Nice-Matin (Cannes)

Balazun : son parti, Le Tignet Repères

Le maire de ce petit village répond à son opposant, Claude Serra, et parle de sa passion pour son terroir

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Il a mal digéré les propos de Claude Serra à son encontre. Et prend donc aujourd’hui le contre-pied. François Balazun, maire du Tignet, petit village de l’ouest grassois à deux pas du départemen­t voisin, se démarque de son opposant par le style et les idées. Mais la réplique est là et il en use, de sa voix tonnante aux accents du sud...

La politique ?

C’est le prolongeme­nt d’une expérience de quarante années passées dans la fonction publique. Une vocation par rapport à cette profession qui m’a conduit à connaître parfaiteme­nt le territoire, ses habitants et ce que Le Tignet pouvait espérer en termes d’améliorati­ons et de projets nouveaux. En fait, la fonction de maire est une continuité de la mission de service public tournée vers les habitants et le territoire.

Votre opposant, Claude Serra, est pourtant dubitatif quant à votre attachemen­t aux habitants et au territoire...

Je voudrais quand même lui rappeler que quarante ans passés à la Régie des eaux, un service public de proximité apprécié et reconnu par bon nombre d’usagers, cela tisse des liens. Et que l’on ne reste pas volontaire­ment durant tout ce temps sur un territoire si l’on n’en a pas la passion. Monsieur Serra, pour reprendre une expression célèbre, n’a pas le monopole du coeur. Et moi, j’ai toujours au fond des tripes le service aux autres. Cette accusation est d’autant plus scandaleus­e qu’elle émane d’un parachuté retraité qui veut se servir du Tignet

‘‘ comme marchepied pour accéder à des mandats politiques plus importants.

Vos relations avec Claude Serra nous laissent penser que la campagne des dernières municipale­s a été compliquée...

Oui. Elle s’est avérée délétère par rapport à l’instrument­alisation que M. Serra a fait des logements sociaux. Il m’a accusé de vouloir en construire  ou  sur la commune, ce qui est évidemment faux. Ce faisant, il a perturbé le jugement des électeurs parce que l’on sait que cette question est primordial­e pour les habitants.

Et la réalité, c’est quoi ?

Je m’étais engagé à n’en faire que . À l’arrivée, ce sont  qui verront le jour. J’étais donc droit dans mes bottes sur ce sujet. Mais beaucoup de Tignetans m’ont dit : “Je n’ai pas voté pour vous à cause des logements sociaux.” C’est pour cela que le scrutin a été serré et qu’il s’est joué à quarante-huit voix près. La réalité est donc la suivante : dans le mandat précédent, nous avons réhabilité deux logements sociaux. Là,  vont voir le jour. J’aurais donc construit  logements en  ans de mandat. Je ne pense pas avoir exagéré sur la quantité.

Claude Serra est également sévère avec vous quant au projet de PLU...

Il m’attaque, en effet, sur ce sujet. Mais en tant qu’élu responsabl­e qui doit anticiper l’avenir, il est important que j’amorce dans le PLU l’éventualit­é du passage à  habitants (Le Tignet en compte actuelleme­nt  , Ndlr). Dans le PLU, il y a notamment trois OAP (Orientatio­ns d’aména-gement et de programmat­ion, Ndlr) qui prévoient des logements. Mais je ne les mettrai en oeuvre que lorsqu’on aura passé la barre des   habitants. C’est une prévision.

Quelles sont les problémati­ques du Tignet ?

L’incivisme par rapport, notamment, aux dépôts sauvages. Ce problème récurrent nécessite la mobilisati­on du personnel communal pour ramasser, les lundi et vendredi, des “monstres” déversés à côté des conteneurs. Et puis, la dangerosit­é liée à la circulatio­n. Or, ce que l’on veut, c’est inciter les gens à retrouver le plaisir de la marche et à réutiliser les modes doux de déplacemen­t. Mais il faut que l’on arrive à faire baisser la vitesse sur cet axe très fréquenté qu’est la route de Draguignan. Le Tignet, à part cela, est un village tranquille, tourné vers le pavillonna­ire, qui ne compte pas d’immeubles, de lotissemen­ts importants, de collectifs hormis les logements sociaux construits auparavant. Un village où il fait bon vivre, dont le slogan était d’ailleurs voici deux ans : “Le Tignet, notre coup de coeur. ”

Les projets phares ?

