«Trahis», les salariés de Kerry plantent le piquet de grève
Leur participation aux bénéfices supprimée, après leur avoir été promise par la direction, une cinquantaine de membres de la société agroalimentaire manifestaient, hier, devant le site grassois
Sans haine, ni violence. Sans banderoles, ni slogans, blocage ou intimidations. Simplement ensemble, ouvriers de production, agents de maîtrise et cadres. Une cinquantaine de salariés du groupe Kerry (1), réunis dès 8 h et jusqu’au coeur de l’aprèsmidi, devant l’entrée du site de production grassois – spécialisé en arômes alimentaires – sur la route du Plan. Pour marquer le coup, afficher leur mécontentement. Et s’insurger devant une promesse qui, selon eux, n’a pas été respectée. «Aujourd’hui, 90 % de la production est arrêtée. On nous a déjà réduits la taille du gâteau. Et, au dernier moment, on nous enlève la cerise » souffle Eric Huteau. S’il use de la métaphore pour évoquer la situation, le représentant CGC n’en pense pas moins : «On se sent floués par la direction...»
«On va se retrouver avec la moitié »
La cerise en question ? Une participation aux bénéfices, promise aux salariés lors de la négociation annuelle obligatoire. Sauf que voilà... «Il y a deux semaines, on nous a appris que, finalement, il n’y aurait pas de participation, mais une prime » poursuit Denis Hocquet, représentant syndical CGT. Il détaille : «La participation s’élevait, environ, à 500€. Avec seulement 10 % de charges et non imposables. Là, la prime est de 420€, avec 23 % de charges et imposables. » Eric Huteau résume : « En net, on va se retrouver avec la moitié de la somme... Quant aux cadres, eux, ils ne toucheront rien. » Son homologue reprend : « Cela fait sept ans que le siège social [basé à Tralee, en Irlande] récupère 15 à 20M€ par an. Nous, on n’en a jamais vu la couleur et on ne s’en était jamais plaint directement. Mais là, on nous l’avait promis. Et cela a été pris en compte dans la négociation annuelle. » Se sentant « trahis », les salariés reprochent également un manque de communication. « Notre directeur local, Maurice Dadoun, s’en va en août et c’est compliqué d’avoir un interlocuteur (2). On sait bien qu’on est juste un site dans une entreprise mondiale. »
Un mouvement non reconductible mais...
Lucides quant aux retombées de ce mouvement, les salariés n’en demeuraient pas moins déterminés à faire passer leur message. « On a voulu exprimer notre mécontentement auprès du siège social et, une journée de grève, ça apparaît forcément sur les fiches de paie, indique Denis Hocquet. On ne voulait pas que ce soit étouffé localement. » C’est désormais chose faite. Le délégué syndical prévient ainsi : « C’est un mouvement d’un jour, non reconductible. Enfin, sauf si on en apprend des nouvelles d’ici là...»