Guy Delécraz : la plume, pour alléger les maux
Écrivain prolifique, il vient de voir paraître deux nouveaux ouvrages ces dernières semaines. Portrait d’un homme qui a choisi l’art comme arme, face aux tourments de l’existence
Attendez, que je ne mélange pas les personnages. Je suis en train d’écrire un autre roman...» Assis sur sa terrasse, baignée de plantes vertes au coeur des Senioriales, Guy Delécraz sourit. Cet ancien professeur de biologie, directeur d’école, poète, peintre, acteur et, désormais, écrivain, a la plume qui lui démange. Un hyperactif de l’écriture qui, moins d’un an après La vie commence à 13 ans, roman semi-autobiographique, revient avec deux nouveaux ouvrages. Un homme qui, à 80 ans, a posé des mots sur les maux, pour se lancer sur le chemin de la résilience. En février, donc, est paru Trouver la paix à chaque instant . Un recueil de 83 poèmes, librement inspiré de l’ouvrage américain Un Cours en miracles. « Ce livre évoque la possibilité de vivre en harmonie, en paix, en toutes circonstances, assure-t-il. Je l’ai découvert en 2011 et j’ai commencé à écrire. Quelques années plus tard, j’ai découvert un groupe de travail à Mouans-Sartoux, où l’on étudie, décortique, échange sur le sujet. De semaine en semaine, les poèmes se sont accumulés. » C’est le conférencier Bernard Groom, représentant du courant « Miracles » en France, qui le pousse à en faire un livre – dont il signera la préface. Depuis, l’ouvrage a reçu un accueil plus que positif... «Je reçois des messages, même depuis le Canada. Des gens me disent que ça a changé leur vie. J’ai eu une séance de dédicaces à Lyon il y a un mois, c’était plein. Évidemment, ça me touche...» Une recette du bonheur, qu’il parvient à appliquer à sa propre personne ? « J’essaie, mais pas toujours [rires]. Je suis un peu inquiet de nature mais ça m’aide beaucoup. »
Sa contribution à l’Almanach Vermot
Deux mois plus tard, c’est un roman, cette fois, qu’il livre : De miraculeuses rencontres . Ou les pérégrinations amoureuses de David, entre Lyon, Paris, SaintJean-Cap-Ferrat et Genève. Il s’inspire, notamment, de cette bourgeoisie lyonnaise que lui, le Haut-Savoyard natif d’Evian, a côtoyée lors de son arrivée dans la capitale des Gaules. « J’ai voulu exploiter ce filon, sortir de mon angle d’écriture habituel. Et ça m’a plu, c’est pour ça que je me suis lancé dans un nouveau roman. » Un livre, entamé il y a un peu plus d’un mois, dont il tient déjà la trame et un titre provisoire, Finir sa vie au paradis. L’histoire d’un couple de professeurs stéphanois, qui rêve de vivre au bord de la Méditerranée. «Je m’inspire de ce que je vis dans cette résidence. Pour moi, c’est le paradis, j’ai toujours rêvé de ça. La Méditerranée, c’était le rêve de mon père, aussi. » Guy Delécraz l’assure : c’est sur le ton de l’humour qu’il abordera la chose. L’humour, baromètre de ses émotions, de son cheminement intérieur. Adepte du bon mot, il l’a longtemps été, quand il contribuait au fameux Almanach Vermot, édité depuis 1 886. Et puis... «A la mort de mon épouse, l’humour est tombé. » En 2004, il sort ainsi un ouvrage, au titre révélateur : Des mots pour crier, des vers pour prier. L’art pour exutoire. « J’ai toujours eu besoin de créer, de retranscrire mes émotions. » En 2008, parait Étincelles de foi, flammes de joie. Là, le ton a sensiblement changé. Guy Delécraz entrevoit une lumière. Son nom ? Nicole.
Du purgatoire au paradis
« Elle aussi était en deuil quand un ami commun nous a présentés. On a commencé par pleurer nos morts ensemble. Puis cette relation est devenue indispensable. » La vie reprend le dessus. En 2010, il suit la native de Nice sur la Côte d’Azur. Direction Grasse et les Seniorales, « village » pour seniors autonomes. Le couple s’installe et ne bougera plus, ne retournant à Lyon que « deux ou trois fois par an. » Si Guy Delécraz, membre de l’association des peintres du Pays Grassois, avoue que son amour de la peinture s’est quelque peu «étiolé» , il continue de mener l’atelier de théâtre de la résidence, produisant un spectacle par an. Bien sûr, sa plume n’est jamais bien loin et là, à l’ombre de la terrasse verdoyante, il écrit. Deux heures par jour, parfois plus, parfois pas du tout. Il écrit, au rythme de son inspiration, sans négliger de goûter à la douceur de cette vie qui est désormais la sienne. Après avoir goûté au purgatoire, Guy Delécraz a bel et bien gagné sa place au paradis...
■ Trouver la paix à chaque instant, 14€, recueil de poèmes, éditions L’Harmattan collection Les Impliqués. De miraculeuses rencontres, 17,5€, roman, éditions L’Harmattan.