« La justice ce n’est ni Facebook ni Twitter »
Me Philippe Soussi avec Me Christian Scolari et Me Mathurin Lauze, soutiendra les intérêts de la famille Asli en tant que partie civile.
Qu’attendent les proches d’Antony Asli du procès ?
La justice, toute la justice, rien que la justice. Ils viennent sans esprit de vengeance. On ne se résout pas à un éventuel acquittement. Ils attendent une déclaration de culpabilité pas une peine de prison. Le quantum de la peine, lui, relève du ministère public.
La défense de M. Turk critique une instruction à charge.
C’est une ineptie. Je ne m’exprimerai pas sur le fond du dossier. Mais depuis le début de cette affaire, les magistrats ont écarté sans ambiguïté la légitime défense. À l’issue de plusieurs années d’enquête, les magistrats ont confirmé cette analyse et considéré qu’il y avait des charges suffisantes pour renvoyer M. Turk du chef de meurtre. On parle de trois tirs successifs à faible distance sur une personne qui prend la fuite. Dans une société civilisée, il n’y a pas de place pour l’autodéfense.
L’opinion publique, certains élus locaux, ont apporté leur soutien à M. Turk. Est-ce un handicap pour vous ?
Je n’ai pas oublié le climat nauséabond et parfois effrayant qui entourait cette affaire. Place du palais de justice, pendant que M. Turk était déféré, des manifestants criaient : « Non à la racaille, oui à la mitraille. » il y a eu un déchaînement de passions sur les réseaux sociaux d’une violence et d’une ampleur sans précédent. Avec des commentaires qui témoignaient d’une vision moyenâgeuse de la justice. Un mélange de Far West et de loi du talion. Je n’ai pas non plus oublié un mis en examen qui, après avoir refusé de s’exprimer lors de l’interrogatoire de première comparution, s’est vautré dans la presse, réservant ses déclarations à une grande radio, insultant le père d’Antony Asli alors que le jeune homme n’était pas encore inhumé. M. Asli a été le premier à condamner les agissements de son fils. Mais il a surtout demandé à M. Turk de se taire, de respecter son fils mort.
Vous contestez la possibilité d’une défense légitime du bijoutier ?
C’est un contre-exemple absolu de légitime défense. La justice ce n’est ni Facebook ni Twitter ni l’opinion publique. Ça ne donne aucune légitimité à un justicier autoproclamé. Dans un Etat de droit, placer le curseur de la légitime défense sur les peurs de nos concitoyens est une pure folie.
L’enregistrement vidéo du braquage montre une scène d’une extrême violence.
Certes. Mais on voit aussi un homme calme, déterminé quand il prend le pistolet et s’agenouille pour tirer sur deux jeunes qui prennent la fuite.