La plaine de la Brague fait encore grand bruit
Initiée en 2004, la charte de bon aloi atteint son but : privilégier le dialogue entre sources des nuisances sonores et plaignants. Mais reste le cas d’Antibes Land
Aucune plainte émanant d’associations de défense de quartier. Trois ou quatre doléances de particulier... C’est bien le signe que les progrès sont là. D’ailleurs, nous sommes de moins en moins nombreux lors de cette rencontre annuelle ». Remarque faite par Eric Duplay, adjoint à la Santé, quelques jours après la réunion de la charte de bon aloi. Initiée par la Ville en 2004, l’opération a permis de réguler les nuisances sonores qui l’été exaspéraient les riverains de la plaine de la Brague. Du bruit émanant essentiellement des trois établissements de loisirs implantés de longue date dans le quartier : La Siesta, Marineland et Antibes Land. Pour le premier, à l’époque, soirées rassemblant des milliers de personnes ; pour le deuxième, volume trop élevé des spectacles nocturnes et feux d’artifices. « Nous avons réuni autour d’une même table les protagonistes, auteurs des nuisances et plaignants. Ils ont appris à dialoguer... Les établissements ont fait des aménagements. Des contrôles sont effectués. Depuis deux ou trois ans, La Siesta et Marineland ne font l’objet d’aucune plainte, du moins sans fondement ».
« Rien n’a été pris en compte ! »
Les habitudes de consommation ont aussi changé la donne. L’an passé, la Siesta a inauguré un tout nouveau concept de Beach club by night avec un mélange de soirées à thème, de concerts et de clubbing. A 2 heures du matin, on tire le rideau. Marineland a misé sur la technique pour mettre sous cloche musique, annonces et cris des clients, lors des spectacles tardifs. Même les feux d’artifice sont silencieux... Reste le cas d’Antibes Land. En 2017, une pétition, dénonçant les nuisances générées par les manèges, a réuni près d’une centaine de signatures. « Rien n’a été pris en compte ! L’arrêté municipal imposant une fermeture à 23h30 a été pris le 21 août. Trop tard ! », fulmine Sonia Hervier, gérante du camping. Son établissement, l’un des rares encore en activité après les inondations d’octobre 2015, est « collé » au parc d’attractions. Entre les deux, le dialogue est inexistant. Entre la Ville et les responsables d’Antibes Land, l’historique des procédures pénales et administratives est ancien. Depuis 2010, des procès-verbaux sont dressés chaque fois que l’arrêté municipal de fermeture du site à 23h30 n’est pas respecté. C’est-à-dire chaque année. Les résultats vont de la déclaration de nullité des PV, l’arrêté municipal étant invalidé (2012 et 2015), ou carrément à « l’extinction de l’action publique », en 2013 et 2014 ! Le PV 2016 est en cours d’instruction et celui de l’année dernière a été transmis début août. Régulièrement, l’arrêté municipal est attaqué par Antibes Land devant le tribunal administratif. Il a toujours été jugé légal en appel. L’arrêté de 2017 est en cours d’instruction. « Lors de la mise en oeuvre des procédures judiciaires et administratives. Il faut comprendre que nous devons respecter des délais incontournables, des actes précis sur leur fond et leur forme. Leur inobservation aboutirait à leur nullité », rappelle Eric Duplay. « Trois PV sur six sont annulés pour vices de forme et deux pour prescription de l’action publique », s’exaspère Sonia Hervier.
Eric Duplay : « des efforts ont été faits »
Quid du fait que l’arrêté municipal est pris trop tard ? « Nous avons les plaintes trop tard et les délais obligatoires pour lancer la procédure sont incontournables ! » rétorque l’élu. L’adjoint à la Santé met en avant les efforts accomplis par les gérants du parc : « les manèges les plus bruyants ont été installés plus près de la route, côté mer, les cabines de certains ont été mis sous une sorte de bulle pour couvrir les cris des clients... Les responsables nous disent que techniquement, ils sont allés au maximum de ce qui pouvait se faire...». Faisant référence au cas récent des établissements de nuit, la gérante de Douce France a évoqué une fermeture administrative. «Ce n’est pas du ressort du maire et les policiers présents à la réunion ont expliqué que ces établissements avaient été fermés à cause de bagarres alcoolisées à la sortie. Ce qui n’est pas à déplorer, heureusement, pour Antibes Land...» .Ce qui se profile cette saison ? Sans doute un nouvel arrêté municipal de fermeture. Sans doute un PV pour non respect. Comme chaque année.