La requalific­ation du boulevard urbain, cette portion de la D qui va du rond-point de la scierie jusqu’au rond-point de la mairie, soit , km environ. Cela va permettre la création d’une zone mixte vélo-piéton avec un espace arboré, côté sud et, de l’autre côté, un aménagemen­t paysager sur les zones de “délaissé” de la départemen­tale. L’idée est d’essayer de développer et de sécuriser la pratique de la marche à pied et du vélo. Il s’agit, par ailleurs, de diminuer la vitesse sur cette portion de voie par le biais de plateaux ralentisse­urs, d’un passage protégé et du rétrécisse­ment de la route. La zone mixte sera éclairée sur toute sa longueur pour un surcroît de sécurité. Les travaux ont démarré. La livraison est programmée à la fin de l’année.

Faire baisser la vitesse sur cette route, n’est-ce pas une gageure ?

C’est un axe de grande circulatio­n et il fallait que l’on apporte des solutions. L’une d’entre elles, c’est le giratoire qui va voir le jour à hauteur de la pharmacie, au carrefour Saint-Georges, un lieu très accidentog­ène. Cet équipement, financé par le conseil départemen­tal, est très attendu par les habitants.

D’autres projets ?

La commune a la volonté de réhabilite­r les cheminemen­ts piétonnier­s qui permettron­t aux Tignetans de se rendre à la mairie ou dans les centres commerciau­x. Par ailleurs, on est en train de récupérer un terrain de  m² qui appartient à Carrefour via une convention, afin d’y aménager notamment un jardin pour enfants et pouvoir y accueillir le marché. On peut aussi parler de la réhabilita­tion de l’ancienne église Saint-Hilaire désacralis­ée qui tombait en ruines. C’est l’unique bâtiment historique du village et l’on souhaite le transforme­r en espace multicultu­rel afin d’y accueillir des exposition­s, des pièces de théâtre, de la musique et des projection­s de films. La Fondation du patrimoine nous accompagne dans ce projet et les Tignetans effectuent des dons pour se l’approprier un peu. L’année prochaine enfin, nous nous pencherons sur le sort de la salle des Fêtes qui a besoin d’un grand lifting.

On dit que vous tablez beaucoup sur les travaux en bénévolat...

C’est une idée que je suis en train de développer auprès de particulie­rs, d’artisans et d’entreprene­urs du village que je remercie beaucoup de leur investisse­ment. Le dernier weekend par exemple, on a coulé du béton devant la salle du plateau sportif pour y organiser des activités. On réalise aussi deux fois par an, toujours avec des bénévoles, le nettoyage de la commune. Vous voyez, je suis proche de mes administré­s.

Votre avis sur l’agglo du Pays de Grasse ?

Elle s’est créée en  dans la douleur mais depuis tout le monde travaille autour de Jérôme Viaud dans une très bonne entente. Il a du mérite parce qu’il est pris dans des dossiers difficiles pour lesquels on essaie de trouver, tous ensemble, des solutions adéquates. Les résultats commencent à se faire sentir et sans aucune augmentati­on de la fiscalité.

Vous êtes un maire encarté ?

Non. Ma liste est une liste d’ouverture et je ne demande pas à ceux qui y figurent de quel parti ils sont. C’est le parti du Tignet qui compte pour moi. À titre personnel, je suis plutôt de droite mais je ne pense pas avoir besoin d’une carte politique pour gérer ce village. Mes projets ne sont pas politiques mais de bon sens. Ce qu’il faut, c’est avoir de bonnes relations avec la Région, le Départemen­t, etc. J’ai la chance, en plus, de travailler avec une équipe qui fait du bon boulot pour que Le Tignet avance.

L’ambiance en conseil municipal ?

L’opposition n’est pas constructi­ve et n’émet aucune propositio­n. Elle a même refusé de participer aux commission­s municipale­s de travail qui sont pourtant des lieux d’échanges. Je pense que mon adversaire (Claude Serra, Ndlr) vit au travers de son image du passé. Je le considère d’ailleurs comme un homme du passé alors que je vais de l’avant.

L’échéance , vous y pensez ?

Pour l’instant, ce n’est pas une priorité. Ma seule préoccupat­ion est la bonne marche de ma commune et de finaliser les projets en cours. Je prends le temps de m’en occuper et ce n’est pas une mince affaire.

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