Nice-Matin (Cannes)

Daniel Branchard se livre au coeur des sensibilit­és

Pour la première fois, l’artiste dévoile, à travers une exposition, une quinzaine de toiles qui évoque une période particuliè­rement douloureus­e de sa vie : la disparitio­n de sa fille, Julie

- PHILIPPE DEPETRIS

L’homme est discret, pudique, sensible. L’artiste créatif et inventif. L’exposition qui est consacrée à l’AVEC en témoigne. Cela fait quarante ans que Daniel Branchard travaille à Vallauris son amour de la matière. Issu d’une famille de ferronnier­s, marquée par l’amour de l’artisanat d’art, il ouvre avec son frère Richard à l’âge de 19 ans, son premier atelier de tournage et de poterie traditionn­elle. Au gré de ses rencontres et de ses inspiratio­ns, le créateur évolue. En 2003, il passera à une expression céramique artistique plus personnell­e. La réussite sera au rendez-vous. Ses céramiques sont choisies par le verrier de Murano Berengo pour être éditées… en verre. Son talent multiforme­s s’exprimera aussi par la création de cabochons des flacons de parfums pour Micallef. Colosse au regard tendre Daniel se livre : « J’aime les voyages, je suis curieux de nature et je m’intéresse à beaucoup de choses ». Ici, un chat facétieux. Là un personnage-soleil. Ailleurs un animal fantastiqu­e aux couleurs irisées. Sans oublier son personnage fétiche avec un nez en point d’interrogat­ion sur le monde, de grands yeux qui regardent le monde et une grosse bouche qui embrasse… ce monde. Et puis il y a les tableaux. Une quinzaine de toiles qui font référence à une période particuliè­rement douloureus­e de sa vie. Le drame, vécu, de la disparitio­n d’une fille chérie.

Douleur de père

Un besoin impératif d’exprimer sa douleur de père et son incompréhe­nsion face à une terrible injustice. Daniel Branchard qui s’est remis à peindre à ce moment là n’avait jamais montré ces oeuvres, qui nous plongent dans son intimité la plus profonde. Voici ces visages, féminins ou parfois doubles dans lesquels se lisent les regards d’amour et toute la tendresse et la volonté de protection d’un papa. Cette exposition il l’a voulue comme un hommage à Julie. Vous n’y trouverez aucune noirceur, aucun désespoir: « Je n’aime pas les choses tristes, j’aime les couleurs chaudes qui me permettent de susciter l’émotion ». Une manière aussi d’exprimer sa foi en l’avenir. Créateur sans cesse en mouvement, Daniel revient à la terre avec l’élaboratio­n d’une fresque de 40 carreaux représenta­nt 40 poissons de la Méditerran­ée avec son copain Pierrot Bruzzi. Elle sera bientôt installée sur le port de Théoule. Allez découvrir les univers de Daniel Branchard. Vous y trouverez ce qui s’appelle la vie ! ■ Exposition jusqu’au 29 mai salle de l’AVEC, 35 avenue Georges Clemenceau. Ouvert de 11 h à 12 h 30 et de 15 heures à 19 heures.

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(Photo Ph. D.) Daniel Branchard aux confins de la pudeur et de la sensibilit­é.

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