Nice-Matin (Cannes)

Et si c’était vrai...

De la fiction à la réalité : des collégiens de Cannes sont partis d’un épisode de Section de recherches pour arriver à la reconstitu­tion au tribunal de police. Magistral !

- CHRYSTÈLE BURLOT cburlot@nicematin.fr.

Proposer à des collégiens de reconstitu­er un procès : déjà fait, c’est vrai. Sauf que pour une centaine d’élèves cannois, l’originalit­é du projet a consisté à partir du Festival Canneserie­s pour approcher la justice. Au synopsis de l’opération : une première étape, en avril dernier à La Licorne. Après la diffusion d’un extrait de la série Section de recherches (dont de nombreuses séquences sont tournées à Cannes), les 4e des Mûriers, Vallergues et Stanislas ont pu échanger avec l’un des acteurs principaux : Franck Semonin, ainsi que la production. Ce jour-là, l’équipe justice à l’origine du projet (1) avait également pris un premier contact et donné rendez-vous le mois suivant. En mai, effectivem­ent, cette équipe s’était déplacée dans les établissem­ents afin de sensibilis­er les collégiens aux différents métiers de la justice ainsi qu’à toute la difficulté de rendre un jugement. À cette occasion, la thématique « incivisme-citoyennet­é », chère à la municipali­té, avait également été transmise aux élèves. Ainsi informés, ces derniers ont pu illustrer ce qu’ils avaient appris en simulant un procès. Pour ce faire, l’équipe justice leur a fourni les grandes lignes d’une affaire existante. Leur a ouvert les portes du tribunal d’instance et même prêté les fameuses robes noires. Résultat : les élèves se sont surpassés. Ceux rencontrés l’après-midi (Stanislas) ont été exemplaire­s dans une affaire de voisinage et nuisances sonores.

Monsieur Sénerve contre Monsieur Souffrant

Tout le monde avait appris son texte et a parfaiteme­nt endossé son rôle. Aussi bien M. Sénerve, jeune étudiant accro aux fêtes qui s’est emporté contre son voisin (pêcheur, fatigué du bruit) en le poussant dans l’escalier. Que le voisin en question, M. Souffrant, qui s’est même rendu au tribunal avec le poignet bandé (résultat de la chute dans l’escalier). Dans leur rôle également, les femmes et les hommes de lois qui ont su montrer toutes les subtilités de leur mission. Sentence : 200 heures de travaux d’intérêt général et 10 000 euros à verser au voisin. Zoé, procureure de la République avait requis un an avec sursis et 30 000 euros. « Malgré tout, je trouve

la sentence assez juste », a-t-elle commenté. «J’ai adoré le projet. C’est trop super qu’on ait pu entrer dans le tribunal. Et cela m’a donné envie de faire du droit… » Mêmes projets pour Carla, avocate de M. Sénerve qui reste mitigée sur la décision du tribunal :

« Quand on est jeune on peut faire des erreurs. Mais bon… » Du côté des organisate­urs du projet : la Ville de Cannes, le Tribunal de Grande Instance de Grasse et d’Instance de Cannes, tout le monde était très fier.

« Cette justice, c’est la vôtre »

«Nous sommes vraiment contents de savoir que vous avez pu comprendre le fonctionne­ment de cette

justice car c’est la vôtre», a ainsi commenté Michaël Janas, président du TGI de Grasse. À la fin de chacune des audiences organisées, les élèves ont reçu un guide du civisme cannois des mains du maire de Cannes, David Lisnard, ainsi qu’un diplôme les récompensa­nt de leur participat­ion.

(1) Composée de Michaël Janas, président du TGI de Grasse ; Roland Rodriguez, bâtonnier de l’ordre des avocats du barreau de Grasse, Christophe Trillou, président du Tribunal d’instance de Cannes, Caroline Blasco, substitut du Procureur,Valérie Louis, directrice du greffe du Tribunal de Cannes, de magistrats et de greffiers.

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(Photos C.B. et Sebastien Botella)
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Zoé, procureur de la République.
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Carla, avocate du prévenu.

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