Les grévistes cassent les prix
Hier, après avoir voté la reconduction du mouvement pour ce week-end, les cheminots azuréens ont appelé les agents à pratiquer 90 % de réduction pour tout usager jusqu’à samedi
Les cheminots azuréens, en grève hier, ont voté la reconduction du mouvement pour ce weekend. Sur 119 votants, 114 ont voté pour, soit une écrasante majorité. Mais l’action coup-de-poing qui pourrait être la plus spectaculaire a été annoncée par Michaël Albin, représentant de la CGT cheminots des Alpes-Maritimes : 90 % de réduction sur les billets de train dès aujourd’hui et jusqu’à samedi sur le réseau ferré de la Côte d’Azur ! « Dans les jours qui viennent, il faut que le train ne soit pas cher du tout, a estimé le syndicaliste, avant de poursuivre : nous demandons donc aux agents de vente une grande mansuétude, en appliquant le tarif “Solidarité” pour tous les usagers, soit 90 % de réduction… » Une mesure applaudie par les près de 130 cheminots réunis hier matin en assemblée générale intersyndicale CGT, Unsa, Sud et CFDT, sur le parvis de la gare Thiers à Nice. Car, en leur 24e jour de grève, s’ils étaient, selon la CGT, 40 % de grévistes dans les Alpes-Maritimes hier, certains étaient à bout, avec des bulletins de paie largement amputés. Et la plupart d’entre-eux étaient échaudés aussi par la persistance de blocages dans les négociations qui menacent leurs acquis. D’où une volonté de durcir le mouvement. Par cette action, mais aussi en destituant symboliquement le directeur d’établissement de la SNCF (lire ci-contre).
«Une provocation… »
Mais le tarif « Solidarité » n’a pas tardé à faire réagir dans l’encadrement de la SNCF. Sollicité, Jean-François Trestard, secrétaire général SNCF Mobilités en Paca, a ainsi trouvé « très surprenant qu’un syndicat appelle à la mise en pratique d’une telle réduction. De quel droit ? Un tel billet à prix aussi réduit doit être accompagné d’un justificatif. » Car ce tarif de solidarité, donnant lieu à 90 % de réduction, existe bien pour les détenteurs de la carte Zou ! Mais cette dernière n’est délivrée que sur des critères très stricts, notamment de conditions de ressources. « L’usager à qui on aurait vendu ce type de billet, qui n’aurait pas de justificatif, de carte Zou !, serait considéré comme un contrevenant », avertit Jean-François Trestard, avant d’ajouter : « Le vendeur, s’il se hasardait à pratiquer ce type de réduction, s’exposerait à des sanctions. À l’appel d’un syndicat, comme ça, c’est très grave. » Et de conclure : « Je pense, de plus, que notre autorité organisatrice, le conseil régional, qui finance les tarifs dits de solidarité de la carte Zou !, ne serait pas très satisfaite de telles pratiques… » Pour lui, « c’est une provocation, c’est assez maladroit, surtout vis-à-vis des usagers qui pourraient se laisser berner… Et à qui ça pourrait coûter une amende. » Un risque, sauf si les contrôleurs sont eux aussi solidaires…