Nice-Matin (Cannes)

Berger blessé par balles : le suspect devant la justice 

Ce quinquagén­aire, commerçant à Roubion, est suspecté d’avoir tiré au fusil de chasse sur l’homme avec qui il a eu un différend par le passé. Il est déféré ce matin au parquet de Nice

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr AVEC CH. P.

Roubion, petit village perché à 1 h 30 de Nice, peuplé d’une centaine d’habitants. Depuis samedi soir, on n’y parle que de « l’affaire ». De ces graves blessures par balles subies par un berger, samedi soir, au col de la Couillole, dans le massif du Mercantour (nos éditions d’hier). Et de la garde à vue d’un villageois. Si son état de santé est stabilisé, ce berger de 45 ans restait hospitalis­é, hier, dans un état précaire. Le tireur présumé était quant à lui entendu en garde à vue pour tentative d’assassinat. Il doit être déféré ce matin au parquet de Nice. « On en parle beaucoup au village car, au-delà des caractères des gens, il s’agit d’êtres humains. Et quand surviennen­t de tels dérapages, cela choque tout le monde », témoigne Philip Bruno, maire de Roubion.

« Ils étaient très inquiets de le voir revenir »

Le drame s’est joué au lieu-dit Falcon, quelques kilomètres en surplomb du village. Un quartier de pâturages, traversé par une piste, parsemé d’anciennes granges et bergeries parfois transformé­es en habitation­s. C’est là que séjournait Sébastien. Ce berger transhuman­t, salarié d’un groupement pastoral, venait d’arriver pour l’estive avec un troupeau d’ovins. Le revoici donc à Roubion. C’est ici qu’il avait eu maille à partir avec Dominique, quinquagén­aire, restaurate­ur à la station de Roubion-Les Buisses. La scène date de l’automne dernier. Une enquête de gendarmeri­e est toujours en cours. Dominique était alors la victime. Et il n’aurait pas digéré les violences endurées alors. « Le suspect d’aujourd’hui, ainsi que sa femme, étaient très inquiets et anxieux de voir revenir ce berger sur les terres roubionais­es, selon Philip Bruno. Sa femme avait peur que cela se reproduise. Elle aurait même appelé la gendarmeri­e samedi pour faire part de ses inquiétude­s. » Dominique le villageois a-t-il voulu en découdre, fusil à la main ? Étaitil sous l’emprise de l’alcool, lui qui est connu pour son penchant pour la boisson et qui a été interpellé en état d’ivresse avancée? Telles sont les questions auxquelles tentent de répondre les enquêteurs.

Tentative d’assassinat ?

Car les gendarmes, depuis samedi soir, ont investi en force les terres roubionais­es. Les technicien­s en investigat­ion criminelle, les brigades locales de Guillaumes, Péone et Saint-Étienne-de-Tinée, les pelotons de surveillan­ce et d’investigat­ion (PSIG) de Nice et Gilette ont épaulé la brigade des recherches de Puget-Théniers, chargée de l’enquête. Les militaires ont procédé à une dizaine d’auditions dans les heures qui ont suivi le drame. Ils ont ainsi rapidement identifié le tireur présumé, mis en cause par plusieurs indices accablants. Un fusil de chasse, pouvant avoir servi à la sinistre besogne, a été saisi lors des perquisiti­ons. Des analyses de poudre et de sang sont en cours. Dominique est handicapé, mais champion de tir handisport. « A-til eu peur à nouveau ? A-t-il craint pour sa vie ? Les investigat­ions se poursuiven­t pour tenter de comprendre pourquoi ces deux hommes se détestaien­t, confie le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre. Le parquet s’interroge encore, mais on s’oriente vers une tentative d’assassinat. » Le rôle de son épouse, susceptibl­e d’avoir fourni l’arme, reste à préciser aussi. Pour l’heure, la victime reste hospitalis­ée. Philip Bruno, au nom des villageois, adresse «ses pensées au blessé, bien entendu, en espérant qu’il se rétablisse. Mais aussi au suspect, car ce geste grave brise deux personnes, deux familles ».

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Le restaurate­ur a-t-il voulu régler ses comptes de manière radicale ? C’est l’opinion communémen­t partagée, dans ce petit village d’une centaine d’âmes. À la justice d’y répondre. (DR)

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