Nice-Matin (Cannes)

Réforme des retraites : les Français ont la parole

Sur Internet ou dans des « ateliers participat­ifs », ils sont invités à réfléchir pendant six mois au projet voulu par Macron. Le gouverneme­nt a lancé cette « consultati­on citoyenne » hier

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Une « large consultati­on citoyenne » sur la réforme des retraites a été lancée, hier, par le gouverneme­nt, qui est encore loin d’avoir bouclé le texte censé concrétise­r la promesse d’Emmanuel Macron. Le projet ne sera présenté que dans un an mais les Français sont d’ores et déjà invités à y réfléchir. «Un sujet d’une telle ampleur nécessite une large consultati­on citoyenne », estime Jean-Paul Delevoye, Haut commissair­e à la réforme des retraites. « On a décidé de prendre notre temps. On a besoin de mûrir la chose » ,a souligné de son côté le Premier ministre, Edouard Philippe en lançant le dispositif, rappelant que le futur système devra être « universel, juste et solidaire ». Sur Internet ou dans des « ateliers participat­ifs », chacun pourra donc donner son avis sur le futur « système universel » [lire ci-contre] voulu par le président de la République et censé remplacer les quarante-deux régimes obligatoir­es qui coexistent aujourd’hui. Depuis un an, le chef de l’Etat a peu précisé ses intentions, indiquant seulement vouloir «consolider» le système de retraite par répartitio­n avec cette réforme qu’il veut voir « votée en 2019 ». Le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, Christophe Castaner, a indiqué, hier matin chez Bourdin (BFMTV) que le projet de loi « pourrait être présenté au milieu de l’année 2019 ». Y aura-t-il encore un âge légal de départ ? Un minimum vieillesse ? Des régimes spéciaux ? Basculera-ton vers un système par points ? A ce stade, rien n’est encore tranché. La « consultati­on citoyenne » permettra à l’exécutif de tester certaines pistes et de voir si d’autres options émergent. Le site participez.reforme-retraite.gouv.fr, ouvert jusqu’au 25 octobre, propose ainsi de voter pour ou contre les « constats » et les «solutions » de M. Delevoye sur une dizaine de thèmes.

Le  octobre à Toulon

Quelques heures après l’ouverture de cette plateforme en ligne, la possibilit­é de « partir à la retraite quand on le souhaite » était sans surprise plébiscité­e, tandis que l’hypothèse d’un âge de départ « en fonction de l’espérance de vie » était largement rejetée. Les volontaire­s peuvent par ailleurs s’inscrire à un des huit « ateliers participat­ifs en région » pour approfondi­r à chaque fois « une ou deux thématique­s » avec « une centaine de citoyens » : le 6 septembre à Montreuil, le 18 septembre à Lorient, le 20 septembre à Arras, le 2 octobre à Strasbourg, le 5 octobre à Toulon, le 17 octobre à Angoulême, le 19 octobre à Dijon et le 23 octobre à Toulouse. L’ensemble des contributi­ons fera l’objet d’une synthèse qui « sera rendue publique le 29 novembre » et soumise pour avis à un ultime « atelier citoyen » au début de décembre. Ce grand remue-méninges vient compléter les discussion­s entamées miavril avec les partenaire­s sociaux. Dix organisati­ons de salariés (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa), de chefs d’entreprise­s (Medef, CPME, U2P) et d’agriculteu­rs (FNSEA) sont consultées à tour de rôle. Le Haut commissair­e a prévu au total cent vingt réunions bilatérale­s jusqu’à l’automne, en commençant par le « périmètre » du futur « système universel » et en terminant par sa « gouvernanc­e ». « Il y a une vraie volonté de concertati­on », areconnu, hier, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, pour qui « la discussion paraît être loyale et sincère ». Mais la crainte d’une baisse, à terme, du niveau des pensions, n’a pas été dissipée par les propos rassurants de la ministre des Solidarité­s et de la Santé, Agnès Buzyn, qui assurait en avril qu’« il ne s’agit pas de réformer pour réduire les droits ou pour les niveler par le bas ».

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« On espère que Jean-Paul Delevoye [ci-dessus] et l’exécutif parleront d’une seule voix et qu’il n’y aura pas trop d’écart entre les deux textes », s’inquiète déjà Philippe Sève, secrétaire national de la CFDT. (Photo AFP)

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