Nice-Matin (Cannes)

Vogue la galère...

- VINCENT, EN RUSSIE

Il fallait y penser de démarrer cette campagne de Russie de la sorte et décrocher d’entrée la palme du « meilleur galérien ». Tant mieux chers amis, ce premier road-book n’en demeure que plus savoureux, quoi que je m’en serais bien passé, mais vraiment bien. Rien ne laissait pourtant présager une telle issue. Un vol Lyon – Moscou de bon aloi, le hublot qui va bien, personne à ma gauche, les jambes allongées, nonchalanc­e, limite en chaussette­s, Pierre Nigay et Vincent Duluc de l’Equipe, en base arrière, que l’on écoute scrupuleus­ement quand il parle ballon. Seul hic - pour le moment, soyez patients ! - l’horrible poulet-pâtes, servi par nos charmantes hôtesses russes. On était loin des standards de l’Euro 2016 et des magnifique­s tables partagées avec Mathieu lors de notre périple à travers les routes de France que nous vous avions conté, déjà. Passons ce détail culinaire, on aura le temps de revenir sur la richesse de la gastronomi­e russe... L’atterrissa­ge est tout doux, la confiance règne. Vincent Duluc reçoit même un message signé de Lucien Favre lui rendant hommage pour ses écrits. Notre confrère n’en revient pas et nous demande de vérifier si c’est bien le vrai Lucien Favre. Oui, oui, c’est bien ‘Lulu’’, un homme de goût donc, qui n’en finira jamais de nous surprendre. Plein d’allant, je m’imagine prendre la direction d’Istra quand, soudain, le drame, le coup du téléphone évaporé. Pas ça, pas maintenant... Panique à bord ! Et vas-y que je retourne mon sac une fois, deux fois, trois fois, cent fois, que je me fais les poches, que je me touche les mollets, comme s’il avait pu tomber jusque dans mes pompes, que je me couche sous les sièges, le front perlé, que je me rends aux objets trouvés pour, finalement, me faire à l’idée que je ne le reverrai plus jamais et me dire, durant une fraction de seconde, que ma vie est foutue, sans mes contacts et que j’ai perdu une partie de ma dignité, à tout jamais. Rien que ça... Le coup de massue d’entrée de jeu, mais je ne baisse pas la tête, m’accroche au courage durant ces trois heures interminab­les passées dans cet immense aérogare à dénicher un nouvel outil de travail qui me coûte la modique somme de 45 000 roubles... Je vous laisse faire la conversion en euros, ça me fait trop de mal ! Les autres suiveurs de l’équipe de France sont déjà partis, ils n’ont pas attendu le nigaud sans portable, normal ! Guidé par Brice, je dégote un taxi sans voix, mais un taxi quand même. Lui ne me coûtera que 15 euros pour 70 kilomètres au milieu de la campagne russe et ses interminab­les forêts de sapins. Il est 22h30, me voilà enfin arrivé dans mon « izba » (maison en bois) d’Istra. On est en pleine nuit, il fait huit degrés et les chiens errants sont tout près. Ça fout la trouille et ne fait que commencer !

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