Nice-Matin (Cannes)

Ne m’appelez plus “Le Pen” sur les réseaux sociaux

Sur Facebook et Twitter, l’ancienne députée du Front national du Vaucluse a délaissé le nom de sa tante pour se renommer simplement « Marion Maréchal »

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L’ex-députée FN Marion Maréchal a répondu à deux interviews hier, pour la première fois depuis son retrait de la vie politique il y a un an, affirmant n’avoir pas « honte » du nom Le Pen qu’elle a effacé des réseaux sociaux, et présentant l’école qu’elle vient de lancer comme le fer de lance d’un combat « métapoliti­que ». L’abandon du nom de sa mère Yann sur ses comptes Facebook et Twitter la semaine dernière est «une manière, surtout, d’acter [son] passage à la vie civile. Je n’ai jamais eu et n’aurai jamais honte de mon nom », affirme l’ancienne élue de 28 ans sur le site classé très à droite Boulevard Voltaire. « L’adossement du nom de ma mère, Le Pen, avait clairement un objectif en 2012 : laver l’honneur de ce nom à Carpentras, vingt ans après la terrible affaire qui l’avait souillé », poursuit la petite-fille du cofondateu­r du FN, Jean-Marie Le Pen. Un cimetière juif avait été profané à Carpentras en 1990 par des néonazis. « Je pense avoir mené cette mission avec succès par mon élection. Je n’ai plus de raison de garder, aujourd’hui, mon nom “politique” », ajoute-t-elle.

« J’ai l’habitude d’être abandonné »

Une décision qui n’a ni choqué ni troublé son grand-père : « Marion pense peut-être que mon nom est trop lourd à porter », a déclaré Jean-Marie Le Pen, dont le nom est étroitemen­t associé au parti du FN qu’il a cofondé en 1972, puis dirigé pendant près de 40 ans, avant d’en être exclu en 2015 à la suite de ses propos répétés sur la Shoah. « J’ai l’habitude d’être abandonné », poursuit l’ancien candidat à la présidenti­elle de 1974, 1988, 1995, 2002 et 2007. Marion Maréchal, qui vient de lancer une école où les intervenan­ts proviennen­t de divers courants de l’extrême droite, défend un « combat culturel et métapoliti­que » car « transmettr­e les valeurs civilisati­onnelles » ne peut pas se faire « uniquement par le biais électoral », même si le combat électoral peut en être la « finalité », dit-elle sur TLM Lyon. La directrice générale de l’Institut de sciences sociales, économique­s et politiques (Issep), qui doit ouvrir en septembre à Lyon, veut proposer une « offre alternativ­e aux écoles qui sont aujourd’hui en charge de former les grandes élites françaises », dont les formations sont des « vecteurs des grands poncifs de notre temps sur la mondialisa­tion, l’inutilité des frontières, le profit comme seule valeur ». Celle qui défend « l’union des droites » admet que « quelques membres » de l’école sont « issus des rangs du FN » mais souligne qu’il « n’y a pas de raison de les exclure » tout comme « des gens qui auraient pu s’investir à LR, à DLF [Debout la France, présidé par Nicolas Dupont-Aignan, ndlr], au PCD [parti chrétien démocrate, fondé par Christine Boutin, ndlr], ou autre ». Si le président de LR Laurent Wauquiez souhaitait y donner des cours, cela ne lui poserait « aucun problème ». Marion Maréchal, qui est toujours adhérente du FN, ne veut pas faire « une école pour [ses] idées », rappelant que « quand on est dans le combat électoral, on est dans un parti politique, qui a une doctrine, une hiérarchie ». « On n’est pas là pour remplacer un sectarisme par un autre ou un intégrisme par un autre, bien au contraire. L’idée c’est d’être une bouffée d’air intellectu­elle dans le monde universita­ire. »

En partenaria­t avec une école américaine

Estimant que « la mondialisa­tion n’est pas une option », elle veut développer la « dimension internatio­nale » et travaille à un partenaria­t avec une école américaine. La militante nationalis­te a précisé que son école n’accepterai­t « pas les dons étrangers » mais pourrait accueillir des étudiants étrangers. « Attachée au principe de laïcité », elle juge « peu probable » que son école accueille des étudiantes voilées. Marion Maréchal, qui a quitté la politique après l’échec de sa tante Marine Le Pen à la présidenti­elle, n’exclut pas d’y revenir, mais pas pour les européenne­s. « Si un jour j’ai le sentiment que je peux être vraiment utile, que j’ai la légitimité pour partir, pourquoi pas », déclare-t-elle. L’ancienne élue, toujours très populaire au FN, prévient toutefois que « c’est un peu hasardeux » de «se projeter excessivem­ent sur telle ou telle personne ». L’ancien président d’honneur du FN, JeanMarie Le Pen, a perdu, hier, le procès pour injure intenté à l’ancien ministre de l’intérieur socialiste (-) Bruno Le Roux, qui avait affirmé en  que « la gégène [la torture, ndlr], c’est dans les gènes des Le Pen ». Des articles de presse versés aux débats par Bruno Le Roux « démontrent que ces propos s’inscrivent dans le cadre d’une série de déclaratio­ns anciennes faites par Jean-Marie Le Pen sur la légitimati­on du recours à la torture pendant la guerre d’Algérie, bien qu’il ait toujours nié y avoir recouru lui-même », note le TGI de Paris. Les propos de Bruno Le Roux «nesontni outrageant­s ni méprisants à son endroit mais constituen­t un simple commentair­e sur les idées politiques qu’il défend et que sa fille, Marine Le Pen, est susceptibl­e de défendre, partageant, pour Bruno Le Roux, des traits de caractères communs avec son père », estiment les magistrats. Il s’agit selon les juges d’une « appréhensi­on subjective et métaphoriq­ue » ,la « gégène » – argot militaire désignant « un générateur électrique portatif qui fut utilisé comme instrument de torture au moyen de l’électricit­é » – étant pour Bruno Le Roux « l’allégorie de la torture, du courant idéologiqu­e dans lequel est supposée s’inscrire Marine Le Pen ».

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N’étant plus une femme politique, Marion Maréchal fait valoir son droit à une sorte d’anonymat en revenant à son nom d’état civil. (Photo AFP)

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