Nice-Matin (Cannes)

Décès à Ste-Marie : le médecin condamné

- CHRISTOPHE CIRONE

« Je suis très, très soulagée que le médecin ait été reconnu coupable. Il avait fait preuve de tant de mauvaise foi et de peu d’intérêt pour le cas d’Olivier… » Hélène, la mère d’Olivier Gandolfo, confie son émotion hier. Son fils unique, interné en psychiatri­e à l’hôpital SainteMari­e à Nice, avait succombé à une occlusion intestinal­e le 28 novembre 2013. Le Dr T., interne de garde ce soir-là, (devenue médecin depuis) et l’associatio­n hospitaliè­re Sainte-Marie (AHSM) étaient poursuivis pour homicide involontai­re. Hier, tous ont été condamnés. Lors du procès correction­nel à Nice, seuls l’interne et l’AHSM avaient été reconnus coupables. Le médecin de garde, lui, avait obtenu la relaxe. Mais le parquet avait interjeté appel. Le président de la cour d’appel d’Aix-en-Provence avait particuliè­rement malmené le prévenu, lors de l’audience du 23 mai dernier. Et ce lundi, la cour l’a condamné. La cour a infligé à Dominique T. un an de prison avec sursis-mise à l’épreuve pendant deux ans. Une sanction plus clémente que les deux ans avec sursis requis par l’avocat général. Mais assortie d’une coquette amende de 10 000 euros.

« On lui devait cela »

La cour a confirmé la précédente condamnati­on de l’interne : six mois avec sursis. Peine confirmée aussi pour l’AHSM, le parquet s’étant désisté de son appel : 10 000 euros d’amende, là encore. À cela s’ajoute un total de 80 000 euros d’indemnités à verser à la famille du défunt (sa mère, mais aussi ses oncles et tantes) au titre du préjudice moral et de la perte de chance. «Les parties civiles sont satisfaite­s que les responsabi­lités aient été établies par la cour, dans le contexte difficile d’un hôpital psychiatri­que, salue Me Sylvie Martin. La maman avait un tel sentiment d’injustice… Elle a été entendue. Cela va l’apaiser. » La mère d’Olivier confirme : « C’est une reconnaiss­ance pour sa famille, ses amis, sa petite amie, mon compagnon… Heureuseme­nt qu’ils étaient là. On devait cela à Olivier. Il ne méritait pas ça ! Durant toutes les années de sa mise à l’épreuve, le médecin pensera à Olivier. Comme il aurait dû le faire ce jour -là… »

Pourvois en cassation

Côté défense, le ton est forcément tout autre. Le Dr T. espérait une nouvelle relaxe. Son avocat, Me Hervé Zuelgaray, a joint au téléphone un homme abasourdi. « Il est sous le choc. C’est une condamnati­on profondéme­nt injuste. Il estime ne pas avoir commis de faute à l’origine de ce décès. Même si je comprends que cela soit inaudible pour les victimes, il y a matière à discuter sur le plan juridique… Cette bataille juridique continue donc. » Les débats ne sont peut-être pas clos. Dès hier, la défense du Dr T. a introduit un pourvoi en cassation. Me Eric Borghini en a fait de même pour l’interne devenue médecin. « Bien que la décision soit plus favorable en appel (pas d’inscriptio­n au casier judiciaire), nous considéron­s cette condamnati­on injuste. Nous attendons les motivation­s de l’arrêt et verrons, par la suite, s’il y a lieu ou non de maintenir le pourvoi. » Il pourrait donc y avoir un troisième procès Gandolfo.

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