Les dirigeants dans le collimateur d’un syndicat
Le syndicat HCRC-CGT et le comité d’entreprise de l’hôtel cannois ont intenté une action judiciaire contre les dirigeants, interrogeant sur le caractère réel de son déficit chronique
Le déficit chronique (1,5 M€ en 2016) de l’hôtel Carlton de Cannes pourtant fort d’un chiffre d’affaires de 55 M€, est-il au-dessus de tout soupçon? C’est la question que se posent le syndicat HCRC-CGT et le comité d’entreprise de la société SNC Carlton Danube Cannes depuis deux ans. Le 4 mai, au terme d’un long travail auprès de leurs conseils, ces deux instances ont intenté une action judiciaire à l’encontre des dirigeants et anciens dirigeants sociaux du groupe Carlton. Le but ?« Faire constater que l’organisation mise en place par ces derniers, avec le soutien des associés qataris, a eu pour objectif de minorer les résultats de la société d’exploitation et partant, d’entraîner une entrave à son fonctionnement et un préjudice important à l’égard des salariés» indique le communiqué de presse. Assurée depuis 2006 par le groupe Qatar Hospitality, la gestion du Carlton est organisée via deux sociétés appartenant à ce groupe: la Société des Hôtels Réunis (SHR), propriétaire des murs et du fond donne en location gérance à la SNC Danube, qui elle-même sous traite à Intercontinental, gestionnaire de l’établissement.
« Assécher les résultats »
« Ce que nous dénonçons est le coût excessif du loyer, des redevances et des honoraires groupes, explique Ange Romiti, secrétaire du syndicat HCR. Le rapport de notre expert démontre que les montants de la redevance et honoraires groupe ont eu pour effet “d’assécher” les résultats de la SNC, alors que les autres hôtels de la Croisette affichent des résultats positifs. » Le pavé dans la mare de l’optimisation fiscale est jeté. «L’assèchement des comptes de la SNC Carlton Danube qui sont chaque année re-crédités par la SHR, donne lieu à une optimisation fiscale qui avantage la société propriétaire qatari. » Alors qu’un chantier pharaonique de rénovation et d’agrandissement est en cours pour un montant prévu de 200 M€ avec construction de deux nouvelles ailes (37 suites et un centre de conférence), la situation inquiète. D’autant que « le propriétaire qatari a toujours refusé de s’engager par accord d’entreprise sur les garanties d’emplois et de salaires. La pérennité de l’hôtel est en jeu ».
Examiné le juillet
L’affaire est entre les mains du tribunal de commerce de Paris qui devra se prononcer pour savoir s’il y a ou non un acte anormal de gestion. L’audience a été reportée au 5 juillet prochain.