Nice-Matin (Cannes)

LUTTE « Ça m’enlève un poids »

Vice-champion d’Europe à Kaspiisk le 6 mai, le Niçois Zelim Khadjiev a décroché sa première médaille internatio­nale Seniors. Depuis, il a déjà enchaîné avec les Mondiaux militaires

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE­R ROUX

Il l’a fait. Après des années passées à courir derrière, Zelim Khadjiev s’est, enfin, octroyé la première médaille internatio­nale Seniors de sa carrière. A  ans, le Niçois est revenu des derniers championna­ts d’Europe de Kaspiisk (Russie) avec l’argent chez les  kg. Une performanc­e qui lui permet de chasser les démons du passé, apparus après les désillusio­ns des Jeux de Rio en  et des Mondiaux à Paris en . De Moscou, où il s’est envolé dans la foulée pour se classer e des Mondiaux militaires, l’Azuréen a partagé son bonheur. Cette breloque doit servir de déclic.

Zelim, cette médaille, c’est un soulagemen­t ?

Oui, je suis content. Ça faisait deux ans que je passais juste à côté. On me volait les matchs, je prenais des pénalités ou je me déconcentr­ais. Je faisais des erreurs à la fin des combats. Je manquais d’expérience ou de cardio. Là, maintenant, je l’ai. Ça m’enlève un poids. La première médaille, c’est toujours dur de l’avoir. J’ai attendu longtemps. Reste à cueillir les autres.

La gagner en Russie et au Daghestan, où vous êtes né, pour vous qui êtes d’origine tchétchène, c’est un sacré symbole…

C’est vrai. Ça m’apporte encore plus de plaisir. Gagner ma première médaille internatio­nale Seniors, en Russie, c’est marrant. J’en suis parti (à  ans, lorsque l’armée russe a envahi la Tchétchéni­e, ndlr) et je suis revenu pour être performant. J’ai montré que même en France, qui n’est pas un pays de lutte, on peut réussir. Beaucoup de gens me supportaie­nt quand j’entrais sur le tapis. J’entendais mon nom et ça m’a motivé pour m’arracher, me donner à fond et être le meilleur possible. Des proches étaient là, mes oncles, mes cousins. C’était la première fois qu’ils ne me voyaient pas lutter sur des vidéos mais en réalité.

Cette breloque vous permet de répondre, aussi, à ceux qui ne croyaient plus en vous après vos derniers échecs…

(Rire). Je ne m’en soucie pas. C’est vrai que ça parlait beaucoup mais un jour ou l’autre le travail paie.

Pensez-vous que votre départ du Lutte Club de Nice pour Saint-Yrieix (Haute-Vienne) l’an dernier vous a aidé ?

Ça a bien joué un rôle. Je n’avais plus à me poser des questions et à courir après l’argent (il estime que Nice l’a abandonné sur le plan financier, ce qu’a démenti Jean-Pierre Scarfone, président du LCL). J’ai désormais l’esprit apaisé. Et puis, à Saint-Yrieix, j’ai pu lutter contre des clients durant les France par équipes de D. En finale (le  décembre), par exemple, j’ai combattu le Russe Muslim Dadaev (battu -). Ça m’a donné beaucoup de confiance. Est-ce que je regrette d’avoir quitté Nice ? Non, je suis très bien à Saint-Yrieix (rire).

Sentez-vous que vous réduisez l’écart qui vous sépare encore des meilleurs ?

Je ne me sens pas très loin d’eux. Je suis juste là, à côté. En finale de ce Championna­t d’Europe, j’ai pris deux pénalités pour passivité. Mon adversaire (le Turc Soner Demirtas, triple champion d’Europe, ndlr) a tout bloqué. Je n’arrivais pas à attaquer, il n’a fait que défendre et aurait dû lui aussi être sanctionné. Il était favori, médaillé aux Jeux et aux Mondiaux. Ce n’était pas n’importe qui. Et les Turcs ont aussi une bonne relation avec les arbitres. Je me suis fait un peu avoir. J’ai quelques regrets. Je pouvais aussi gagner l’or. Tout ça confirme que je suis là et que j’ai le niveau. Comme ma e place que je viens d’obtenir aux Mondiaux militaires à Moscou (il fait partie du bataillon de Joinville et de son armée des champions). Je dois gagner en expérience et travailler de petits détails mais je suis capable de faire des podiums dans toutes les compétitio­ns.

Les Mondiaux, à Budapest (Hongrie) en octobre (du  au ), demanderon­t confirmati­on…

Bien sûr, je serai davantage attendu mais je m’en fous. Je ne me pose pas cette question. Précédemme­nt, je l’étais déjà de toute façon. Tout le monde savait que j’étais très explosif et qu’il fallait faire attention.

 ??  ?? Khadjiev, arrivé en France à l’âge de  ans pour fuir la guerre frappant la Tchétchéni­e où il a grandi, rêvait de rendre à sa terre d’adoption ce qu’elle lui a donné. (Photos DR)
Khadjiev, arrivé en France à l’âge de  ans pour fuir la guerre frappant la Tchétchéni­e où il a grandi, rêvait de rendre à sa terre d’adoption ce qu’elle lui a donné. (Photos DR)
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