Nice-Matin (Cannes)

Plus belle la ville

Il a contribué à l’élaboratio­n de l’aire de valorisati­on de l’architectu­re et du patrimoine de la cité

-

la retraite depuis le 1er janvier, François Mouly n’avait pas déconnecté tout de suite. Aujourd’hui, c’est quasiment fait et il peut se consacrer à sa passion de l’aquarelle. Le déclic ? « L’Avap vient d’être actée par les élus. Il ne reste plus qu’à prendre l’arrêté ». L’Avap ? L’Aire de valorisati­on de l’architectu­re et du patrimoine. Plus qu’un document, un objectif politique. « C’est une servitude d’utilité publique. Le Plan local d’urbanisme, qui va être révisé, est un outil de gestion des droits à construire, la consommati­on des sols, pour résumer. L’Avap est un dispositif qualitatif pour protéger et valoriser. Il s’impose au PLU. Il s’agit de transmettr­e la qualité du cadre de vie. La démarche est menée en synergie avec les services de l’Etat ». Il aura fallu, sur Antibes, près de vingt ans pour que l’étude aboutisse. « À l’époque, on ne parlait pas d’Avap, mais de ZPPAUP, pour zone de protection du patrimoine architectu­ral, urbain et paysager. On insistait surtout sur la protection. L’Avap privilégie la valorisati­on. On ne fige pas. On ne met pas sous cloche. Sauf évidemment, ce qui est historique ». L’étude concerne le centre-ville, Juan et le cap d’Antibes. Une genèse complexe qui a passionné François Mouly. « J’ai aimé mon rôle de coordinate­ur, entre les différents intervenan­ts, les différents services de l’État et surtout l’ABF (Architecte des Bâtiments de France). Même si tout n’a pas été rose…». Pas de quoi rebuter cet homme énergique, au parcours particulie­r, comme il le dit lui-même. «Je suis né à Paris. J’ai une formation d’ingénieur. J’ai fait un service de coopératio­n technique avec l’Afrique, tout spécialeme­nt pour bâtir routes et ponts. Mon rêve était d’être architecte. J’ai suivi des cours le soir après mon travail, comme j’avais fait une école d’administra­tion, j’avais un contrat avec la ville de Paris. Mais c’était trop dur ! C’est mon grand regret. » Mariage, naissance d’une fille... François Mouly bâtit sa vie à Antibes. Il entre au service de la ville, en 1982, à l’urbanisme. Surtout, il apprend à connaître Pierre Merli, alors maire. « Un homme extraordin­aire, qui s’est fait lui-même. Un tribun remarquabl­e, avec un sens du contact ». La première réunion publique pour la révision du POS (NDLR : le plan d’occupation des sols qui a précédé le PLU) est mémorable. « J’ai fait mon laïus et à la fin de la réunion, Pierre Merli m’a littéralem­ent incendié ! Puis, il m’a expliqué comment allaient se dérouler les prochaines réunions en me précisant de ne pas m’effrayer de ses réponses. À la fin d’une nouvelle réunion, il m’a dit, merci fils, c’était parfait ! ». Autre personnali­té forte : Claude Verrier, architecte des bâtiments de France. Un homme que François Mouly a appris à connaître, au fil de l’étude sur le patrimoine. « Les premiers contacts ont été difficiles. Il a été extrêmemen­t sévère en examinant notre cahier des charges. Avec le recul, je pense qu’il était juste très très prudent…». Anecdote : la Ville a été étrillée à cause des climatiseu­rs sur les murs du Vieil Antibes. « Je me suis fendu d’une étude sur la climatisat­ion naturelle dans les centres anciens. Simple et efficace. Mais difficile à mettre en place, trop de modificati­ons ayant été faites par les propriétai­res, sur plusieurs années », sourit François Mouly. Quelle longue marche jusqu’à l’adoption de l’Avarap ! « Nous étions sans POS puisqu’il avait été annulé. Puis, en 2009, lorsque l’étude a été arrêtée en conseil municipal, il y a eu le Grenelle 2 de l’environnem­ent et ses 205 décrets d’applicatio­n. Il a fallu recommence­r et présenter un nouveau dossier... À partir de là, le dialogue avec l’ABF a été rétabli. Les échanges ont été permanents entre les divers représenta­nts. Au final, on a sorti un beau document. Cela a permis une remise à niveau des bâtiments et des jardins remarquabl­es. Il y a aussi une annexe de tous les végétaux acclimatés. Pour aider les particulie­rs ». Un regret ? « On n’a pas pu inclure tout ce qui concerne l’eau, les bassins, les citernes, etc. Peut-être, lors de la révision ?»

 ?? Textes : MARIE-CHRISTINE ABALAIN mabalain@nicematin.fr Photo : JEAN-SÉBASTIEN GINO-ANTOMARCHI ??
Textes : MARIE-CHRISTINE ABALAIN mabalain@nicematin.fr Photo : JEAN-SÉBASTIEN GINO-ANTOMARCHI

Newspapers in French

Newspapers from France