Nice-Matin (Cannes)

France, c’est quoi ton style ?

A la veille de son entrée en lice face à l’Australie, il est toujours aussi complexe de cerner l’identité de jeu de l’équipe dirigée par Didier Deschamps

- VINCENT MENICHINI ET MATHIEU FAURE

Quand on leur pose la question, ils ne savent pas quoi répondre. Alors, la plupart du temps, les joueurs de l’équipe de France bottent en touche. Ou ils bégayent, même. « Avoir l’ADN de l’Espagne ? On n’est pas Espagnol… », a osé Steven Nzonzi dans la semaine. On avait remarqué... Ne pas savoir quel est son style de jeu, voilà un débat taillé sur mesure pour JeanMarc Furlan, l’entraîneur de Brest, éternel romantique. « Se poser la question, c’est déjà y répondre, lâche-t-il, d’emblée. Les Bleus, c’est l’addition des meilleurs individual­ités du monde mais on ne sait jamais ce que ça va donner. » L’ex-coach de Troyes, qui a toujours préféré perdre en jouant bien que gagner en jouant mal, va plus loin et prend l’exemple de Nice pour parler d’identité de jeu : « Quand tu regardes cette équipe jouer, c’est clair et précis. On voit cette volonté de maîtriser le ballon, de répéter les passes, de repartir de derrière. Il y a du plaisir, un style prononcé. »

Deschamps chamboule tout

Depuis que Didier Deschamps a pris les rênes des Bleus, le sélectionn­eur a usé de nombreux systèmes tactiques, a chamboulé ses plans en plein Euro, à la mitemps, du huitième de finale contre l’Irlande. Exit le 4-3-3 et place au 4-42 pour faire d’Antoine Griezmann un deuxième attaquant de pointe, le poste qu’il occupe avec réussite à l’Atlético Madrid. Cela a duré deux ans, jusqu’à ce début de préparatio­n et un nouveau changement de cap, encore face aux Irlandais. Pour placer Kyllian Mbappé dans les meilleures conditions, Deschamps, qui le préfère dans l’axe, a dessiné son équipe en 4-4-2 losange en phase offensive. Un revirement de bord à trois semaines du début du Mondial, cela ne lui ressemble pas. ‘‘DD’’ envisage une grande lessive face à l’Australie, avec les probables titularisa­tions de Pavard, Hernandez, Tolisso et Dembélé pour une équipe identique, à l’exception de Varane, à celle qui a affronté l’Italie, à Nice. Furlan : « On avait fait du « made in France » avec des attaques rapides. C’est ça notre style. Avec Griezmann, Mbappé et Dembélé, tu es servi pour faire ça. »

Furlan : « En France, on a une vision binaire du sport »

« On est moins bien en attaques placées, on doit faire mieux dans ce domaine », reconnaît Deschamps qui a toujours préféré s’adapter aux caractéris­tiques de ses joueurs, plutôt qu’imposer son style. C’est même sa grande force. Il n’a jamais été dogmatique et ne le sera jamais. Contre l’Australie, les Bleus auront la possession et devront trouver la clé, face à un bloc très compact. Un casse-tête que Pascal Dupraz, consultant pour TF1 durant cette Coupe du monde, tente de décrypter. « On va retrouver la même configurat­ion que face à l’Irlande, à savoir un bloc bas et regroupé. Il faudra avoir cette capacité de déstabilis­er en combinant, compter sur les projection­s des milieux comme Tolisso et Pogba. Ce n’est vraiment qu’à partir des 8es qu’on pourra observer la propension des Bleus à jouer face à des équipes qui auront plus la balle. » Cette semaine, Antoine Griezmann a parlé du France - Allemagne de l’Euro comme d’un match référence. Les Bleus n’avaient pas beaucoup eu le ballon, mais étaient parvenus à souffrir ensemble et viser juste en contre-attaques pour une victoire façon Atlético Madrid. « Moi, ça me plaît » ,a lancé ‘‘Grizou’’. « Les Bleus auront plus de mal contre des équipes comme l’Australie, qui refuse le jeu, que face à l’Allemagne, l’Espagne ou le Brésil qui, de facto, auront la balle, pense Furlan. En France, on a une vision très binaire du sport, en gros, le sport c’est gagner. Mais ailleurs, il y a l’idée de plaisir, de liberté, d’audace. On est encore bridés dans nos têtes et les Bleus aussi. Laissons les s’exprimer avec leurs qualités. »

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