sa famille, ses amis, son public seront là pour l’applaudir une dernière fois. À presque 45 ans, la Grande Irina jouera son ultime match avant de revêtir la tenue d’ entraîneur adjoint la saison prochaine aux côtés de Marie Tari. Un très long chapitre de sa vie qui pend fin et qu’Irina Labazhevic­h veut savourer jusqu’au dernier moment.

De Minsk au Cannet...

C’est à Minsk, capitale de la Biélorussi­e, alors dépendante de l’URSS, qu’Irina découvre le volley. Très vite, elle intègre l’équipe nationale junior avec laquelle elle décroche deux titres mondiaux (1991-1992). Une période où elle va vivre les réformes sociales et économique­s avec la Perestroïk­a sous Gorbatchev. «C’était bizarre de se retrouver tout d’un coup libre de dire ce qu’on pensait et cela n’a pas été aussi facile que ça ! » Une liberté que 15 pays ont dû apprivoise­r doucement avant de la maîtriser vraiment. Une découverte de l’indépendan­ce qu’Irina va avoir, à 21 ans. « Mon club voulait me vendre et j’avais deux options. Soit aller au Japon avec un contrat financier très intéressan­t en tant que sparring-partner, soit accepter la propositio­n de Jean-Paul Aloro (président du RCF) et venir à Paris ». Irina choisira le jeu avec l’envie de poursuivre sa progressio­n. Entre le RC Villebon et Melun La Rochette, elle va vivre 12 ans en région parisienne et découvrir ses premières joies mais aussi ses peines. « Mon premier temps fort, c’est notre victoire avec Melun La Rochette en Top Team Cup à Bern (2003). C’était le premier titre européen pour le club et nous étions tous très heureux, mais dans la nuit Gérard Nevers, notre président d’honneur (et maire de Villebon) est mort dans sa chambre d’hôtel. J’ai ressenti une immense tristesse et cela me bouleverse encore d’en parler aujourd’hui ». Puis arrive le premier appel de Yan Fang (1 999). « Mon fils venait de naître (Roman) et j’ai donné priorité à ma famille, j’ai donc refusé ». C’est finalement Victoria Ravva qui va convaincre celle qui va la remplacer le temps de sa grossesse. « Je savais que c’était pour une saison, les choses étaient claires. J’avais déjà 34 ans et après en avoir discuté avec mon mari (Alexandre), on a décidé d’accepter. D’ailleurs je voudrais dire que sans le soutien de mon mari, je n’aurais pas pu faire une telle carrière et je tiens à le remercier pour tout ça ». 2 007 sera donc l’année de son premier doublé Coupe de France/Championna­t. Une saison riche mais éprouvante physiqueme­nt, aussi Irina préfère poursuivre sa route dans le club voisin du Cannet où elle participe aux play-offs et se hisse jusqu’en finale de la CEV Cup sous la direction de Mladen Kasic (2 008). Encore une saison d’exception pour celle qui va faire son grand retour au RC Cannes. « Je savais qu’il me restait peu de temps à jouer à un tel niveau, aussi finir à Cannes, aux côtés de Vica (Ravva) je ne pouvais rêver mieux ».

...Jusqu’à Mougins

L’heure de la « retraite » semble définitive quand, en 2011, Irina se rend compte qu’elle attend un heureux événément. Le choix de sa famille reprend alors la première place dans son coeur. Polina naîtra en décembre et c’est en faisant ses courses avec son bébé qu’elle va croiser le chemin de Marie Tari. Une discussion amicale entre deux anciennes internatio­nales et adversaire­s en championna­t au cours de laquelle, celle qui vient de prendre les commandes du MOM ne manque pas de lui proposer de rejoindre son équipe si ça lui dit. « Et cela fait 6 ans ! C’est vrai qu’au début, c’était juste pour transpirer et bouger. On s’entraînait deux fois par semaine et je ne voyais pas plus haut ». Seulement, le club et son entraîneur ont d’autres ambitions et Irina doit suivre la spirale ascensionn­elle jusqu’à cette soirée du 14 avril où le MOM atteint la LAF. C’est ce qu’on peut appeler une sortie par la grande porte pour celle qui a toujours été un exemple pour ses partenaire­s et dont l’un des temps forts vécus dans son dernier club aura été de gagner la coupe de France en 2 016. « Par rapport à tout ce que j’avais vécu jusqu’à présent, bien sûr c’était un autre niveau, une autre exigence mais l’émotion était vraiment très forte pour l’équipe et le club dans son ensemble ». Au cours des deux dernières saisons, sous le maillot du MOM, si Irina reste bien présente sur le terrain, elle va commencer à se rapprocher de son entraîneur pour devenir « une mini-consultant­e » comme elle dit. Ce soir, Irina Labazhevic­h sera joueuse pour quelques heures encore. Une dernière danse qu’elle veut partager avec sa famille, ses joueuses, son entraîneur, son président et tous ses supporters. Autour de 22 heures, le rideau tombera devant la capitaine du MOM au terme d’un match de gala entre les deux équipes qui se retrouvero­nt la saison prochaine en LAF et qui devrait être le théâtre d’émotions fortes pour la petite princesse biélorusse devenue Reine en France. Ce soir à 20 h, Mougins (2e, 28 pts) – Marcq en Baroeul (1re, 39 pts)

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Photo de famille avec Alexandre et Polina (manque Morgan à l’IFVB Montpellie­r). (PhotoK. N.)

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