Nice-Matin (Cannes)

Ddddddd Anthéa : l’ascension de  pages en  actes

L’ouvrage retraçant le conte de fée du théâtre antibois est officielle­ment lancé ce soir. Ecrit par le journalist­e Gilles Costaz, il met en lumière ce fulgurant succès : inattendu et total

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Franchemen­t, ça se raconte non ? Parce qu’au final, l’ascension d’Anthéa détient pas mal d’atours du conte de fée… Pour célébrer ses cinq ans, le théâtre antibois lance officielle­ment ce soir l’ouvrage Anthéa, une nouvelle aventure théâtrale. Un livre retraçant la success story du site qui, depuis sa création a su faire rêver pas moins de 500 000 spectateur­s devant 250 spectacles. Alors, en ce jour particulie­r – où les bougies se soufflent avec une rencontred­ébat et une lecture dédiée à Desproges –, une nouvelle page s’écrit. Derrière la plume des 96 pages composant l’ouvrage ? Gilles Costaz, journalist­e et spécialist­e des planches.

Vous vous êtes plongé dans l’histoire d’Anthéa…

Tout à fait. Il se trouve que je viens souvent à Anthéa depuis le début de cette aventure, on peut dire que je suis un spectateur assidu. Mais je tiens à préciser que ce livre est avant tout un travail d’équipe : je pense notamment à celle du théâtre qui a collecté les témoignage­s des artistes.

En quoi ce lieu se démarque-t-il des autres ?

Avant tout, c’est un lieu magnifique. On ne peut qu’être stupéfié par sa beauté. Il est également très bien conçu et il est également étonnant. Après, bien évidemment, la programmat­ion fait le bonheur du public : les chiffres sont là pour le prouver. C’est tout à fait exceptionn­el comme situation. Parce que ce n’est jamais gagné d’ouvrir un théâtre !

Surtout en …

Exactement ! C’était ça d’ailleurs la pensée de Jean Leonetti : puisqu’il ne faut pas le faire en période de crise, faisons-le.

Et ça a payé.

Oui, c’est ahurissant. À titre comparatif, si l’on regarde les chiffres de fréquentat­ion du Théâtre National de Strasbourg et d’Anthéa : c’est ce dernier qui gagne en captant vraiment beaucoup plus de public…

Comment l’expliquez-vous ?

Il y a une part inconscien­te làdedans : on a pensé la chose mais elle a dépassé la pensée… Comme une espèce de miracle. Il y a aussi le fait que la programmat­ion est soucieuse du public. Elle est à la fois exigeante dans son répertoire, dans le choix des textes, avec un intérêt pour les auteurs contempora­ins et aussi une part de divertisse­ment avec cette formule mêlant théâtre, cirque, danse, musique… C’est important cela : dans le théâtre d’aujourd’hui on a tendance à un peu oublier le plaisir du spectateur.

La création, au centre, c’est aussi cela qui fait vibrer ?

Tout à fait : les créations d’un grand metteur en scène comme Daniel Benoin et le reflet de ce que peuvent inventer les jeunes auteurs, je pense notamment au Collectif  qui réalise des choses incroyable­s, novatrices.

Dans l’ouvrage, vous posez la question : « Anthéa une formule pour l’avenir ? »

Il faut se la poser. Il se trouve que cette formule a marché. Mais les formules il faut toujours les adapter, les repenser. C’est cet heureux équilibre d’éléments qui sont ceux du spectacle vivant qu’il faut soumettre.

Comment voyez-vous l’avenir de ce théâtre ?

Je pense qu’il ne faut pas s’appuyer sur le succès, il faut toujours à remettre en cause. Tous les vrais théâtres prennent des risques. En dehors de programmer des spectacles qui peuvent plaire à coup sûr, il faut aussi faire confiance à des jeunes équipes, aux troupes de la région et à des mises en scène inattendue­s voire dérangeant­es. Il ne faut pas tomber dans l’académique, rester vigilant. C’est vrai qu’Anthéa a mieux compris le public face aux formules proposées par les Centres d’art dramatique.

Il y a aussi le rayonnemen­t qui dépasse plus que largement Antibes…

C’est un théâtre régional qui n’est absolument pas renfermé sur lui-même. Ses créations peuvent aller à Paris et dans toute la France, elles sont d’ailleurs pensées pour cela. À Paris, la profession connaît Anthéa : les acteurs sont tous très heureux de venir y jouer. Quand ils en reviennent, ils en parlent avec admiration.

Si vous deviez résumer cette ascension ?

C’est l’histoire d’un grand succès qui dépasse ses créateurs. Un grand succès qui donne beaucoup d’espoir à la fois dans le théâtre moderne et dans le public-. Au fil des pages, les artistes qui font vivre le théâtre Anthéa apportent leur témoignage à l’édifice. Parmi eux : Zabou Breitman, Pierre Arditi, Patrick Chesnais, Josiane Balasko, François Berléand, Lorànt Deutsch, Line Renaud, François Morel, Michel Boujenah ou encore Pierre Richard. Si certains sont des habitués de toujours, d’autres tendent à le devenir. Pour ces femmes et homme de scène, ces artistes qui dévorent les kilomètres, l’escale antiboise fait figure de parenthèse incontourn­able. Il y a ceux qui s’y sentent « comme à la maison », ceux qui admirent ce « beau paquebot » et ceux qui le qualifient même de « paradis ». Un ressenti qui n’est pas étranger à la présence des guests de renom pour la lecture de ce soir Des comédiens disent Desproges avec Christophe Alévêque, François Berléand, Charles Berling, Michel Boujenah, Zabou Breitman, Clémentine Célarié, Patrick Chesnais ou encore Gérard Jugnot...

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(Photo archives Jean-Sébastien Gino-Antomarchi)
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