Une famille unie pour voir renaître la Bastide Saint-Julien L’essor
Les Garrassin ouvrent cet été au public leur bastide entièrement rénovée à La Celle. Ils y proposent, en plus du caveau et des salles de réception, des chambres d’hôte haut de gamme
La bastide a été le projet de fin de vie de mon grand-père. Aujourd’hui, c’est un projet familial. » Claire Canolle, fille unique de Geneviève Garrassin, propriétaire des lieux avec son frère Norbert, résume parfaitement la renaissance de ce magnifique domaine situé au pied du massif de la Loube, à La Celle, non loin de Saint-Maximin et Brignoles. Attachée à la terre, la famille Garrassin, plus connue pour ses activités d’exploitant de carrières et de transport de matériaux dans le Var, a aussi du talent lorsqu’il s’agit de restaurer d’anciens domaines tombés en ruine.
Un virus transmis sur quatre générations
Après le réputé établissement Les Gorges de Pennafort situé à Callas et connu des gourmets pour son chef étoilé Philippe Da Silva, Geneviève Garrassin a également fait restaurer et redécorer La Bastide Saint-Julien, elle aussi rachetée par son père Maurice à la même période. Aidée cette fois de son neveu Herbert pour les travaux, de sa fille Claire, passionnée par la viticulture, et de son autre neveu Lucas, qui souhaite lui développer la culture de l’huile et des amandiers sur le domaine. « En 1990, mon père a racheté l’Hôtellerie des Gorges de Pennafort et, en 1991, il a racheté aussi ce domaine auprès du tribunal de commerce car il était en faillite. À l’origine, mon grand-père était dans la viticulture et lui avait transmis le virus. Mon père avait travaillé avec lui dans les vignes », confie Geneviève Garrassin. Si bien qu’en 1991, la famille commence par replanter les vignes de Saint-Julien. « On a tout refait », se souvient Geneviève. Le temps de laisser la terre travailler et les vignes s’épanouir, la première vinification a lieu en 1998. « Il y avait ici peu de vignes à l’origine mais beaucoup de fruitiers, des poiriers en grosses quantités. »
Projet oenotouristique
La bastide reprend peu à peu des couleurs et ce n’est qu’en 2010, après le décès de Maurice Garrassin, que Geneviève décide vraiment de la réhabiliter et de mettre ses talents de décoratrice et de styliste en avant. Son projet consiste à faire des lieux un site oenotouristique. « J’étais allée au Canada et en Afrique du Sud. J’avais vu que tous les domaines viticoles avaient des lieux d’accueil avec restaurant et chambres d’hôtes alors que nous, en France, le pays historique du vin, nous n’avions pas trop évolué làdessus. » Les autorisations peinant à être acceptées pour permettre à cette exploitation agricole d’accueillir du public, les travaux ne débutent qu’en 2014. Les hangars désaffectés sont transformés en grande salle de réception de 500 m² et le caveau de vente et de dégustation donnant sur la route peut ouvrir. Restait la partie chambres d’hôte. Une trentaine d’artisans locaux ont été sollicités (ébénistes, plâtriers, maçons, peintres, mosaïstes, menuisiers) pour redonner son cachet d’antan à cette bastide du XVIIe siècle et ses vestiges plus anciens. À l’extérieur, les terres cuites vernissées de Salernes ont été restaurées et refaites à Lyon. Les vestiges, fontaines, statue de la vierge, bassins, jardins et potager ont été mis en valeur. À l’intérieur, la décoration est résolument moderne et contemporaine, d’inspiration industrielle et design. Certaines pièces comme cette table en chêne de 130 mètres de long d’un seul tenant, importée d’Italie, ou cette suspension Dixon tombant du plafond dans un puit de lumière frappent le visiteur au premier coup d’oeil. Des oeuvres de l’artiste Bezzina ornent aussi l’intérieur de la maison et le parc de la bastide avec son pied en bronze monumental. Quant à la cuisine, autre pièce maîtresse de la maison, elle recèle quelques-unes des photographies imprimées sur du carbone et de l’acier de Guillaume Barclay, le fils d’Eddie Barclay. Une exposition est d’ailleurs prévue qui sera visible de juin à août. « Guillaume Barclay est spécialisé dans l’art food des plats de grands cuisiniers. Il a eu un vrai coup de coeur pour cette bastide et il était ravi de s’associer à sa renaissance. Il a déjà refait cette année la cuisine des Gorges de Pennafort, confie Geneviève Garrassin. Ce sera ainsi la première exposition à SaintJulien. » Le domaine accueillera par ailleurs les vingt-cinq ans des coteaux varois le 31 mai. Enfin, les cinq chambres d’hôte haut de gamme sont d’ores et déjà ouvertes aux réservations. Le lieu offrant toutes les prestations de confort (piscine chauffée, salle de fitness).
Cinq millions d’euros investis
En tout, cinq millions d’euros ont ainsi été investis pour la rénovation de la bastide. « Ça me tenait à coeur car c’était le dernier projet de mon père », explique Geneviève. Un projet qui se prolongera par l’exploitation d’huile d’olive et d’amande puisque 450 oliviers et 180 pieds d’amandiers ont été plantés pour répondre, entre autres, à la demande des confiseurs d’Aix. AMBRE MINGAZ