Terry Gilliam: «Merci Paulo »
Il va bien, merci. Après l’AVC et les déboires judiciaires qui risquaient de compromettre sa présence à Cannes, l’ex-Monty Python s’est montré radieux, hier, en accompagnant jusqu’aux marches du Palais le résultat d’une aventure à rebondissements. L’Homme qui tua Don Quichotte, en chantier depuis une vingtaine d’années, a donné l’occasion d’une belle clôture. Un peu plus tôt dans la journée, lors d’une conférence de presse joyeuse et délurée, Terry Gilliam, 77 ans, nu-pieds et chemise bariolée, avait fait tournoyer son écharpe en signe de victoire. Remerciant très ironiquement le producteur Paulo Branco, avec lequel il s’est fâché, pour toute la publicité que ce dernier lui aura faite. Après la « foire d’empoigne » qui n’a pas nui à la sortie de son film, d’ores et déjà disponible dans 225 salles en France, Gilliam a enterré la polémique, préférant se réjouir d’une sortie de crise. Après tout, il en a vu d’autres. « La nature peut avoir de l’humour », s’est amusé le réalisateur dont une tempête avait ruiné le tournage en 2000, avant que le projet ne soit compromis par la hernie discale de Jean Rochefort, puis par la disparition de John Hurt, successivement pressentis pour camper le fantasque Don Quichotte. C’est finalement Jonathan Pryce, déjà au générique de Brazil ,qui s’y colle brillamment, assisté par l’excellent Adam Driver en écuyer désabusé. À propos du premier : «Je ne pouvais pas l’éviter ; il sait où j’habite. » Sur le second : « Il ne coûtait pas cher… » Outre sa « p… d’énergie » décrite par Sergi Lopez, Olga Kurylenko a souligné la capacité de Terry Gilliam à rire de tout. « Quand je l’ai rencontré, je suis tombée amoureuse du personnage. Il est très, très honnête et pas prétentieux. C’est rare, dans notre profession. » Un seul regret pour Rossy de Palma, alias « La Picassa » : n’avoir pas réussi à obtenir du scénariste qu’il muscle un peu son rôle. « Tu m’invites à un repas et je n’ai droit qu’aux biscuits de l’apéritif ! » « C’était mal barré », admet Adam Driver. Qui dit s’être lancé sans réfléchir : «Il m’arrive de me poser des questions, mais plutôt sur la décadence du monde et sur ce que je fais sur cette planète ». Si l’on en croit Terry Gilliam, ça tombe bien : « Mes films ne décrivent que la réalité. »