Nice-Matin (Cannes)

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- CORINNE JULIEN BOTTONI

Nice-Matin, , boulevard du Jeu-de-Ballon, à Grasse. Horaires d’ouverture du secrétaria­t : de  à  heures et de  à  heures. Téléphone : ..... Email : grasse@nicematin.fr Facebook : Nice-Matin Grasse Retrouvez cette rubrique qui donne la parole à un habitant de la cité des parfums ou du pays grassois. Aujourd’hui : Daniel Thiery évoque la place de La Poissonner­ie et les Producteur­s réunis.

Revenir sur la place de la Poissonner­ie me rappelle de bons moments. Cela fait bientôt dix ans que j’ai pris ma retraite, mais j’ai l’impression d’avoir quitté l’endroit hier, tant mes souvenirs restent vivaces », déclare Daniel Thiery en évoquant les Producteur­s Réunis, le grossiste en fruits et légumes qui l’a employé durant de longues années. Né le 15 mars 1953, à Remiremont, dans les Vosges, Daniel est l’aîné d’une fratrie de quatre garçons. Léa, sa grand-mère maternelle lui transmet dès son plus jeune âge, sa passion de la cuisine et des bons produits. Après l’école hôtelière, le jeune homme effectue des saisons à Morzine, aux DeuxAlpes et en Suisse. C’est au cours d’un mariage, qu’il rencontre sa future femme, Marie-France, aide-soignante dans la cité des Parfums. Daniel décide alors de se fixer à Grasse.

Une ancienne de bananes mûrisserie

« En ce temps-là, on trouvait facilement du travail. Muni de mes diplômes, j’ai trouvé un emploi de cuisinier au Majestic à Cannes, d’abord comme chef du garde-manger, puis en tant que chef-rôtisseur, puis saucier et enfin comme aboyeur au passe-plat. » Cependant, les horaires du métier ne permettent pas à Daniel de profiter de sa petite famille. Le maître queux décide de choisir une nouvelle voie. Ayant appris qu’un grossiste en fruits et légumes, installé depuis des décennies à Grasse, cherche un employé, Daniel postule sans attendre et se voit aussitôt embauché. Il va alors découvrir l’entrepôt, sis au n° 6 de la place de la Poissonner­ie, un lieu qui lui rappelle le marché Forville. L’animation semble constante, toutes les boutiques sont ouvertes dès potron-minet : le volailler Rosso suspend ses poulets et ses lapins, Aymar le boucher découpe ses quartiers de viande, Fabre s’apprête à livrer son vin et Dolla dessale la morue dans un grand bassin. L’atmosphère se charge lourds effluves qui flottent autour de la halle aux poissons. Le chapelier Cordier, coiffé de son éternel canotier est aussi présent. «Le soir, on arrivait vers 11 h. Les lundis, mercredis et vendredis étaient les jours de marché. On allait chercher la marchandis­e au MIN de Nice, au carreau. À l’époque, on chargeait les caisses de fruits et de légumes à la main. Entre les chargement­s, les déchargeme­nts, les livraisons et autres mises en place, les colis nous passaient dix à douze fois dans les mains. » La préparatio­n des commandes reste un moment incontourn­able. Il faut dire que les Producteur­s Réunis servent alors tout Grasse. « Notre clientèle se composait d’épiciers, de restaurant­s, de collectivi­tés, d’usines sur un périmètre géographiq­ue important. Pour livrer les épiciers de la vieille ville, il fallait parcourir un lacis inextricab­le de ruelles étroites et encaissées. Le moyen le plus adapté à la topographi­e des lieux était le diable qui se faufilait partout. » Daniel livre les alentours avec une estafette. La direction assistée n’existe pas encore et parfois, pour manoeuvrer, il faut être deux pour tourner le volant du camion !

Quand l’estafette perd une roue !

« Je me souviens du jour où me rendant au Bar-sur-Loup, l’estafette a perdu une roue. Mon collègue est venu aussitôt avec un autre véhicule pour continuer la livraison. C’était épique, il fallait trouver des solutions pour ne pas perdre les clients. Avec le recul, je me dis que finalement l’esprit d’entraide prévalait vraiment ! » À proximité de la Poissonner­ie, se trouve la place aux Herbes. « Chaque matin, les revendeurs dressaient leurs tréteaux dans un joyeux brouhaha. Les maraîchers du Plan et de la Marigarde avaient leurs chalands attitrés. Le tout-Grasse venait alors s’approvisio­nner sur la place. Contrairem­ent aux Aires qui drainaient une clientèle plus bourgeoise, les Herbes étaient un marché populaire où l’on faisait de bonnes affaires. On y trouvait les produits des producteur­s locaux, mais aussi des fromages, des volailles et des oeufs pondus le matin même ». À l’époque, les deux places sont de véritables fourmilièr­es et les étals, des mosaïques de couleurs. La parole fuse on se donne des nouvelles, on s’esclaffe tandis que les camelots invectiven­t la foule. À treize heures, les poissonniè­res quittent la place et l’arroseur municipal lave à grande eau, le carreau et les bancs de pierre. Aujourd’hui Daniel et Marie-France vivent à Saint-Cézaire. Ils consacrent l’essentiel de leur temps à leur jardin, à la lecture et aux visites guidées de la ville de Grasse et de la région. « Nous prenons le temps de découvrir le patrimoine historique de Grasse et des communes environnan­tes. » Pour Daniel, c’est sur la place de la Poissonner­ie qu’a vraiment battu le coeur de la ville.

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Présent : aujourd’hui, une retraite entre jardinage et histoire locale.
Hier : à douze ans, Daniel apprend à jouer de l’accordéon. Présent : aujourd’hui, une retraite entre jardinage et histoire locale.
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(Photos DR et C.J.-B.)

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