La star Back in the U.S.S.R
Absente des premiers rôles depuis la chute de l’URSS, la Russie n’est plus une grande nation du football. Très loin de l’époque dorée 1956-1988
1,89m, une tunique noire corbeau, un béret et des mains de maçon, Lev Yachine était une montagne surnommée l’ «Araignée noire» pour sa capacité à tout stopper. 28 ans après sa mort emporté par un cancer de l’estomac son héritage est immense tant l’homme aux 78 sélections a révolutionné son poste. Ballon d’or 1963 (le seul gardien à l’avoir eu), Yachine était précurseur dans un pays pourtant refermé sur luimême. À une époque où les portiers sont encore scotchés à leur ligne, Yachine était déjà en avance sur son temps : « Attendre passivement sur cette ligne blanche est facile, réducteur et même parfois ridicule. Pourquoi priver l’équipe d’un joueur de champ supplémentaire quand cela est possible ? Surtout que notre position nous assure une vision privilégiée du match. » La révolution est en marche. Du jamais vu dans les années 50. Passé par le hockey sur glace avant de se fixer sur le football, Yachine possède des réflexes fabuleux pour un tel gabarit. Star d’un club unique, le Dynamo Moscou, où il joua pendant 20 ans, Yachine, c’est le pionnier. Le premier goal qui boxe les ballons. Le premier à vite relancer après un arrêt pour privilégier la contre-attaque. Le premier à relancer au pied. Le premier à être une star, en somme. Et puis cette année 1963 comme bijou de toute une carrière, une saison à seulement 6 buts encaissés en championnat, un titre de champion avec le Dynamo, une qualification pour l’Euro avec la sélection à la faucille et au marteau, la star d’un match d’exhibition d’exception à Wembley et pour finir le fameux Ballon d’or. Pour ce Mondial 2018, la Russie a choisi Yachine comme avatar de son affiche officielle. Son plus grand joueur mais surtout un gardien de but. Le dernier rempart de la nation. 500 ans pour avoir un tel joueur dans notre équipe », lâche le coach scandinave à la sortie du match. La folie continue puisqu’en 1957, il plante 31 buts en 19 matches de championnat, un record qui tient toujours. C’est à ce moment que la relation entre le régime soviétique et l’attaquant se crispe. Il refuse, par exemple, d’épouser la fille d’Ekaterina Furtseva, une proche de Nikita Khrouchtchev le Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique, avec un phrase restée célèbre : « Je ne me marierai jamais avec cette guenon ». Un an plus tard, peu de temps avant le Mondial en Suède, l’attaquant est arrêté au camp d’entraînement avant d’être inculpé de viol et violence physique sur une fille d’un général de l’Armée rouge. Incarcéré dans la foulée, il fera 4 ans de goulag. Il faudra l’arrivée au pouvoir de Leonid Brejnev, en 1965, pour revoir Streltsov en équipe nationale. Malgré ses buts, le gouvernement soviétique ne lui délivre pas de visa pour le mondial anglais de 1966. En 1970, alors qu’il envisage de participer à son premier Mondial... il se blesse au tendon d’Achille et met fin à sa carrière sans avoir jamais participé à une Coupe du monde. Il s’éteint en 1990, victime d’un cancer de la gorge. Un an plus tard, à la chute du bloc soviétique, les archives du KGB parlent enfin : Streltsov a été victime d’un complot et emprisonné à tort en 1958. Le tout téléguidé par le Kremlin qui ne tolérait pas cet attaquant doué mais à la fois rebelle et populaire. joueurs de l’U.R.S.S n’étaient pas seulement Russes. Ainsi, le meilleur buteur de l’histoire de la sélection nationale est un... Ukrainien, l’immense Oleg Blokhine (42 buts en 112 capes). L’Ukraine a longtemps été au coeur de la sélection puisque le capitaine de l’équipe de 1966 (quatrième du Mondial), Anatoliy Demyanenko ainsi qu’Oleh Protasov et Oleksandr Zavarov étaient, eux aussi, Ukrainiens. L’emblématique défenseur central des années 60, Murtaz Khurtsilava, était, lui, Géorgien. Dans les années 80, le milieu de terrain travailleur Sergei Aleinikov, passé par la Juventus, était Biélorusse. Enfin, le sélectionneur emblématique de l’URSS, Valeriy Lobanovskyi, est natif de Kiev et a longtemps été un rouage essentiel du Dynamo Kiev sur et en dehors du terrain. Avec la chute de l’URSS, de nombreuses nations ont vu le jour : Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizistan, Moldavie, Ouzbékistan, Russie, Tadjikistan, Géorgie, Turkménistan et Ukraine. Ce qui explique l’éclatement des talents un peu à l’image de l’ex-Yougoslavie. Depuis 20 ans, la Russie n’a jamais vraiment brillé sur la scène internationale, ne sortant même jamais des poules que ce soit en Coupe du monde ou championnat d’Europe à l’exception d’un dernier carré lors de l’Euro 2008. Coupe du monde : Jeux Olympiques : Remplaçants : Rinat Dasaïev (-, sélections), Evgeny Lovchev (-, sélections, but), Oleh Kuznetsov (-, sélections, but), Volodymyr Kaplychnyi (-, sélections), Vagiz Khidiyatullin (-, sélections, buts), Hennadiy Lytovchenko (-, sélections, buts), Oleh Protasov (, sélections, buts), Igor Chislenko (-, sélections, buts), Anatoliy Banishevskiy (-, sélections, buts), Igor Belanov (-, sélections, buts). Sélectionneur : Valeriy Lobanovskyi (-, - et ).