Concorde : l’avion de tous les records
France 5 diffuse ce soir un documentaire inédit sur le supersonique qui ne vole plus depuis quinze ans
Quinze ans après son dernier vol de New York à Paris-Charlesde-Gaulle, le Concorde reste le supersonique de tous les records, de tous les fantasmes. Gérard Feldzer, spécialiste de l’aéronautique et ancien directeur du musée de l’Air et de l’espace au Bourget, se souvient.
Que ressentezvous à l’évocation du nom Concorde ?
Ça me replonge dans les années 60, une époque où nous étions dans la course à la vitesse, à la performance, une époque marquée par la collaboration francoanglaise, les programmes internationaux et la consommation. Concorde est une aventure humaine et scientifique qui s’est jouée en pleine Guerre froide, où les Américains, les Russes et les Français se livraient à une course supersonique acharnée pour conquérir le ciel. Le Concorde, pourtant réservé aux élites aussi bien de la politique, des affaires que du showbusiness, est devenu iconique.
Il n’était que pour l’élite ?
Forcément. C’était très cher et encore, son exploitation était déficitaire.
Peuton associer le Concorde à un pari fou ?
Fou sur un plan commercial, absolument. Le Concorde, c’est aussi une technologie de pointe. D’abord pour le mettre au point mais aussi pour développer d’autres projets industriels. On a inventé plein de choses, notamment la mise au point des commandes de vols numériques : on peut dire que cet avion a été un objet de recherche. Airbus n’aurait pas existé sans les recherches technologiques liées au programme Concorde.
Il a aussi été un enjeu
politique…
Bien sûr. À l’époque, il fallait que l’Europe se réveille par rapport aux Américains qui, eux aussi, pensaient à un avion supersonique. Le leur n’a jamais vu le jour. Toutefois, ils n’y ont pas complètement renoncé : des projets sont encore à l’étude sur un avion supersonique voire hypersonique.
Et côté Russes ?
Il y a eu le Tupolev Tu144 – nous l’appelions le « Concordsk » – qui semble avoir été copié en partie sur le Concorde.
Le 31 mai 2003 marque son dernier vol. Pourraitil être
encore exploité aujourd’hui ?
Forcément, non. Il a marqué son époque mais il ne faut pas oublier qu’il a été construit sans ordinateur, à la règle à calcul, que sa technologie est dépassée et son coût d’exploitation prohibitif : deux heures d’entretien pour une heure de vol et 10 tonnes de kérosène pour cent passagers. Un record absolu !
Concorde, le rêve supersonique à 20 h 55 sur France 5