Nice-Matin (Cannes)

C’est la ruée dans les centres de contrôle technique

Le durcisseme­nt des contrôles, effectif ce dimanche, n’a pas échappé aux automobili­stes. Depuis plusieurs semaines déjà, les centres agréés sont submergés. Notamment de voitures vieillissa­ntes...

- Dossier : Christophe CIRONE ccirone@nicematin.fr

Allez, c’est bien parce que vous êtes client... Sinon, je ne prends plus personne. Je suis complet! Et tous les centres sont pleins ! » Ambiance hier matin chez Autovision, boulevard Gambetta à Nice. Une dernière ligne droite sur les chapeaux de roues: voilà à quoi ressemble la semaine dans les centres de contrôle technique, sur la Côte d’Azur comme dans toute la France. Rush ultime avant l’entrée en vigueur, ce dimanche, d’une réforme en profondeur du contrôle technique. Plus une minute à perdre : lundi, il sera trop tard ! Or ce message est manifestem­ent bien passé chez les automobili­stes. « Des gens viennent de Cannes, d’Antibes », constate Jacques Seret. Il gère sept centres Autovision à Nice et Cagnes-sur-Mer (toutes enseignes confondues, les Alpes-Maritimes en comptent une bonne cinquantai­ne). Hier, scrutant son carnet de rendez-vous coloré de bleu, Jacques voit les clients se presser non-stop devant le comptoir du centre Gambetta. +30 %, voire +50 % d’activité : tel est son constat, fidèle écho à celui des autres profession­nels depuis un bon mois. «C’est le feu complet!», s’exclame Jean-Marc Markarian, chez Autosur Nice Carlone, Il reçoit 60 véhicules par jour, contre 30 d’ordinaire. « On avait beau anticiper, on ne s’attendait pas à ça, concède Jacques Seret. Il a fallu tout reporter : les travaux, les formations... La dernière fois qu’on a connu un tel flux, c’était en 1995, quand le contrôle technique est passé de tous les trois ans à tous les deux ans. »

Objectif : sécurité

« Je suis venue par anticipati­on, avec un mois d’avance», confie Françoise Belgodère, 70 ans, dans la salle d’attente. Sa Toyota Yaris est garée devant. Voilà dix ans qu’elle roule. La Renault Megane voisine en a le double. Son propriétai­re, Fernand Alunni, a 82 ans. «Presque l’âge de la voiture» s’esclaffe-t-il. Lui s’est contenté de respecter la date anniversai­re du contrôle. Bon timing. Car le contrôle technique va singulière­ment se durcir. Cette réforme découle d’une directive européenne de 2014, visant à améliorer la sécurité routière. L’objectif affiché de l’Europe est ambitieux : réduire de moitié le nombre de tués sur les routes. En débarrassa­nt ces dernières de bon nombre d’épaves et de défaillanc­es latentes.

Bientôt  euros

Concrèteme­nt ? Le nombre de points de contrôle passe de 123 à 133. Le nombre de défauts potentiels bondit de 411 à 610. Et 129 d’entre eux sont identifiés comme « critiques ». Dans ce cas, la validité du contrôle est limitée au jour même. Il faut attendre réparation et contre-visite, sous deux mois, pour pouvoir rouler à nouveau. Effets collatérau­x : la durée du contrôle va s’allonger, et son prix augmenter. Les profession­nels avaient déjà procédé à une première hausse en début d’année, afin de l’échelonner. En pratique, sur la Côte d’Azur, le contrôle - obligatoir­e tous les quatre ans pour une voiture neuve, puis tous les deux ans - sera ainsi passé de 75 euros à près de 100 euros. Le coût de l’investisse­ment consenti.

Dernier sursis

Au-delà de ces ajustement­s tarifaires, c’est bien la peur de voir sa voiture « réformée », à force de coûts prohibitif­s, qui encourage les contrôles anticipés. La Golf 4 de Dan, Niçoise de 74 ans, n’est pas à l’abri. Sa voiture date de 1998. «Elle est très vieille. Je sais que les critères vont être plus difficiles... Voilà pourquoi tout le monde se précipite. Tout ce qui tend vers la sécurité routière est une bonne chose ! De vieilles voitures comme la mienne, il y en a moins aujourd’hui... » Jacques Seret acquiesce. Il sait que cette réforme va contribuer à assainir le réseau routier. « Je pense que, dans deux ans, nous ne reverrons pas la moitié des voitures que nous recevons actuelleme­nt». En attendant, il encourage les automobili­stes à vérifier avant toute chose leur éclairage, leurs pneumatiqu­es, les ceintures de sécurité ou encore les essuie-glaces, «afin de limiter les risques de contre-visite ». Dan, de son côté, a décidé d’offrir un dernier sursis à sa Golf. «Je n’ai pas envie de sortir de l’argent en ce moment... Là, j’en ai pour 800 euros, alors je continue encore. Mais à la prochaine grosse réparation, elle part à la casse ! »

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(Photo Franck Fernandes) « C’est le feu » chez Autovision Nice Gambetta, comme dans la cinquantai­ne de centres azuréens agréés.

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