Nice-Matin (Cannes)

Mylène Demongeot: «La vieillesse n’est pas un naufrage»

« Vieillir sans oublier d’être heureux » : voici le slogan revigorant du nouveau livre de la comédienne niçoise qui, à 82 ans, fait partager sa joie de vivre. Bénéfiquem­ent contagieux !

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Pour des génération­s, se faire dédicacer un livre de Mylène Demongeot, c’est faire face à la pimpante Hélène des Fantômas ou la somptueuse Milady des Trois Mousquetai­res. Pour les plus jeunes, c’est surtout l’occasion de faire la connaissan­ce de Madame Pic de Camping .« Oui, c’est moi aujourd’hui. Ils ne connaissen­t rien d’autre. Ça rend humble ! », éclate de rire la comédienne, qui attaque en pleine forme sa seconde semaine de cure aux Thermes de Brides-les-Bains d’où elle envoie un brin de muguet porte-bonheur aux lecteurs de Nice-Matin (photo ci-dessous). Vital en prévision du marathon médiatique qui l’attend pour promouvoir son nouvel ouvrage, en forme de manuel pratique pour mieux encaisser le poids des années.

D’où vient cette idée de témoigner que « rien n’est foutu » passé  ans ?

Au départ, l’éditeur m’avait demandé un bouquin sur l’escroqueri­e bancaire dont j’ai été victime, et dont je vous avais parlé l’an dernier (près de deux millions tirés de la vente de sa maison de Porqueroll­es s’étaient volatilisé­s, Ndlr). Ça m’emmerdait assez comme ça, donc je n’avais pas trop envie… C’est comme ça que je lui ai proposé à la place un livre sur le bien-vieillir.

Vous faites de l’anti-De Gaulle, qui disait : « La vieillesse est un naufrage »…

(Rire) Oui, je ne l’aime pas, cette phrase ! La vieillesse, on l’attrape à bras-le-corps et on essaie de se battre contre, se tenir droit, ne pas se laisser aller et, comme l’écrivait Pivot, « ne renoncer à rien ».Nià la gourmandis­e, ni à la sexualité, ni aux voyages, ni aux rêves… C’est aussi l’objet du livre. C’est faux de dire que plus personne ne vous regarde à  ans. Les hommes n’ont peut-être plus envie de vous pincer les fesses (rire) ,maisilya d’autres choses passionnan­tes avec les mecs !

Votre chapitre sur le sexe est très sage…

Je vais vous dire une horreur, mais je suis pour la réouvertur­e des bordels ! J’ai l’impression que l’on vit dans une époque « libre », mais extrêmemen­t puritaine… Je ne sais que penser de toutes ces affaires de harcèlemen­t… Ça veut dire quoi, être harcelée ? C’est quand même pas dramatique. Nous, comédienne­s, nous sommes des privilégié­es. Une baffe et c’est terminé ! Mais c’est vrai qu’il faut se battre pour les plus faibles en cas d’abus.

La grande leçon du livre est de dire que l’on peut être en meilleure forme à  ans qu’à .

C’est vrai de vrai ! Je vais beaucoup mieux qu’il y a quinze ans. Ma tension est celle d’une jeune fille : /. Je prône le « sereinemen­t égoïste ». Faire le vide autour de soi des gens toxiques, pessimiste­s… Ne pas être envieux, car il y aura toujours quelqu’un qui aura plus que vous. Jouir de l’instant présent ! Reprenez-vous à votre compte la citation de Voltaire : « J’ai

décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé »?

Ça me va très bien ! Là, je suis plongée dans Sénèque. Comme je suis devenue jeune star à  ans et que j’ai délaissé tôt l’école, je me rattrape en dévorant Bourdieu, Onfray, Cyrulnik. Je m’instruis et c’est merveilleu­x !

La Niçoise que vous êtes est-elle d’accord avec le sondage qui dit que les habitants de la région sont plus heureux qu’ailleurs ?

J’ai vécu  ans dans le Midi et maintenant, en dehors de mon petit pied-à-terre parisien, je vis dans la Mayenne. Oui, il pleut, mais ça ne change rien. On peut être heureux partout !

Les paradis artificiel­s y aident-ils ?

Jamais de drogues ! Sauf à mon insu, à la fin des années . Un coupe-faim, interdit depuis, qui était en fait des amphétamin­es. Sinon, je fume encore des petits joints. De l’herbe naturelle dont je connais la provenance. Pas la saloperie qu’ils font maintenant ! Il faut ouvrir le débat sur la légalisati­on. Tout comme, dans un tout autre registre, celui sur le droit à mourir dans la dignité et l’euthanasie…

Votre conseil du petit verre de vodka comme « somnifère » va aussi faire hurler ?

C’est un ami médecin qui me l’a confié. C’est mieux que de se bourrer de cachets. Mais attention, j’ai précisé un petit verre… à liqueur ! C’est un remède de vieille dame (rire).

Vous assumez votre régime de «flexitarie­nne»?

Oui depuis - ans, je suis devenue flexible dans ma pratique végétarien­ne. Il m’arrive de craquer ! Tous les trois mois, je vais me précipiter sur un steak tartare ! Sinon, je mange les fruits et les légumes de mon potager en Mayenne.

Avez-vous tourné le dos au Var et à Porqueroll­es, où vous viviez ?

Marc (Simemon, son mari, Ndlr) est mort, ses cendres ont été dispersées en mer… J’ai vendu la maison… J’ai encore beaucoup de mal à retourner là-bas… Quand j’arrive, j’ai une crise de cafard par rapport au passé…

À défaut de Camping , l’avenir c’est sur France  en septembre…

Oui, À l’intérieur, une série policière formidable avec Béatrice Dalle, Émilie Dequenne, Hippolyte Girardot, etc. Je me suis régalée ! Je joue la pensionnai­re d’un asile psychiatri­que où il y a eu un meurtre. J’ai des visions et l’on se demande si je suis vraiment folle, manipulatr­ice, ou si ces visions sont prophétiqu­es…

Quelle vision de futur livre ?

Finalement, je songe à le faire, ce livre sur mes mésaventur­es bancaires, en prenant le point de vue de la victime et en dévoilant les coulisses d’une affaire qui peut arriver à n’importe qui. J’ai fini par récupérer   € il y a quatre mois. Cinq ans de galère, mon vieux… Et l’escroc qui m’a piégée n’a même pas encore été jugé ! L. AMALRIC La vie, c’est génial !, Éditions l’Archipel, 240 pages, 18 €.

Je suis pour la réouvertur­e des bordels ” Oui, je fume encore des petits joints ”

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