Le « coeur de ville » dans le viseur de l’opposition
La Ville de Grasse a été retenue pour pouvoir bénéficier du plan national « Action coeur de ville ». Un projet qui n’a pas l’air d’emballer l’opposition du conseil municipal
Pour le maire de Grasse, c’est un projet qui lui tient à coeur – c’est le cas de le dire. À tel point que Jérôme Viaud a tenu une allocution avant le conseil à ce sujet. « Avec la majorité municipale, nous portons avec détermination le projet d’un coeur de ville redynamisé autour de projets majeurs, structurants et, disons-le, vitaux. Parmi eux, la construction de la médiathèque, la requalification du quartier Martelly et l’implantation d’un campus étudiant multi-sites. Des projets pour lesquels nous avons besoin des soutiens et de financements. C’est dans ce contexte que la Ville de Grasse a décidé de déposer sa candidature dans le cadre du plan national “Action coeur de ville” qui vise à redonner leur attractivité aux villes moyennes. »
La convention cadre prévue pour septembre
Fin mars, le ministre de la cohésion des territoires Jacques Mézard annonçait que Grasse était retenue, avec 221 autres villes pour intégrer ce dispositif, pour lequel une enveloppe de plus de 5 milliards d’euros sur 5 ans – pour l’ensemble des villes. Alors que les services sont à pied d’oeuvre pour affiner le contenu du projet, et ainsi débloquer les fonds rapidement, le maire affirme avoir déjà «présenté les contours du dossier grassois au préfet des Alpes-Maritimes. Des réunions de travail et d’autres étapes importantes nous amènerons à signer la convention cadre à la fin du mois de septembre. » Si l’opposition a voté pour cette délibération, elle avait quand même quelques réflexions à ce sujet. À commencer par Jean-Marc Degioanni (FN) qui s’interroge sur les possibles «millions d’euros investis dans le coeur de ville» , depuis la mandature d’Hervé de Fontmichel.
Un centre-ville communautariste ?
«Pour quel résultat? reprend-il. Quand vous nous dites que des étudiants vont venir dans le centre-ville, j’applaudis des deux mains. Mais quelque part vous aviez le même discours avec ce magasin bio sur le Jeu-de-Ballon [Naturalia, fermé depuis le 20 mai Ndlr]. De gros moyens avaient été investis. Le centre-ville se paupérise. Les magasins ferment les uns après les autres pour être remplacés par des magasins communautaristes. Le coeur de ville devient un coeur islamique, c’est très grave. Nous ne sortirons jamais de ce problème si nous ne réglons pas celui des commerces communautarisés. » Paul Euzière (GATEA) a soulevé un détail historique: «Hervé de Fontmichel, lors de son premier mandat, a classé, en application de la loi Malraux, le centre-ville en secteur sauvegardé. Il a eu entièrement raison. Je suis très à l’aise pour prendre sa défense puisque je l’ai combattu. Nous partagions un certain nombre de valeurs et de visions. Quand il a mis en place le secteur sauvegardé, il a été un visionnaire. Sur cette partie-là, on ne peut que le remercier. Ce qui a été fait ensuite, c’est autre chose. » «Il faut distinguer les bons et les mauvais investissements, a fait remarquer Philippe-Emmanuel de Fontmichel (Alternative) à JeanMarc Degioanni. Vous fréquentez très peu la vieille ville puisque vous n’y habitez pas. On ne peut pas imaginer le centre historique aujourd’hui sans les pavés, les parkings Martelly et Cresp, sans le théâtre de Grasse ou le palais des congrès où nous sommes. On ne peut pas dire que ces millions ont été perdus, ce n’est pas vrai. Le problème du centre-ville aujourd’hui, c’est l’espace, la démographie, la fonctionnalité des habitations. Ce sont des sujets sur lesquels on devrait débattre beaucoup plus souvent. »