Nice-Matin (Cannes)

Il est condamné à six mois de prison pour avoir poignardé avec des ciseaux sa victime à neuf reprises

- JEAN STIERLE

Mateus, un Albanais de  ans revient de la plage, à Antibes, avec sa petite amie Léa. Nous sommes le  avril. Une belle journée printanièr­e. Le couple se dirige vers le parking. Sur le chemin du retour, il croise un groupe d’inconnus. Deux ou trois personnes qui s’adressent aux deux jeunes gens. «Bonjour !» Le ton est insistant. Des mots déplacés, surtout vis-à-vis de Léa. Les insultes fusent. La bousculade commence. Mateus est mis à terre, roué de coups. Léa, s’enfuit. Selon son témoignage, cette semaine, devant le tribunal correction­nel de Grasse présidé par Martin Delage, le jeune Albanais rentre chez lui, plus précisémen­t chez son frère, installé à Antibes depuis plus d’un an. Fin de l’histoire ? Pas vraiment. Fou de rage, il revient seul sur les lieux, muni d’une paire de ciseaux. Il retrouve celui qui l’a bousculé et le poignarde dans le dos à neuf reprises. Des coups graves, mais aucun n’est mortel. La police intervient. Mateus est en garde à vue, puis mis en examen pour des faits de violence avec arme.

“J’ai dit bonjour simplement”

Devant le tribunal, il ne veut pas passer pour l’agresseur. En situation irrégulièr­e sur le territoire français, le jeune Albanais cherche à s’intégrer. « J’adore cette ville ! » dit-il. Bref, pas le profil d’un méchant garçon. « Regardez comme celui-là, il est fort », dit-il en désignant sa victime présente à la barre. Il s’exprime difficilem­ent en français et une interprète l’aide à formuler ses invectives à l’égard du jeune costaud qui s’est porté partie civile et réclame réparation à la barre :   euros de dommages et intérêts. Pour bien comprendre la situation, le président demande à la victime des coups de ciseaux de décrire selon lui ce qui s’est passé. « Je ne les connaissai­s pas du tout, j’ai dit bonjour simplement », dit-il l’air étonné. Le procureur de la République, Maud Marty-Latina, décrit la scène d’agression en deux phases distinctes et souligne que le seul agresseur dans cette affaire aux motifs futiles, c’est le prévenu. Malgré la peur, Mateus est revenu en découdre avec des ciseaux. Elle requiert six mois ferme avec mandat de dépôt. À la défense, Me Elodie EynardToma­tis plaide pour son client le fait qu’il ne s’agit pas d’une agression gratuite, qu’il s’est senti humilié et en danger. Il a voulu protéger Léa d’ailleurs absente à l’audience. Le tribunal suivra les réquisitio­ns du procureur de la République et condamnera le jeune homme à  mois ferme avec mandat de dépôt et  euros de dommages et intérêt pour la victime… Celle-ci à l’écoute du délibéré exprime son mécontente­ment, sans préciser si elle réclamait plus de prison ou plus d’argent. Le président lui indique qu’elle peut faire appel dans un délai de dix jours et qu’on ne commente pas une décision de justice !

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