Nice-Matin (Cannes)

J’ai testé « Vinted » pour mon shopping en ligne

-

rama quand on sort de l’autoroute ». C’est comme ça qu’Eve m’a expliqué où trouver son jardin, sur les hauteurs de Menton. Eve est productric­e de fleurs bio, des fleurs qui se mangent. Ce matin-là, elle accueille un groupe d’étudiants en LEA à l’université de Nice, parce que deux d’entre eux font de cette visite leur «projet tutoré». Alors l’agricultri­ce entreprend de leur inculquer, et moi avec, les bienfaits d’une alimentati­on bio et locale. Elle raconte d’abord comment elle s’est retrouvée à cultiver ces 21 000 mètres carrés

‘‘ appartenan­t à la mairie. Eve Vernice est née à côté de Dijon, en Côte-d’Or, et elle est arrivée il y a 20 ans sur la Côte d’Azur – elle en a 40. Elle a travaillé dans la restaurati­on après le bac. Le déclic? Un jour en faisant ses courses, elle se voit «en train de cueillir une tomate». Elle cherche un bout de terrain, trouve une mini-parcelle à Gorbio. Son voisin, Philippe, est agriculteu­r. « Je lui disais : ‘‘Qu’est-ce que tu as de la chance !’’ Un jour, il m’a répondu : “Ce n’est pas de la chance, c’est un choix.’’ »

Ils veulent tous des fleurs

Lorsqu’elle veut se lancer, après son diplôme au lycée horticole d’Antibes, elle pense d’abord à cultiver des légumes anciens. La découverte des fleurs comestible­s est une révélation. La chambre d’agricultur­e a beau ne pas être très emballée par le projet – « personne ne veut des fleurs » –, Eve insiste, va voir les chefs des grands restaurant­s alentours – «Ils veulent tous des fleurs » –, et commence à planter. Elle cueille tous les matins ses fleurs avant que les premiers rayons du soleil ne les touchent. « Sinon, elles vont se conserver moins longtemps». Elle les range dans des petites boîtes en plastique, qu’elle recycle et réutilise, et fait la tournée des restos avec sa glacière. On goûte des boutons de bégonias, c’est plutôt bon. Des pensées, c’est un peu acide. « C’est quoi, pour vous, l’agricultur­e bio?», demande Eve. « Sans pesticide » ,répond une étudiante. « C’est ne pas traumatise­r la ter re », reprend Eve. Elle parle de pH, celui du sol, qu’il ne faut pas modifier avec des engrais de synthèse, et celui du corps humain. «Pourquoi il ne faut pas manger des légumes d’été en hiver ? Parce qu’ils sont trop acides, et notre corps absorbe moins bien cette acidité l’hiver. » Eve fait les questions et les réponses devant la petite classe qui l’écoute sans bavarder. « Et si on veut planter nos graines ? », interroge Chloé. «Plus elles sont grosses, plus c’est facile. Commencez par des capucines, des fleurs de souci, des bégonias», dit Eve. Elle veut bien dévoiler un de ses secrets : « Quand on les plante, il faut que la terre soit trempée.» Je me souviens qu’Amélie m’a conseillé de faire un tour à l’épicerie Boomerang de Mouans-Sartoux, temple du « consommer autrement « Consommer autrement », c’est aussi changer ses habitudes de shopping ; cette semaine, j’ai commandé en ligne des vêtements vintage. Enfin, un pull. J’avais déjà entendu parler de la plateforme de revente d’occasion Vinted et Amélie, ma coach pour le mois, me l’avait conseillée. Vinted est né en avril , mais l’histoire commence en Lituanie,  ans auparavant. Justas a  ans – depuis, il est devenu p.-d. g. de la société – et il veut rendre service à son amie Milda qui vend des vieux vêtements et qui ne sait pas à qui les refiler parce qu’elle déménage. Comme il est très fort en informatiq­ue, il lui ouvre une plateforme en ligne, et les copines de Milda la rejoignent, les copines des copines aussi. Ensuite, c’est une belle histoire sauce Erasmus. Sophie Utikal, allemande et coachsurfe­use émérite, rencontre Justas au cours d’un voyage en Lituanie. Elle flaire la bonne idée de ce qui est entretemps devenu l’un des sites lituaniens les plus visités et, de retour en Allemagne, aide le jeune ». C’est une épicerie 100 % vrac, sans aucun emballage. Évidemment, je ne suis pas arrivée munie de bocaux, cabas en tissu, ni même un sac en plastique, puisque je les oublie toujours. Mais les propriétai­res ne sont pas sectaires : on y trouve quand même des sachets en papier kraft.

Charbon actif et savon solide

Dans les rayons, des fruits, des légumes, des produits secs et d’hygiène. Je prends un bâton de charbon actif

‘‘ pour filtrer l’eau du robinet (et se passer de bouteilles en plastique) ; une dame à côté de moi achète un gros cube de shampoing solide pour 15 euros, son mari trouve ça un peu cher, elle jure qu’il dure «beaucoup plus longtemps » que tous les autres flacons qu’elle a pu tester en grande surface. homme à lancer la version allemande, qui s’appellera Kleider Kreisel. Vinted s’exporte en Pologne, en République Tchèque, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Espagne et au Pays-Bas. La déclinaiso­n française est lancée il y a  ans. La start-up se définit comme étant « à la croisée du réseau social et de la plateforme de vente et d’échange » et les chargés de communicat­ion expliquent ainsi son succès. Les membres – la proportion de femmes âgées de  à  ans est énorme, selon les responsabl­es du site citées dans L’Express – sont baptisées les « Vinties » et sont fortement incitées à suivre les actus les unes des autres façon Facebook. Ce que je n’ai pas fait, et ça marche aussi. J’ai créé un compte sans photo, avec le strict minimum d’informatio­ns. Vinted met directemen­t en relation vendeur et acheteur. Comme le site joue la carte réseau social, les deux doivent se parler pour échanger des informatio­ns – et éventuelle­ment négocier le prix. Gérée par Laura Giacco et Thomas Franchi, l’épicerie Boomerang est née il y a deux ans. Le couple s’est installé à Mouans-Sartoux parce que la ville leur semblait mûre pour accueillir ce type de commerce. Devant l’épicerie, il y a un petit jardin. «Partagé avec la mosquée et l’antiquaire », explique Thomas Franchi. Ce sont des jardinière­s municipale­s qui ont été transformé­es en potager partagé. Les épiciers ont proposé d’y planter des légumes l’an dernier, la mairie a aussitôt accepté. Lorsque la première récolte est arrivée à maturité, « les gens ont un peu cassé quelques branches ». Passée la surprise, le civisme est de mise. « L’idée, c’est de développer ça un peu partout dans la ville », ajoute Thomas Franchi. Je sors sans avoir trouvé de solution pour acheter papier toilette et essuie-tout. Amélie me suggère de faire du troc ; j’hésite encore.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France