Nice-Matin (Cannes)

« On atteint un certain niveau de cynisme »

Bruno Pebeyre, chef du service d’urologie et président de la Commission Médicale d’Établissem­ent

- Pourquoi cette situation absurde ? Propos recueillis par G.A.

Service d’urologie au 3e étage de l’hôpital. Fermé depuis six mois. Le silence règne. Chambres vides : 15 lits déserts. Au rez-de-chaussée, les Urgences. Avec, chaque nuit, de nombreux patients qui dorment sur des brancards dans la promiscuit­é. Faute de lit ! Hérésie ? Oui. « Une situation ubuesque », selon Bruno Pebeyre, chef de service fermé (!), médecin hospitalie­r depuis 2001 et président de la Commission Médicale d’Établissem­ent. « Par souci d’économie. Il faut savoir qu’il y a une quarantain­e de lits fermés dans l’hôpital et même des services entiers qui n’ont jamais ouvert depuis .

Pourquoi fermer ces lits ?

Le but est de présenter un bon bilan. D’ailleurs, l’hôpital a un bon indice d’hospitalis­ation (- % de la moyenne nationale). La stratégie est aussi de faire de l’ambulatoir­e. Pourquoi pas, mais il faut des équipement­s spécifique­s pour cela. Or, l’hôpital ne veut pas investir. C’est une fuite en avant…

Comment va l’hôpital ?

Économique­ment, il va bien. C’est le seul du départemen­t à être bénéficiai­re. Mais avec cette stratégie d’économie, on commence à être limite sur sa double mission : les urgences et l’accueil des  % de gens qui n’ont pas accès à la médecine de ville. Il faut savoir que  patients qui devaient être hospitalis­és chez nous en , l’ont été ailleurs, notamment au Méridien. Un des enjeux est de les récupérer… Quant aux urgences, alors qu’il y a eu  jours de tension en , on en est déjà à plus de  jours depuis janvier. Avec des patients couchés chaque nuit dans des conditions humainemen­t inacceptab­les. On a une réputation détestable.

Quand l’hôpital est en tension, quelles conséquenc­es ?

On reporte des interventi­ons chirurgica­les programmée­s. Quel est l’état d’esprit des 

médecins ?

Ils ne restent pas. Le turn over est très important. En moins de deux ans,  médecins sont partis. Un signe de malaise. L’hôpital de Cannes n’est plus attractif pour eux financière­ment. D’autant que le temps de travail de  heures hebdomadai­re est souvent dépassé, jusqu’à  heures…

Qu’attendez-vous de la direction ?

Qu’elle rouvre des lits pour accueillir les urgences. Aujourd’hui, la population n’est pas prise en charge correcteme­nt avec un minimum de dignité. La première façon de traiter un problème, c’est de le reconnaîtr­e. Aujourd’hui, la direction, avec laquelle j’ai favorisé la discussion des années, est dans le déni. Ce n’est pas la solution. »

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