Xavier Villeroy, «on entre par hasard, on reste par choix» Grasse
Le nouveau directeur de la maison d’arrêt a posé ses valises à il y a deux mois de cela. Il s’exprime pour la première fois sur sa récente prise de fonction. Rencontre
Une arrivée sans trompette ni tambour dans la cité des parfums. Et pour cause, Xavier Villeroy le précise d’entrée de jeu, le contact avec les médias est un exercice délicat et très supervisé par son administration de tutelle. Le décor est planté. Il faudra plusieurs minutes de discussion avec ce Niçois d’origine pour faire baisser quelque peu le bouclier. Même si le langage corporel n’a pas pu masquer un certain stress (changement de position régulier sur la chaise, alliance et chevalière fréquemment touchées…). Plus tard, la tension retombera d’elle-même par une conversation franche, quelques confessions et le “parlé avec les mains”. La touche niçoise sans doute. Grand, massif, cheveux courts, rasé de près, costume cravate impeccable. La posture est quasi militaire. Pas étonnant face à cet ancien sous-lieutenant dans la réserve opérationnelle de gendarmerie et chef d’escadron dans la réserve citoyenne depuis 2011. Dans son bureau entouré de barreaux aux fenêtres – qu’il « ne voit plus avec le temps » –, rien ne dépasse sur les meubles. Si ce n’est une tasse à l’effigie du club de foot de l’AS Saint-Etienne. « Un cadeau de départ qui ne me sert qu’à boire du café », plaisante-t-il, n’appréciant que moyennement le football. Il faut y voir la symbolique de la ville. Celle qui a accueilli Xavier Villeroy ces quatre dernières années. Quatre ans durant lesquelles il a oeuvré pour remettre la maison d’arrêt, datant de 1968, aux normes techniques avec 4 millions
‘‘ d’euros de travaux sur une structure vétuste et la reprise des bâtiments et organes de sécurité et de fonctionnement quotidiens (réseaux d’eau, incendie…). Son arrivée à Grasse, le 1er mars 2018, s’est faite par un voeu validé par décision ministérielle vers un établissement qui a « bonne réputation . Diriger un établissement de catégorie 2 est une fierté », selon lui. Mais très vite, Xavier Villeroy s’est heurté à une problématique bien connue du milieu : les effectifs. Le turnover est présent et les agents viennent à manquer. « Aujourd’hui, il manque 20 agents de surveillance, plus une quinzaine pour les extractions judiciaires [projet à venir en automne NDLR]. On ne peut pas éviter les changements de postes mais nous allons travailler sur l’attractivité de l’établissement. C’est l’un des axes d’un projet d’établissement, avec la gestion de la détention et des populations, les extractions judiciaires et l’immobilier, que nous dévoilerons à la fin du mois. » Les personnels, le directeur de la maison d’arrêt de Grasse le confesse, il n’en a rencontré que la moitié depuis son arrivée. « Ma prise de poste ne me laisse encore pas beaucoup de temps. De toute manière, je ne veux pas faire ce genre de réunion où je dois parler devant 150 personnes. Je veux une rencontre utile et nécessaire, équipe par équipe. Ce que j’ai déjà pu constater, c’est l’excellent travail du directeur par intérim, Dieudonné MBeleg, ainsi que des autres directeurs adjoints, de l’attaché à l’administration et de l’ensemble des personnels du site. J’ai aussi reçu un très bon accueil, bienveillant et collaboratif de tous les partenaires administratifs, judiciaires et associatifs de la maison d’arrêt.» Le travail d’équipe, la résilience, la cohésion semblent des qualités prérequises pour réaliser cette fonction. « Ce sont les valeurs humaines qui vous font tenir dans ce métier. J’ai l’habitude de dire qu’on entre par hasard et on reste par choix. » Pour Xavier
‘‘ Villeroy, le hasard calendaire a tout décidé. Concours de police, douanes… Il a réalisé une quinzaine de concours en même temps. Le résultat de celui lui ouvrant la voie de la direction des établissements pénitentiaire fut le premier à se manifester. Quinze ans plus tard, le métier a évolué « vers le mieux. Que ce soit au niveau technique ou au niveau humain avec de nombreuses formations, notamment incendie et premier secours, la mise en place d’Eris [Équipes Régionales d’Intervention et de Sécurité NDLR], des équipes cynophiles et de monitorat. » Et le passage inévitable, celui concernant les détenus. « Notre rôle est de faire sortir les détenus en meilleur “état” que lorsqu’on nous les a confiés. On ne peut pas dire que personne n’est récupérable. Il faut parfois reprendre les bases de la citoyenneté et le respect des règles. Dès l’entrée, on prépare l’après prison. C’est le sens de notre boulot. »