Nice-Matin (Cannes)

Première: qu’ils souffrent moins…»

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Le Dr Isabelle Carbonel est chef du pôle psychiatri­e infanto-juvénile de l’hôpital Sainte Musse.

Quel est le principal objectif de la prise en charge en hôpital de jour des jeunes enfants autistes ?

Notre ambition première est qu’ils souffrent moins ; chez la plupart des enfants autistes, l’angoisse est très présente, qu’elle se manifeste par des crises, des replis au niveau sensoriel ou autre… Notre monde les heurte. Les autistes Asperger le disent bien : on ne comprend pas vos codes sociaux, vos émotions, votre façon de vivre…

Il faut les aider à décrypter ?

Oui, mais avant ça, il nous faut aussi tenir compte de leurs spécificit­és. Il est important par exemple d’user d’un langage très concret quand on s’adresse à des enfants autistes ; ils n’ont pas accès à l’implicite, ne jouent pas avec les mots… On doit aussi s’appuyer sur leurs compétence­s (artistique­s, cognitives, dans le domaine de l’informatiq­ue). D’un point de vue clinique ? En hôpital de jour, on essaie de travailler sur trois aspects : éducatif, pédagogiqu­e, psychologi­que.

Que pensez-vous des méthodes comme les i, Aba ou encore Teacch… ?

Le but de ces méthodes, basé sur le déconditio­nnement conditionn­ement est de ramener ces enfants à une « normalité ». Nous n’avons pas le même objectif : nous ne souhaitons pas les rendre normotypiq­ues, juste les faire grandir avec nous. On veut les aider à comprendre et maîtriser leurs peurs – notre monde les inquiète beaucoup –, pour les amener dans une société qui les inclut et se met à leur service.

On en est loin ?

La France est très en retard dans beaucoup de domaines dans le champ de l’autisme : épidémiolo­gie, recherche, scolarisat­ion…

Certains attribuent ce retard à la forte influence de la psychanaly­se sur la psychiatri­e française ?

Sans rentrer dans ce débat, je dirais que la psychanaly­se peut servir de base dans l’élaboratio­n et les échanges cliniques avec les équipes soignantes, mais il est aussi important de proposer une thérapie intégrativ­e, autour de la communicat­ion, du corporel, de la stimulatio­n (sans excès), en s’appuyant sur les neuroscien­ces. Éviter l’écueil du tout éducatif, du tout psychanaly­tique etc.

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