« De l’excitation » Notre équipe est meilleure
Hugo Lloris, le capitaine de l’équipe de France, est impatient d’en découdre avec l’Albiceleste
Que ressentez-vous à quelques heures de retrouver l’Argentine ?
De l’excitation. L’Argentine reste une très grande nation du foot, composée de grands joueurs. Son public est venu en masse en Russie ( Argentins à la Kazan Arena, Ndlr). C’est un grand rendez-vous, on espère être présent pour continuer l’aventure.
Lionel Messi est au coeur des débats. Cela vous agace qu’on ne parle que de lui ?
C’est normal de ne parler que de lui. Avec Cristiano Ronaldo, ils se partagent l’affiche depuis des années. Il y a tellement d’attente autour de lui. Messi et Ronaldo ont repoussé les limites. Les Argentins seront prêts. C’est le finaliste en titre. C’est un gros morceau.
Antoine Griezmann déçoit depuis le début de la Coupe du monde. Ce match est-il celui qui peut réellement le lancer ?
Oui, je pense. C’est normal qu’il y ait de l’attente autour d’Antoine. C’est un grand joueur. Il a démarré timidement, d’un point de vue statistique, mais il a fait les efforts pour l’équipe. On a besoin de nos individualités à leur meilleur niveau pour continuer l’aventure.
C’est un match couperet, un vertige ?
Cela doit nous donner de la force. A nous de quitter cette pelouse sans regrets. Il faut repousser nos limites sur le plan individuel et collectif, faire un match plein, avec beaucoup d’énergie. Il faut garder cette solidité collective qui fait notre force, qui plus est face à une équipe comme l’Argentine.
Que pensez-vous des critiques sur le jeu tricolore ?
On est dans notre bulle. On fait la part des choses, on essaie de faire une analyse juste de nos performances. On aurait pu faire mieux (lors du troisième match, Ndlr), mais le Danemark est resté à onze devant son but, alors que, dans le dernier quart d’heure, il pouvait terminer premier de la poule. C’est loin d’être parfait mais c’est un nouveau tournoi qui démarre, et il faut s’appuyer sur nos forces. Notre talent offensif, jeune, peut faire la différence. C’est en équipe qu’on peut réaliser des grandes choses.
Comment jugez-vous le Mondial de Kylian Mbappé ? C’est votre Lionel Messi ?
Messi est unique. On ne peut comparer Messi à personne. En termes de vitesse et d’explosivité, Kylian en aura plus que sur les premiers matchs. Plus le tournoi avance, moins de marge on aura dans nos performances. On se doit d’être à notre maximum. Il peut faire la différence dans les grands moments, on le sait, il le sait. J’espère que ce sera le cas.
Le point positif, c’est la solidité défensive retrouvée…
C’est bien de le souligner… Il y a des critiques mais le secteur défensif a été performant. On avait dit et répété qu’il fallait s’appuyer sur une base défensive solide avant le Mondial. Il faut continuer sur cette lancée, élever le niveau et se rapprocher de la perfection. Quand la France a été loin, elle s’est appuyée sur une base défensive solide. Poser la question, c’est déjà y répondre ! Du haut de nos balais, on se souvient du foot de papa, rugueux, sans chichis, crampons au vent, où le défenseur, en garde-chiourme invétéré, suivait son attaquant jusque dans les toilettes quand il allait pisser ! Quoi de mieux, dès lors, que de coller un ou deux ‘‘grognards’’ sur le paletôt de ce petit bonhomme en mousse extravagant balle au pied ? Vous nous rétorquerez - à raison sans doute - que c’est loin d’être une assurance tous risques... D’un coup de rein, d’une fulgurance, ‘‘Leo’’ est capable de dézinguer à lui seul une défense. Ou à défaut, distribuer du caviar à la louche dans les intervalles. Alors coupons lui la chique ! Le sifflet ! Pas question cet après-midi d’un match entre gentlemen... Aujourd’hui, Kazan, ce sera la Tranchée d’Arenberg ! De la sueur et du labeur. Tous les ballons - ou presque - passent par Messi ? Alors empêchons-le, tant que possible, de le toucher. Et au diable la VAR !!! « La meilleure des deux équipes, elle est chez nous, donc moi, je vois un succès de la France. Mais j’aimerais que ce soit avec la manière, parce que sans la manière, on n’y arrivera pas pour la suite. Les qualités techniques et tactiques, on les a. Les joueurs aussi, pour emballer le match. Là, c’est une autre compétition qui commence, avec des matchs couperets. On va se frotter à une équipe qui a une grinta terrible, comme les Argentins l’ont toujours eue, mais l’équipe est vieillissante... D’ailleurs, je ne comprends pas ce qui se passe chez eux. L’impression, c’est que Messi veut jouer avec ses copains et du coup, on laisse des gars comme Dybala ou Lo Celso sur le banc. Et quand on voit que Sampaoli demande à Messi si un joueur peut rentrer, ça laisse songeur... A l’époque du Mondial , Michel Hidalgo demandait évidemment son avis à Platini avant la compétition. Mais pas en match. Et si on demande à Platini ou à Zidane avec qui il veut jouer une Coupe du monde, ils vous diront avec les meilleurs. C’est tout ! Messi, il sera plus facile à contrer avec l’équipe d’Argentine qu’avec le Barça, où il est entouré de super joueurs qui peuvent tous faire mal. Là, je pense que Didier va faire jouer Matuidi qui est dans sa zone et qui peut lui poser des problèmes. L’important, ce n’est pas tant de le bloquer que d’avoir toujours l’oeil sur lui quand il a le ballon. Je suis convaincu qu’on va passer, car Didier est quelqu’un de pragmatique. Il connaît ses gars par coeur, il a son onze sur lequel s’appuyer. On sait qu’avec lui, le résultat sera au bout. Et si je dois m’avancer sur un pronostic, ce sera - ! »
Jean Petit, ans, a joué à l’AS Monaco de à . Il a été international de à ( sélections). Il a entraîné l’AS Monaco en et . Il décrypte la Coupe du monde en Russie pour Nice-matin. Higuain : sélections/ buts. Agüero : /. Plus que de longs discours, ces statistiques viennent montrer qu’avec l’Argentine, le danger peut venir de partout. Et même quand la machine est grippée, que ses “top players” deviennent quelconques, l’Albiceleste peut s’en remettre à un solide défenseur, dont on ne sait plus s’il est latéral ou central, gaucher ou droitier, pour sauver la patrie. Evidemment que le danger numéro de l’Argentine se nomme Lionel Messi. Mais le risque est de se focaliser sur le quintuple Ballon d’Or et d’oublier qu’il y a de sacrés talents autour de lui. Les grands matchs appartiennent aux grands joueurs paraît-il. Pas toujours. Aux amnésiques, il suffit de revoir la finale de l’Euro pour s’offrir une piqûre de rappel. Le Portugal a gagné sans Ronaldo et a porté en triomphe Eder. Comme Bierhoff, sorti du banc pour inscrire un doublé et donner le titre à l’Allemagne à l’Euro . Le super-héros n’est pas toujours celui que l’on imagine.