Un crédit pour financer son bien
Avec l’allongement des durées de crédit, certains profils d’acquéreurs peuvent profiter de meilleures conditions d’achat
Si le marché est au beau fixe, tous les ménages ne sont pas logés à la même enseigne. Certains manquent encore de marge de manoeuvre, notamment à l’heure de la réduction des aides publiques à l’achat. En effet, avec la refonte du prêt à taux zéro (qui ne représente désormais plus que 20 % du crédit contre 40 % auparavant) qui engendre la mise en place d’un plafond fixé selon le lieu d’habitation et la composition du foyer, mais également la suppression de l’APL accession (156 euros par mois en moyenne versés aux ménages modestes qui souhaitent acheter un logement), il devient difficile d’être propriétaire avec des ressources moyennes. Un état de fait qui concerne tout particulièrement les primo accédants. Ainsi, pour faciliter leurs démarches, les banques proposent des durées de crédit plus longues (de trente ans, voire plus). Une variante aux modalités classiques qui n’existait plus sur le marché, et qui fait un retour en force pour motiver les intentions d’achat de ceux qui représentent désormais moins de 50 % des emprunteurs (contre 60 % l’an dernier).
Une opération avantageuse ?
Certes, l’offre est séduisante. Mais il y a toujours quelques inconvénients. Si les prêts à vingt-cinq ou trente ans permettent notamment d’alléger les mensualités, il ne faut pas oublier le surcoût et le rythme de remboursement du capital. Pour rappel, une fois le prêt débloqué par la banque, il faut commencer à rembourser chaque mois une partie du capital (amortissement du prêt immobilier). La somme due à l’échéance se compose de l’amortissement du capital emprunté et du montant des intérêts calculés sur le capital restant dû (s’y ajoute une cotisation d’assurance prêt immobilier si celle-ci a été souscrite auprès de la banque prêteuse). Dans le cas présent, du fait de l’allongement des mensualités et de taux plus élevés, le remboursement du capital est plus long. Un point à retenir puisque, dans la majorité des cas, les emprunteurs vont rarement au terme de leur prêt et engagent une revente. À titre d’exemple, comme l’illustre Meilleurtaux. com, avec un emprunt à 200 000 euros, si l’on choisit de revendre au bout de cinq ans, il restera 156 179 euros à rembourser avec un financement initial sur vingt ans. Si le prêt court sur trente ans, le capital restant dû sera de 175 464 euros. Et plus on avance dans le temps, plus l’écart se creuse : au bout de dix ans, on aura 108 478 euros à rembourser sur une durée de vingt ans contre 147 940 sur trente ans. La principale variable tient donc au fait de devoir revendre rapidement (séparation, décès, déménagement).
Avant de s’engager
La première question à se poser est évidemment : est-ce que c’est le moment ? Passer de la location à l’achat c’est s’engager financièrement et sur une longue durée, il faut donc avoir une situation professionnelle stable (sans volonté de vouloir changer d’emploi rapidement ou de lieu de vie), et rogner quelque peu sur d’autres dépenses (loisirs, habillement) pour se consacrer à l’investissement immobilier. Puis, de simples considérations de base (acheter pour investir, bâtir son chez soi ou à l’inverse, n’avoir que peu de responsabilités vis-à-vis du bien, liberté de partir, vivre dans un quartier souvent peu accessible en propriété, etc.) pèsent lourd dans la décision finale. Enfin, la situation économique générale du pays peut aussi impacter le choix d’investir ou non (croissance, plein emploi, fluctuation des taux). Dans tous les cas, comme pour toute décision, il n’y a jamais de « bon moment », il faut surtout peser le pour et le contre. La seconde question à ne pas négliger est : quelle est ma capacité d’emprunt ? Cette somme dépend des revenus, des charges, de l’apport personnel et des conditions de prêt. Il faut ajouter à ces caractéristiques d’autres éventuels moyens de financement (apport personnel et prêts aidés) et y retirer le montant des frais de notaire pour obtenir sa capacité d’achat. Cette somme n’est pas toujours évidente à déterminer et pour ce faire, il faut être accompagné : soit par son banquier, soit par un conseiller financier. •