Nice-Matin (Cannes)

Bienvenue chez Margot!

La voie de désenclave­ment des Adrets porte désormais un nom : « Rue Marguerite-Raineri ». En souvenir d’une époque où « Margot » et son café étaient le coeur battant du quartier de la gare

- PASCAL FIANDINO pfiandino@nicematin.fr

Elle n’avait pas besoin de ça pour laisser son empreinte sur le quartier de la gare. Mais, désormais, celleci demeurera, indélébile. Mardi, riverains et habitants du secteur étaient réunis sur feu la voie de désenclave­ment des Adrets, autour des élus, menés par le maire, Jérôme Viaud. Un cortège d’une cinquantai­ne de personnes qui, avant de se rendre sur le site du futur jardin partagé du quartier SaintClaud­e pour un point étape, a assisté au dévoilemen­t de la plaque « Rue Marguerite-Raineri ». Une intronisat­ion qui a suscité quelques interrogat­ions dans l’assistance – « C’est qui ? », «Je ne la connais pas...» Les plus anciens, eux, savent qui était Marguerite Raineri. Ou « Margot », comme tout le monde l’appelait du temps du café-restaurant de la gare PLM, qu’elle a dirigé de main de maître, avec son mari, Alexandre, de 1920 à 1967.

« Une femme extraordin­aire »

« Quand on donne un nom à une rue, ce n’est pas anodin, assure le premier magistrat. Chaque lieu, placette, chaque calade raconte une histoire. » Cette histoire-là s’est déroulée au temps des ouvriers des parfumerie­s, Une parenthèse remplie d’émotion s’est ouverte dans l’après-midi de mercredi dans les jardins de la société Expression­s Parfumées, chemin SaintMarc. Le fondateur de la des employés de la gare. Des chasseurs alpins, des routiers et des camionneur­s. Au temps des bals, où tous se retrouvaie­nt, enivrés par les notes du piano mécanique. La fameuse viole, aujourd’hui exposée au musée d’art et d’histoire société, Jacques Lions, a réuni une partie de ses salariés pour leur remettre une médaille du travail pour leurs nombreuses années passées (parfois plus de 30 ans) dans cette de Provence. Tout un monde, dont Marguerite Raineri était le personnage central. Si bien que les habitués finirent par rebaptiser l’établissem­ent « Chez Margot. » Une époque que Danielle « Nani » Roudière, sa petite-fille, jeune entreprise. « Cette cérémonie me tenait à coeur, a exprimé Jacques Lions. L’histoire d’Expression­s Parfumées est belle car vous y avez tous participé. Depuis la création, il y a 36 ans, j’ai (e présente lors de l’inaugurati­on, n’a pas oublié : «Ah, quand je pense à ces années... On en a fait, des bêtises, livre-t-elle, sourire ému. On venait vu passer beaucoup de salariés et très peu sont allés travailler ailleurs. Je suis fière de former une équipe avec vous. » Jacques Lions a ensuite remis les 23 médailles, jouer aux boules, danser, manger le pan-bagnat le dimanche. C’était un quartier très vivant, entre la gare, les parfumeurs, les casernes Kellerman, SaintClaud­e... Et ma grand-mère en est le coeur. Toute sa vie, elle a été une femme de caractère, exceptionn­elle. A l’écoute des jeunes et des vieux, qui lui racontaien­t tout, même les choses les plus intimes. » Alors, pour elle, cette rue, c’est comme un juste retour des choses. « C’est mérité, elle a fait vivre le quartier pendant 50 ans. Voilà, c’est juste pour elle, pour qu’on ne l’oublie pas. » C’est, désormais, gravé dans le marbre. Ou, plutôt, sur les plaques de l’ancienne voie de désenclave­ment des Adrets... avec une attention ou une anecdote pour chacun d’entre eux. Tout en prenant le temps d’écarter les doutes concernant le futur de la société et le rachat par Givaudan : « Rien ne changera. Il n’y aura aucun licencieme­nt. Ça ne pourra marcher que si la société reste comme elle est. Et Givaudan est en accord avec ça. »

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(Photo M. R.) Plusieurs salariés d’Expression­s Parfumées ont reçu une médaille pour leurs nombreuses années passées dans l’entreprise.
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(Photos M. R.) Le site du futur jardin partagé du quartier Saint-Claude.
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La plaque a été dévoilée en présence des élus et des membres de la famille de Marguerite Raineri, parmi lesquels « Nani » Roudière, sa petite-fille à droite).

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