Nice-Matin (Cannes)

La “maman des stars” de la téléréalit­é se livre

Magali Berdah, fondatrice de Shauna Events, agence leader des stars de la téléréalit­é, vient de sortir son autobiogra­phie. L’histoire d’une mère de famille qui a su marier résilience et réussite

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Résumer Magali Berdah au simple qualificat­if de « pionnière » serait bien réducteur. Certes, elle a su développer le marketing social en France en fondant Shauna Events basé à Paris et Juan-les-Pins. Mais pas seulement. Déterminée, courageuse et ambitieuse, elle ne s’est pas contentée d’endosser le costume de business-woman : elle se l’est cousu elle-même, sur-mesure, en se piquant les doigts, en changeant les ourlets. Son métier? Elle l’a créé sur le tas et s’est élevée en agent n°1 des stars de la téléréalit­é – qui la considèren­t comme leur « maman ». Avec son intuition, son instinct, ses valeurs. Si aujourd’hui beaucoup la connaissen­t comme spécialist­e de la téléréalit­é et des réseaux sociaux sur C8 aux côtés de Cyril Hanouna dans Touche pas à Mon Poste ou de Julien Courbet dans C’est que de la télé !, son parcours ne l’a pas directemen­t menée au petit écran. Mère de famille, elle raconte sans détours dans Ma vie en réalité – son autobiogra­phie qui sort aujourd’hui – les galères, les dettes, les insomnies et les fêlures qui l’ont menée à bâtir son destin.

C’est intense comme exercice !

Alors on ne va pas se mentir, ce n’est pas moi qui l’ai écrit. J’ai raconté mon histoire mais par contre j’ai fait les relectures, les modificati­ons, j’ai travaillé jusqu’à deux, trois heures du matin dessus pendant des semaines. Ce n’est pas aussi facile que l’on pense : il ne faut pas se louper, raconter des choses vraies, avoir les bons mots. J’ai fait cinq relectures, je revenais dessus encore et encore jusqu’à ce que le résultat final me convienne. Pourquoi ce livre? C’est un livre d’espoir. J’ai eu une vie tourmentée, assez compliquée dans l’enfance et également profession­nellement parlant. Je souhaite expliquer aux gens qu’il n’y a ni limite, ni fatalité. C’est un ouvrage positif. Je n’ai pas voulu faire un livre clash pour raconter les histoires de la téléréalit­é, du show-biz. C’est plutôt pour montrer aux femmes, aux mamans et aux gens qui sont endettés que tout peut arriver. Même pour les cas désespérés comme le mien.

Vous montrez également le côté humain de la téléréalit­é…

Totalement. Les candidats sont tous des êtres humains ! Et ils s’en prennent plein la gueule [sic.], et nous avec à l’agence.

C’est dur…

Rien que pour la sortie du livre, avant même que les exemplaire­s presse soient imprimés : on se prend des portes pour la promo. Alors que personne n’a pu lire le livre ! Soit je suis cataloguée « trop Hanouna » soit « trop téléréalit­é ». Alors que c’est un livre que je qualifiera­i plutôt « social - économie ». J’évoque les problèmes d’une génération : avoir des dettes, monter une entreprise, se casser la figure, avoir l’Urssaf sur le dos… Des choses qui arrivent à tout le monde. Il y a aussi le regard des gens quand vous avez des dettes qui est très dur. Et le regard des gens qui change quand on réussit. Je parle de ce nouveau métier, du vide juridique autour au début. Mais oui je suis cataloguée.

Y’a encore du boulot pour faire évoluer les mentalités…

Oui. Mais après je trouve qu’en deux ans, on a fait un gros travail. Quand on parlait des candidats avant c’était : booking en boîtes de nuit, drogue, alcool… Alors qu’aujourd’hui on parle de business, de placement de produits, de marques… L’image a évolué. Mais le travail qui reste à faire c’est avec le gratin de la télé qui se croit gratin de la télé…

Vous parlez de « fossé » entre la télé et la téléréalit­é…

Je voulais dire qu’il faut arrêter de noircir tout ça : la téléréalit­é a pu changer des vies. Il y a de belles histoires ! C’est un phénomène qui serait intéressan­t d’étudier : savoir comment la jeunesse a évolué vers ça.

Vous évoluez dans un monde cruel : télé, réseaux sociaux…

Les gens veulent travailler avec vous, ont besoin de vous… et c’est vrai qu’il y a des fois des attitudes qui font de la peine. J’ai les épaules un peu plus solides, maintenant. Après j’ai fait de supers belles rencontres : j’en parle. Mais c’est vrai que j’ai préféré occulter tout le négatif. [sourire] Je ne voulais pas que ça soit un livre clash. Mais que les gens se disent : « Son histoire me fait rêver et je vais m’accrocher »…

Vous êtes féministe ?

Ouais, à mort. [rires] Mais pour moi un homme reste un homme et a des obligation­s qu’une femme n’a pas. Je revendique totalement la liberté féminine.

Pas évident de se plonger dans son propre passé, non ?

Je pense que j’ai pu l’écrire parce que j’ai fait une sorte de deuil. Désormais je peux analyser le passé et le raconter.

On est un peu dans la thérapie…

Oui c’est ça, mais ça fait du bien. Je suis contente qu’il sorte enfin. Même pour le placement produit : j’ai envie que le grand public le voit différemme­nt. On fait travailler des gens, on crée de l’emploi, il n’y a pas de honte à avoir à travailler. Et quoi qu’il se passe je défendrai toujours mes candidats.

Ca ne vous fait pas peur de vous dévoiler autant ?

J’ai douté, oui. Mais j’ai senti que je devais le faire. Mon histoire est belle, je la raconte, c’est tout. Et je n’ai jamais caché mon passé.

C’est votre force, non ?

Dès le début j’étais tellement contente, je voulais que les gens sachent d’où je revenais. De toute manière, les gens commentent, quoi qu’on fasse. C’est le jeu.

■ Ma vie en réalité de Magali Berdah, préface de GillesVerd­ez,éditions L’Archipel,216 pages,16 euros. A retrouver en librairie et dans les librairies en ligne, Amazon, Fnac, Rakuten, Leslibrair­es.fr...

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(Photo Eric Ottino)
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