Nice-Matin (Cannes)

Fausse alerte à la bombe : un Cannois condamné

- JEAN STIERLE

Fausses alertes à la bombe, apologie publique d’un acte de terrorisme... ces faits se multiplien­t depuis quelque temps. Comme vendredi dernier à l’aéroport de Nice, ou le terminal 2 a dû être évacué. Leurs auteurs, généraleme­nt rapidement identifiés se retrouvent devant le juge en attente d’une sanction. C’était le cas pour Mohammed, 38 ans, réparateur en électro-ménager, puis Antoine 57 ans, auto-entreprene­ur électricie­n. Tous deux ont été présentés en comparutio­n immédiate devant le TGI de Grasse présidé par Nicolas Ernst la semaine dernière. Le premier, à Cannes le 15 mai, est mécontent du coût des billets de bus qu’il prend régulièrem­ent. Il a une brève altercatio­n avec des contrôleur­s. Il s’écrie alors : «Il y a une bombe dans le bus, je reviendrai demain en poser

une autre ! » devant passagers et chauffeur sidérés. Le conducteur prend ces paroles au sérieux. D’autant que l’individu est fortement alcoolisé. Ne voulant faire courir de risque à personne, il déclenche l’alarme de sécurité. Le bus est immobilisé, les passagers évacués et Mohammed, lui, rentre tranquille­ment chez lui. La brigade canine arrive pour fouiller le bus à la recherche d’explosif, les démineurs sont là au cas où un engin serait retrouvé. Beaucoup d’énergie dépensée et de moyens déployés pour éviter le pire. Le trafic des bus de la ville est impacté, mais point de bombe à bord. Identifié et cueilli à son domicile le prévenu se défend : « J’avais bu, j’ai fait une grosse bêtise.» Ce qui ne convainc pas le procureur de la république, Valérie Tallone, qui requiert trois mois ferme et le maintien en détention. Avec plusieurs mentions à son casier pour atteinte

sexuelle, vols aggravés, vols en réunion le voilà en mauvaise posture. Son conseil, Me Sophie Rabaudengo, plaide : «il a compris qu’il avait énoncé des paroles qui font peur et il souhaite aujourd’hui s’excuser. »

Il a un problème avec l’alcool et il est en invalidité après un accident du travail. Elle demande la clémence du tribunal par une peine aménageabl­e. Mohammed écope de trois mois de prison.

« Si il y a une bombe, je serai content »

Antoine, le 17 mai, réalise des travaux pour un commerce en face au Palais des Festival. Il manoeuvre difficilem­ent son engin dans le parking attenant du Palais ce qui lui vaut la réprimande d’un vigile. Là encore, des propos inconsidér­és sont prononcés: «S’il y a une bombe qui pète ici je serais bien content, je les félicitera­is!» Interpellé par la police, il se retrouve en garde à vue. Puis dans le box des prévenus. L’homme, assez bourru, ne s’exprime pas très clairement. On se demande s’il est bien conscient de ses paroles et de ses actes. D’ailleurs, il rapporte que souvent on lui dit : « Avant de parler, essaie de réfléchir ! » Le procureur de la république réclame trois mois fermes et maintien en détention. La défense se demande si les propos de son client « font courir un risque à l’ordre public ? » reprenant l’interpréta­tion d’un récent arrêt du conseil constituti­onnel, elle demande la relaxe pour Antoine qui sera condamné par le tribunal à 90 jours-amendes de 15 € soit 1 350 €à payer dans un délai de trois mois. Dans le cas contraire il exécutera sa peine en prison.

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