Nice-Matin (Cannes)

Concorde : l’avion de tous les records

France 5 diffuse ce soir un documentai­re inédit sur le supersoniq­ue qui ne vole plus depuis quinze ans

- PROPOS RECUEILLIS PAR PATRICK CABANNES

Quinze ans après son dernier vol de New York à Paris-Charlesde-Gaulle, le Concorde reste le supersoniq­ue de tous les records, de tous les fantasmes. Gérard Feldzer, spécialist­e de l’aéronautiq­ue et ancien directeur du musée de l’Air et de l’espace au Bourget, se souvient.

Que ressentezv­ous à l’évocation du nom Concorde ?

Ça me replonge dans les années 60, une époque où nous étions dans la course à la vitesse, à la performanc­e, une époque marquée par la collaborat­ion francoangl­aise, les programmes internatio­naux et la consommati­on. Concorde est une aventure humaine et scientifiq­ue qui s’est jouée en pleine Guerre froide, où les Américains, les Russes et les Français se livraient à une course supersoniq­ue acharnée pour conquérir le ciel. Le Concorde, pourtant réservé aux élites aussi bien de la politique, des affaires que du showbusine­ss, est devenu iconique.

Il n’était que pour l’élite ?

Forcément. C’était très cher et encore, son exploitati­on était déficitair­e.

Peuton associer le Concorde à un pari fou ?

Fou sur un plan commercial, absolument. Le Concorde, c’est aussi une technologi­e de pointe. D’abord pour le mettre au point mais aussi pour développer d’autres projets industriel­s. On a inventé plein de choses, notamment la mise au point des commandes de vols numériques : on peut dire que cet avion a été un objet de recherche. Airbus n’aurait pas existé sans les recherches technologi­ques liées au programme Concorde.

Il a aussi été un enjeu

politique…

Bien sûr. À l’époque, il fallait que l’Europe se réveille par rapport aux Américains qui, eux aussi, pensaient à un avion supersoniq­ue. Le leur n’a jamais vu le jour. Toutefois, ils n’y ont pas complèteme­nt renoncé : des projets sont encore à l’étude sur un avion supersoniq­ue voire hypersoniq­ue.

Et côté Russes ?

Il y a eu le Tupolev Tu144 – nous l’appelions le « Concordsk » – qui semble avoir été copié en partie sur le Concorde.

Le 31 mai 2003 marque son dernier vol. Pourraitil être

encore exploité aujourd’hui ?

Forcément, non. Il a marqué son époque mais il ne faut pas oublier qu’il a été construit sans ordinateur, à la règle à calcul, que sa technologi­e est dépassée et son coût d’exploitati­on prohibitif : deux heures d’entretien pour une heure de vol et 10 tonnes de kérosène pour cent passagers. Un record absolu !

Concorde, le rêve supersoniq­ue à 20 h 55 sur France 5

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Concorde est une aventure humaine et scientifiq­ue qui s’est jouée en pleine Guerre froide. Airbus n’aurait pas existé sans les recherches technologi­ques liées à ce programme.

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