Pièges à pigeons : la Ville se fait voler dans les plumes
Cannes L’installation de « pièges » sur le toit terrasse de la MJC Picaud révolte certains défenseurs de la cause animale
Au sens propre (façon de parler) ou au figuré (comme au cinéma italien), le pigeon a bien mauvaise réputation. Est-ce une raison pour lui clouer le bec ? C’est un peu la question posée par une riveraine de la MJC Picaud, ancienne militante de la SPA, qui s’insurge contre des « pièges à volatiles » disposés récemment sur le toit terrasse de cette maison de la culture.
« Scandaleuse capture ! »
« Ces oiseaux sont en plein soleil, piégés et enfermés dans des cages, agonisant sans eau, et ne sont pas récupérés tous les jours. C’est absolument inadmissible ! ,dénonce avec virulence Odile Heller, qui n’hésite pas à voler dans les plumes de la municipalité, au nom de la sauvegarde des oiseaux. Je suis choquée, et je ne suis pas la seule, par ce moyen de procéder. Il y a acte de cruauté envers les animaux, et c’est nous, les Cannois, qui réglons les frais de cette scandaleuse capture par des gens qui n’ont pas d’état d’âme ». Et de préciser que l’abreuvoir de la cage a été renversé « par ces oiseaux apeurés » ,etque« des cadavres » jonchent l’intérieur de la cage. Côté mairie, on plaide responsable, mais non coupable : les pigeons morts auraient été victimes d’une attaque de goélands ! De quoi faire ressusciter Hitchcock pour tourner un remake de son film Les Oiseaux à Cannes. « Le prestataire a indiqué que la cage avait dû être ouverte et retournée, car plus aucun pigeon n’y était », indique encore un communiqué de la Ville. Et de préciser à son tour que les pigeons ne sont pas non plus des anges, fussent-ils ailés. Au nom de l’hygiène et de la santé publique ! « Ils sont à l’origine de dégradations des biens publics et privés par l’accumulation des fientes très corrosives, porteuses de maladies transmissibles à l’homme… Les pigeons sont considérés comme nuisibles lorsqu’ils sont présents en forte concentration dans un endroit localisé ». Autrement dit, de moins en moins voyageurs mais de plus en plus pollueurs en ville, les pigeons sont désormais désignés comme des ennemis publics urbains. D’où une politique dite de « régulation » de la population colombine. Soit par stérilisation des oeufs et gestion du pigeonnier installé au square Verdun. Soit par cette capture via des cages mobiles.
Une « régulation »
« La mairie étudie la possibilité de passer uniquement à une régulation par stérilisation des oeufs, en augmentant le nombre de pigeonniers », s’empresse-t-on de conclure à l’hôtel de ville. En attendant, Odile Heller ne décolère pas. Foin de roucoulements ! « Il y a d’autres moyens plus humains que ces cages, et réduire ainsi leur population n’est pas une solution, car ils se reproduisent deux fois plus en réaction », souligne celle qui a également alerté la fondation Bardot et la Ligue de protection des oiseaux. Pendant ce temps, la cage de la MJC Picaud a été retirée, comme pour étouffer la polémique dans l’oeuf. Mais la controverse ne manque pas de sel, quitte à entraver l’envol des pigeons.