Nice-Matin (Cannes)

«C’est la loi du plus fort». Pierre Bornet, le maire de Cabris, maintient sa volonté de démissionn­er

- MAXIME ROVELLO

« Nous sommes excédés, affirme l’édile du village. Cela fait une dizaine d’années que des villages comme Cabris, St-Vallier ou encore Tourrettes-Levens sont forcés d’accueillir les gens du voyage pour décharger les communes du littoral. Tant que rien ne bougera, je maintiendr­ai ma démission et celle du conseil municipal. » Cela fait 24 heures et Pierre Bornet ne décolère toujours pas de cette situation. Sur son bureau, de nombreux dossiers mais surtout des courriers datant de 2015, expliquant que la préfecture des Alpes-Maritimes allait initier des réunions au sujet de l’accueil des gens du voyage sur des aires de grands passages. « Trois ans plus tard, on en est toujours au même stade. Ce n’est pas la première fois que les gens du voyage viennent à Cabris. »

La loi de la République contre la loi du plus fort

« Il faut retenir deux choses : il y a la loi de la République et la loi du plus fort, reprend Pierre Bornet. Dans cette situation, c’est la seconde qui prime et ce n’est pas mon rôle de la faire appliquer. Elle est maniée par les gens du voyage, qui s’imposent avec leurs caravanes par la force, mais aussi par les communes du littoral. Elles ont un pouvoir politique plus important. Et là où je suis désabusé, c’est que la loi du plus fort est mise en place par celui qui devrait faire respecter celle de la République. Le préfet. Quelle image cela donne à la population ?! » Le maire de Cabris fait référence aux cadenas et aux bornes de sécurité qui ont été forcées par les gens du voyage. Un camion bloquant l’entrée du Pré aurait été ouvert par effraction sous les yeux des gendarmes, sans qu’il y ait eu d’interpella­tion.

« Le Grand Pré de Cabris, c’est ma plage »

Le motif de la venue à Cabris ? Le manque de terrain adapté sur le littoral. « Vous croyez que le Grand Pré de Cabris est plus adapté qu’un stade de foot ? Non, nous ne pouvons pas assurer la sécurité. Est-ce qu’on mettrait les gens du voyage au centrevill­e de Cannes ou de Mandelieu ? Non, ils sont immédiatem­ent évacués mais quand c’est sur un terrain au centre d’un village, on les laisse. Le Grand Pré de Cabris, c’est ma plage. C’est ce qui fait l’attractivi­té commercial­e de ma commune. Les plages du littoral, on n’y touche pas. Quand c’est Cabris, on autorise, c’est anormal. »

Une invitation à dialoguer et pas de blocage à Nice

Pierre Bornet ne digère toujours pas le fait de ne pas avoir été prévenu de l’arrivée des gens du voyage sur sa commune. « On aurait préféré qu’il le soit, affirme un membre de la communauté du voyage, sur place à Cabris. Nous comprenons son incompréhe­nsion. Nous avons seulement suivi les indication­s du préfet qui nous a dirigés vers Cabris. On aurait préféré que le maire soit au courant, il y aurait peutêtre eu moins de tension. Nous aimerions qu’il y ait un dialogue entre lui et nous, un échange cordial pour qu’il n’y ait pas de problème. » Un temps évoqué, le blocage de la Promenade des Anglais à Nice est désormais de l’histoire ancienne. « Trois membres de la communauté étaient en garde à vue. Aujourd’hui [hier Ndlr], deux ont été relâchés et un autre passe en comparutio­n immédiate à Grasse [Il a été placé en détention provisoire en attendant son procès, le 20 juillet, lire page précédente]. Ainsi, il n’est plus question que nous allions à Nice, nous ne voulons pas de débordemen­t supplément­aire. » La communauté des gens du voyage a annoncé qu’elle quitterait le Grand Pré de Cabris dimanche prochain.

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(Photo DR - Reporter mobile) Les gens du voyage sont installés sur le Grand Pré de Cabris depuis mardi. Au grand dam du maire du village qui n’était pas au courant de leur venue.

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