Hôpital en tension : le coup de gueule syndical
Après la sonnette d’alarme tirée par les Urgences en tension, le syndicat FO décrypte les 6 points noirs de l’hôpital. Le représentant des médecins de dénoncer sa stratégie économique
Malaise à l’hôpital ? Dans notre article paru le 13 mai en plein Festival, les personnels des urgences tiraient la sonnette d’alarme et exprimaient leurs difficultés chroniques à gérer un flux croissant de patients. Le 17 mai, le syndicat FO posait une alerte au CHSCT « sur l’état d’épuisement et la tension permanente exprimé par le personnel de ce service ». Dans notre édition du 23 mai, la direction de l’hôpital précisait dans un communiqué : « Notre équipe des urgences est aguerrie à la gestion de ces flux de patients qu’elle prend en charge avec professionnalisme et engagement ». Aujourd’hui, Sylvie Lefrançois, Laurence Laporte et Livianna Zanin, du syndicat FO, majoritaire à l’hôpital, font entendre leur voix. Celle du syndicat FO. Pourquoi ça coince aux urgences et plus largement au sein de l’hôpital cannois. < Activité de plus en plus importante aux urgences « Depuis 2011, c’est +30% d’activité. De 40 213 passages en 2012, on est passé à 51 450 en 2017. Les effectifs ne sont pas adaptés. = Manque de lits pour les patients des urgences à hospitaliser « Il y a sur l’hôpital une diminution de la capacité d’accueil en lits. C’est lié à la fermeture de lits du fait de problèmes de personnel médical et non médical : moins 14 lits en gastro sur 28, moins 4 lits en oncologie, moins 2 lits en pneumologie et moins 4 lits en chirurgie orthopédique. C’est aussi lié à des réorganisations internes du fait de projets institutionnels. Comme une réduction des lits en cardiologie le weekend ou en chirurgie du fait du virage de l’ambulatoire. Conséquences: chaque nuit depuis octobre, une vingtaine de patients dorment aux urgences sur des brancards. » > Taux d’absentéisme en hausse à l’hôpital «L’absentéisme à l’hôpital pour raisons médicales a progressé de 2% depuis 2014. De 6,62% en 2014 pour atteindre 8,69% en 2017 (moyenne nationale 11%). ? Précarisation des personnels « On assiste à une précarisation des statuts infirmiers, aides soignantes et ASH (agents de service hospitalier). Le nombre de contractuels (sans évolution de carrière donc) a augmenté de 29% depuis 2011. Cela aboutit à un turn over de personnel infirmier dommageable pour les patients. » @ Difficultés de recrutement « L’hôpital de Cannes n’est plus attractif du point de vue financier et des conditions de travail. Les médecins quittent l’hôpital. Ce qui ressort : l’insatisfaction du travail fourni. Nous avons saisi l’Agence Régionale de Santé pour soulever les difficultés de recrutement afin qu’elles débloquent des primes pour redevenir attractif. » A Perte du lien avec le patient « Avec la polyvalence, les infirmières changent de service, ne peuvent plus accompagner les patients, se consacrer au relationnel. L’humain n’est pas dans la serpillière ! L’hôpital de demain, c’est de l’abattage en mètres linéaires de chambres nettoyées et de pistons de seringues à pousser. Aujourd’hui, l’hôpital soumis à la rentabilité est malade de ses restrictions budgétaires. Une question : quel hôpital voulons-nous pour demain ? »
L’hôpital de demain, c’est de l’abattage en mètres linéaires nettoyés et en pistons poussés ”