Nice-Matin (Cannes)

«Trahis», les salariés de Kerry plantent le piquet de grève

Leur participat­ion aux bénéfices supprimée, après leur avoir été promise par la direction, une cinquantai­ne de membres de la société agroalimen­taire manifestai­ent, hier, devant le site grassois

- PASCAL FIANDINO pfiandino@nicematin.fr

Sans haine, ni violence. Sans banderoles, ni slogans, blocage ou intimidati­ons. Simplement ensemble, ouvriers de production, agents de maîtrise et cadres. Une cinquantai­ne de salariés du groupe Kerry (1), réunis dès 8 h et jusqu’au coeur de l’aprèsmidi, devant l’entrée du site de production grassois – spécialisé en arômes alimentair­es – sur la route du Plan. Pour marquer le coup, afficher leur mécontente­ment. Et s’insurger devant une promesse qui, selon eux, n’a pas été respectée. «Aujourd’hui, 90 % de la production est arrêtée. On nous a déjà réduits la taille du gâteau. Et, au dernier moment, on nous enlève la cerise » souffle Eric Huteau. S’il use de la métaphore pour évoquer la situation, le représenta­nt CGC n’en pense pas moins : «On se sent floués par la direction...»

«On va se retrouver avec la moitié »

La cerise en question ? Une participat­ion aux bénéfices, promise aux salariés lors de la négociatio­n annuelle obligatoir­e. Sauf que voilà... «Il y a deux semaines, on nous a appris que, finalement, il n’y aurait pas de participat­ion, mais une prime » poursuit Denis Hocquet, représenta­nt syndical CGT. Il détaille : «La participat­ion s’élevait, environ, à 500€. Avec seulement 10 % de charges et non imposables. Là, la prime est de 420€, avec 23 % de charges et imposables. » Eric Huteau résume : « En net, on va se retrouver avec la moitié de la somme... Quant aux cadres, eux, ils ne toucheront rien. » Son homologue reprend : « Cela fait sept ans que le siège social [basé à Tralee, en Irlande] récupère 15 à 20M€ par an. Nous, on n’en a jamais vu la couleur et on ne s’en était jamais plaint directemen­t. Mais là, on nous l’avait promis. Et cela a été pris en compte dans la négociatio­n annuelle. » Se sentant « trahis », les salariés reprochent également un manque de communicat­ion. « Notre directeur local, Maurice Dadoun, s’en va en août et c’est compliqué d’avoir un interlocut­eur (2). On sait bien qu’on est juste un site dans une entreprise mondiale. »

Un mouvement non reconducti­ble mais...

Lucides quant aux retombées de ce mouvement, les salariés n’en demeuraien­t pas moins déterminés à faire passer leur message. « On a voulu exprimer notre mécontente­ment auprès du siège social et, une journée de grève, ça apparaît forcément sur les fiches de paie, indique Denis Hocquet. On ne voulait pas que ce soit étouffé localement. » C’est désormais chose faite. Le délégué syndical prévient ainsi : « C’est un mouvement d’un jour, non reconducti­ble. Enfin, sauf si on en apprend des nouvelles d’ici là...»

 ??  ?? Ouvrier de production, agents de maîtrise et cadres étaient réunis, hier, devant le site de la route du Plan. Une journée de grève non reconducti­ble, mais pour marquer le coup, face à ce qu’ils considèren­t comme une marche arrière de la direction. (Photo P. F.)
Ouvrier de production, agents de maîtrise et cadres étaient réunis, hier, devant le site de la route du Plan. Une journée de grève non reconducti­ble, mais pour marquer le coup, face à ce qu’ils considèren­t comme une marche arrière de la direction. (Photo P. F.)
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