Nice-Matin (Cannes)

Trente ans au service du comble de la perfection

Marie-Christine Saison, gouvernant­e générale au sein de l’Hôtel du Cap-Eden-Roc d’Antibes, agit avec rigueur et bienveilla­nce dans l’effervesce­nce du Festival. Expérience et passion de mise

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Son regard topaze joue l’effet miroir face à la Méditerran­ée. Pourtant, Marie-Christine Saison n’a pas vraiment le temps de fixer l’horizon imprenable depuis le balcon de la chambre numéro 33 de l’Hôtel du Cap-Eden-Roc. Son métier ? Marathonie­nne sur moquette, athlète sur gazon, sprinteuse sur marbre. Depuis trente ans maintenant, cette Parisienne de naissance fend d’un pas alerte les étages du palace antibois. Et ça en fait des tours de piste ! Sourire amusé, elle regarde son poignet gauche : « Habituelle­ment j’ai une montre qui remplit la fonction de podomètre. En moyenne, je dois parcourir douze kilomètres par jour. » Un rythme plus que soutenu qui lui colle à la peau. Gouvernant­e générale de la maison, elle mène sa mission tambour battant. Une allure au galop qui, le temps du Festival de Cannes, dépasse tous les records pour l’ensemble de ses équipes. Soit quatre-vingts personnes qui savent déployer des talents de vélocité et de précision pour faire briller un peu plus fort la magie de la Croisette. Comme à la lingerie où « les robes exceptionn­elles » se croisent dans un ballet aux airs de ritournell­e entêtante : « Toutes les deux secondes du linge remonte, du linge descend. » Effervesce­nce. Une atmosphère d’urgence d’où ne doit

‘‘ transpirer aucune goutte de stress. Un climat au sein duquel cette experte du détail s’épanouit. Le challenge, c’est son carburant. Affectueus­ement surnommée « Speedy Gonzales » par ses consoeurs et confrères, elle remplit son rôle avec coeur et exactitude. Son oeil ? Elle a su l’aiguiser aux côtés de sa prédécesse­ur, celle qui lui a donné « la chance » de découvrir les facettes de l’hôtellerie. Une « vue d’ensemble » qui demeure son point focal. Avec, toujours, ce sens de la réalité : « J’ai commencé ici comme femme de chambre. J’étais dans l’univers bancaire avant cela. J’ai postulé sur les conseils d’une amie. » Bonheur lui en a pris ! Exerçant son rôle de chef d’orchestre au gré des mois, elle fait partie de ceux qui ne laissent pas le palace désert durant l’hiver. Puisque si l’établissem­ent de rêve ferme ses portes au public lorsque l’été chante son ultime soirée, il n’est pas question de jouer la belle aux bois dormants : « Durant cette période, on passe aux grands travaux ! On peut aussi bien changer les tissus, que la moquette ou encore les salles de bain. Quand on arrive au dernier jour d’ouverture, l’hôtel est propre bien sûr pour le commun des mortels. Mais pour nous, ce n’est pas le cas : il est temps de tout refaire. » Là, c’est le savoirfair­e qui parle. Et cet amour de la « qualité » qui n’a pour synonyme que l’excellence. Avec, toujours, comme réponse : « Oui. » Et pas besoin de le dire deux fois. Parce que tout est possible – « dans 99 % des cas ». Tout devient immédiat. Ça, c’est la devise. La théorie. Pour l’applicatio­n, il faut se pencher sur ses maîtres mots : « rigueur »et« bienveilla­nce ». « Je suis là pour apporter mon regard au travail des autres, pour le vérifier. Donc oui, lorsque je demande quelque chose, c’est toujours avec le respect de la personne. Toujours avec un merci. D’ailleurs, chaque fin de journée se termine avec un merci à chacun. C’est primordial », souligne Marie Christine Saison, en n’oubliant pas la dimension empathique allant de pair avec son tailleur : « Ce travail d’équipe procure énormément de satisfacti­on humaine. Ensemble, on se tire vers le haut. » Créatrice de synergie, elle continue à insuffler la philosophi­e propre aux lieux. Avec comme clé : « Faire plaisir au client. Il faut que lorsqu’il arrive chez nous, qu’il sente qu’il est attendu. Et cela passe par de nombreuses petites attentions. » Coach d’une team olympique dont elle parle avec une tendre fierté, elle s’apprête à passer le flambeau. Pour de bon. Puisqu’avant la saison estivale 2019, elle quittera son poste pour partir à la retraite. Si la gouvernant­e générale concède dans un doux sourire son « émotion » quant à son départ, elle sait déjà qu’elle sera toujours comme chez elle ici, quelque part…

Rigueur et bienveilla­nce ” Empathie et excellence ”

 ??  ?? Marie-Christine Saison, l’oeil aussi aiguisé que bienveilla­nt du palace antibois où la qualité ne peut qu’être synonyme d’excellence. (Photos Eric Ottino)
Marie-Christine Saison, l’oeil aussi aiguisé que bienveilla­nt du palace antibois où la qualité ne peut qu’être synonyme d’excellence. (Photos Eric Ottino)
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