Semboules : ans passionnément !
Le quartier célèbre son quarantième anniversaire ce soir en se remémorant le chemin parcouru par les générations. Des histoires humaines qui ont permis de construire un autre quotidien...
a va au-delà du symbole. Une chaise, une porte ouverte. Qu’importent les caprices de la météo, nul besoin d’attendre d’être invité pour franchir le seuil du local du Cadis, place Charles-Cros à Antibes. On passe une tête, on lance un bonjour, on prend des nouvelles. Coeur des Semboules, le local de l’association vibre différemment depuis quelques jours. Puisque ce soir, c’est grand soir : le quartier antibois souffle ses quarante bougies ! « En réalisant un peu de rangement, je suis retombé sur l’article de presse évoquant l’inauguration de la première tranche du quartier et la construction de l’école Jacques-Prévert », souligne Manuel Babault, président du Comité d’animation et de défense des intérêts des Semboules. Ni une, ni deux, il décide de mettre en place un super-anniversaire avec, en guest, Claude Lucien qui a enseigné au sein de l’établissement scolaire. Souvenirs, souvenirs…
Dialogue, encore et encore
Parce qu’en quarante ans, y’en a eu des changements ! Tout commence avec le premier ensemble : Les Pins. 259 premiers logements qui matérialisent l’idée du « tout-enun » de l’architecte. Quatorze tranches, 1200 habitations et 4000 personnes plus tard, certains habitants sont toujours là. Ont connu les deux enquêtes sociologiques, les innombrables enquêtes de quartier – la production de data avant l’heure ! – et, bien évidemment, les fameuses pétitions. Si aujourd’hui elles portent majoritairement sur la protection de l’environnement, ces dernières ont su porter d’autres causes. Comme la sous-dimension de l’école maternelle ou encore la création si attendue de la maison des jeunes (voir encadré). Une structure devant répondre à une urgence. Un mal-être profond d’une génération, puis d’une autre, encore. 1985. Qualifiée « d’année noire » par Manuel Babault, cette dernière fait figure de tournant: «La délinquance était présente. Nous avons lancé un SOS. Il fallait agir, des zones de non-droit ont fait surface. C’était chaud… » Silence. Ceux qui ne l’ont pas vécu ne peuvent imaginer. A grand renfort de dialogue, d’activités sportives et de prévention, les Semboulois mènent un combat contre la souffrance. Avec, en tête, un idéal fort. Celui de vivre tous ensemble. L’avenir a eu raison d’un passé encore à vif dans les mémoires. Quand on a eu mal, on n’oublie pas. On savoure d’autant plus la quiétude des jours heureux. Journal, cinéma en plein air, fête de la SaintJean, Dragon vert, Babaou, chasse aux oeufs… Des actions qui prouvent bien que l’unité fait la force. Pour autant, pas question de s’endormir sur ses lauriers. «On n’a jamais rien lâché, on ne lâchera rien», sourit Manuel Babault en évoquant la prochaine aire de jeux du quartier. Un château fort en bois. La plus éloquente des métaphores pour ces chevaliers du bien vivre. ■ Ce soir, les Semboules fêtent leurs 40 ans de 19 heures à 22 heures, La suite du salon, place Charles-Cros. Ah, la maison des jeunes : grande saga du quartier ! La structure polyvalente a été attendue comme le Messie par les habitants durant une dizaine d’années. Si « la Piste noire » – tenant son nom de la couleur du macadam du parking – a su accueillir les activités de plein air, le besoin d’un établissement en tant que tel s’avère impératif. Non seulement pour les adolescents, mais aussi pour toute la vie du quartier. Après avoir vu le projet leur filer entre les doigts en – faute d’avoir pu trouver un consensus entre les différentes associations et donc parler d’une seule voix face à la municipalité –, les Semboulois auront droit à la pose de la première pierre en février . Soulagement. Pour la petite histoire, les membres du Cadis n’ont pas hésité à dérouler une banderole lors du vote de la délibération concrétisant le projet en conseil municipal : « Merci ! Faites vite ! »