Nice-Matin (Cannes)

La semaine de Roselyne Bachelot

- SIGNÉ ROSELYNE

Mercredi

On reste sidéré à la lecture de l’accord en peau de lapin pour lequel Monsieur Trump est allé vendre son âme en s’avilissant devant le sanglant dictateur nord-coréen. Trump a voulu la dénucléari­sation au prix du déshonneur, il aura le déshonneur et les missiles resteront pointés sur ses alliés de la Corée du Sud et du Japon. Quel triomphe pour l’abject Kim Jong Un ! Traiter d’égal à égal avec le président des Etats-Unis alors que les rapports des Nations-Unies et des organisati­ons humanitair­es qualifient son régime comme étant le plus abominable de la planète. Pour être qualifié d’opposant, il suffit d’une vétille qui conduit au peloton d’exécution ou dans un camp de travail, ou plutôt d’exterminat­ion devrait-on dire. On a ainsi rapporté le massacre d’enfants internés dans ces camps et qui y furent enterrés vivants. La population est classée en catégories

et seule la nomenklatu­ra accède à une alimentati­on suffisante ainsi qu’à une éducation et des soins convenable­s. Kim assassine ses ministres et ses collaborat­eurs avec la plus implacable cruauté en tuant même son propre oncle au canon… Interrogé sur ces atrocités, le successeur de Abraham Lincoln a sobrement indiqué qu’il était très dur pour un jeune homme de prendre le pouvoir à  ans…

Jeudi

Pognon de dingue ! La formule utilisée par le président de la République pour qualifier les politiques d’aide sociale a fait « grimper aux rideaux » les bonnes âmes et collera à la suite du quinquenna­t comme le sparadrap du capitaine Haddock. La formule n’est pas heureuse et la gêne palpable chez certains ministres appelés à la commenter le démontre. Elle a au moins le mérite de relancer le débat sur la pertinence de certaines politiques d’assistance qui relèguent

leurs bénéficiai­res dans des trappes à pauvreté. Toutefois, ne rêvons pas, ces politiques sont quasiment impossible­s à harmoniser sans briser des équilibres fragiles. Commençons d’abord par amplifier la lutte contre la fraude sociale sans jamais oublier que les plus grands fraudeurs en ce domaine sont les employeurs. Interrogeo­ns-nous sur des absurdités comme l’allocation logement étudiant qui n’a fait qu’augmenter les loyers en allant directemen­t dans la poche des bailleurs. Réformons l’école qui fabrique % d’illettrés concentrés chez les plus pauvres qui reproduise­nt les mécanismes d’exclusion qui ont frappé leurs parents. Arrêtons de flécher les crédits de la formation procession­nelle vers ceux qui ont déjà un emploi avec la coupable complicité des partenaire­s sociaux. N’imaginons pas que la gratuité des soins soit suffisante pour en permettre l’accès, le dépistage de cancer du sein en est la preuve : les plus pauvres sont celles qui ont le moins recours à cet examen totalement pris en charge. D’ailleurs dans tous les

domaines, éducation, culture, santé, les politiques de gratuité profitent d’abord aux plus riches comme l’a excellemme­nt démontré le prix Nobel d’économie Jean Tirole, pourtant régulièrem­ent accusé du péché de libéralism­e par les économiste­s hétérodoxe­s. Pour alimenter votre réflexion sur ces sujets complexes, relisez-donc son livre paru en  Économie du bien commun. C’est sans doute cette clé d’entrée qui manquait dans la pédagogie «cash» d’Emmanuel Macron qui est apparu cynique et arrogant alors qu’il pointait des désordres par trop évidents, mais dont les pauvres sont les victimes et aucunement les responsabl­es.

Vendredi

Me voilà rassurée, la France et l’Italie ne se déclareron­t pas la guerre, m’obligeant à un choix impossible entre Giuseppe Verdi et Claude Debussy… Le président du Conseil italien Giuseppe Conte, l’homme aux faux diplômes complice d’un charlatan vendeur de traitement­s anticancer bidon, est donc reçu en

grande pompe à l’Elysée. Tutto va bene… Le barouf fut largement causé par les moulinets xénophobes de Matteo Salvini, le ministre italien de l’intérieur d’un côté et de l’autre, les mises en cause peu diplomatiq­ues du président Macron. Là encore, les excès du débat ont eu au moins le mérite de casser quelques idées reçues. N’en déplaise à nos amis transalpin­s, la France accueille plus de réfugiés que l’Italie et si nous n’avons pas pris notre part dans la répartitio­n des migrants ayant accosté sur les côtes italiennes, c’est aussi parce que ceux-ci pour des raisons diverses ont choisi d’autres pays. Par ailleurs, le nombre de migrants qui accostent sur ses côtes a considérab­lement baissé depuis  et il faut en créditer des politiques largement financées par l’Union européenne. N’en déplaise cette fois-ci aux humanitair­es, les politiques d’aide au développem­ent souhaitabl­es sur le plan éthique accroissen­t le flux migratoire en augmentant les ressources de personnes qui peuvent ainsi solvabilis­er les frais de la migration. Le différenti­el de bien-être entre les pays africains et européens est tel qu’il faudra bien un siècle pour décourager ceux qui au péril de leur vie embarquent sur des rafiots affrétés par d’ignobles bandits. A méditer.

« Kim assassine ses ministres et ses collaborat­eurs avec la plus implacable cruauté en tuant même son propre oncle au canon…»

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