Nice-Matin (Cannes)

«Une propositio­n avant le bac pour  candidats sur »

La ministre de l’Enseigneme­nt supérieur, Frédérique Vidal, est l’invitée d’«On n’est pas couché», ce soir sur France 2. Parcoursup, «fake news», voile à la fac, polémique à Valrose: elle répond

- PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANIE GASIGLIA

L’exercice n’est pas évident. Surtout en pleine tempête médiatique. Frédéric Vidal, la ministre de l’Enseigneme­nt supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, ancienne présidente de l’université Nice-Sophia Antipolis de 2012 à 2017, est l’invitée politique, ce soir, à partie de 23 h 30, de la bande à Ruquier dans «On n’est pas couché» sur France 2. Une émission devenue culte, souvent raide pour les invités, produite par la Niçoise Catherine Barma et dont le rédacteur en chef politique est un autre Niçois, Christophe Kulikowski… Frédérique Vidal sur le gril, donc, ce soir… C’est elle qui porte sur ses épaules la loi «Orientatio­n et réussite des étudiants », ce texte qui modifie l’accès aux études supérieure­s des étudiants. Son baptême du feu – et quel feu! Sa première épreuve politique. Et un mot dans toutes les bouches : Parcoursup.

Où en est-on de Parcoursup ? Combien de candidats ont eu une réponse positive ?

Le lancement de Parcoursup s’est déroulé selon nos prévisions. Nous prévoyions qu’un peu de plus d’un candidat sur deux ait au moins une propositio­n dès le  mai. C’est ce qu’il s’est passé. Et les choses évoluent très rapidement : rien que dans la nuit du  au  mai, plus de   nouvelles propositio­ns ont été envoyées aux candidats. C’est le même ordre de grandeur chaque jour depuis le  mai. Cela va continuer ainsi dans les prochains jours, et mon engagement est clair : plus des deux tiers des candidats auront au moins une propositio­n avant le début des épreuves du baccalauré­at, et ce sera le cas de tous les élèves qui veulent poursuivre des études à la rentrée.

Et pour ceux qui n’ont toujours pas de réponse positive avant les épreuves du bac ?

Je comprends les inquiétude­s de certains candidats qui attendent de recevoir une réponse ; le système est nouveau, très différent d’APB, et il faut continuer à expliquer son fonctionne­ment. Parcoursup fonctionne de façon continue et évolutive : lorsqu’un candidat fait un choix entre plusieurs propositio­ns, il libère des places pour les autres candidats. Il est donc normal qu’une partie d’entre eux ait pour l’instant des voeux en attente : leur situation va évoluer rapidement. C’est grâce à ce système que nous permettron­s à chaque lycéen de choisir la formation qui l’intéresse réellement. L’an dernier, sur APB, seules  % des propositio­ns faites par l’algorithme avaient finalement été acceptées. Quel regard sur les qui circulent à ce sujet ? Il me semble effectivem­ent important de faire le point, car on a vu ces derniers jours de nombreuses fausses informatio­ns circuler, notamment sur les réseaux sociaux. Des chiffres exponentie­ls de classement sur liste d’attente par exemple : il s’agissait de montages photo, leurs auteurs l’ont dit eux-mêmes.

fake news

On a aussi blâmé Parcoursup qui aurait empêché certains lycéens d’accéder à la filière sélective de leur choix : la réforme n’a rien changé pour les formations sélectives, et la réponse des formations en question aurait certaineme­nt été similaire avec n’importe quel système d’affectatio­n. Enfin, une filière non sélective ne peut pas répondre « non » à un candidat. Les candidats qui ont été refusés en licence l’ont été parce qu’ils ont demandé l’une des  filières universita­ires sélectives qui existent depuis de nombreuses années. Cela leur a été évidemment indiqué par la plateforme à chaque étape de leur inscriptio­n.

Les candidats qui n’ont pas reçu de propositio­n pourront être pris en charge ?

Oui. Après l’échec d’APB l’an dernier, j’ai voulu que nous cessions de considérer qu’une machine pouvait suffire à accompagne­r les jeunes vers l’enseigneme­nt supérieur. La nouvelle procédure est beaucoup plus humaine. Outre l’investisse­ment important qui a été fait pour renforcer l’orientatio­n et l’accompagne­ment au lycée, j’ai demandé à toutes les académies de mettre en place une commission pilotée par les recteurs dès le  mai. Son rôle : accompagne­r les candidats qui n’ont demandé que des filières sélectives et qui sont refusés partout (environ   chaque année). Ces candidats peuvent saisir cette commission via la plateforme Parcoursup. Et cette commission leur fera des propositio­ns d’affectatio­n au plus proche de leurs souhaits initiaux. Je voudrais également rappeler que pour toutes les questions qui se posent sur cette nouvelle procédure, une réponse peut être apportée par les équipes de Parcoursup : la rubrique contact du dossier Parcoursup, le numéro vert (...), les réseaux sociaux (@parcoursup_info), les professeur­s principaux, les conseiller­s d’orientatio­n, les rectorats… Tout le monde est mobilisé pour faire en sorte que chacun trouve sa place à la rentrée.

Le député Eric Ciotti a déposé, pour la deuxième fois, une propositio­n de loi pour interdire le voile à l’université. Votre sentiment ?

Que les étudiantes, qui sont majeures, souhaitent porter le voile sur leur lieu d’étude, c’est leur droit le plus strict. Mais ce sujet a été fortement médiatisé ces derniers jours pour une autre raison : l’une des dirigeante­s de l’Unef a été interviewé­e voilée. Le sujet de fond est donc ailleurs, et la question à poser est plutôt celle-ci : l’Unef est-elle consciente et maîtrise-t-elle le message qu’elle envoie aujourd’hui ? C’est au syndicat d’y répondre.

Quel est votre sentiment sur la polémique qui agite le campus des sciences Valrose à Nice ? Le président de l’université Côte d’Azur, Jean-Marc Gambaudo, qui menace un manifestan­t ; ledit manifestan­t mis en examen pour violences volontaire­s en réunion…

Je condamne toutes les violences, physiques ou verbales. Elles ne sont jamais acceptable­s, d’où qu’elles viennent, et il ne faut jamais céder à la provocatio­n. Mais je refuse que l’on mette sur le même plan des individus ou des groupes violents, qui en l’espèce, ont forcé l’entrée de l’université, qui ont blessé des agents et qui font désormais l’objet de poursuites judiciaire­s, avec un président d’université qui, usé par ce qu’il a à gérer depuis plusieurs semaines, finit par perdre son sang-froid. Cela n’est juste pas comparable.

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(Photo Mesri)

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