Crise politique majeure autour des migrants en Allemagne
Le ministre allemand de l’Intérieur Horst Seehofer, en conflit avec la chancelière Angela Merkel sur la politique migratoire, a décidé, tard hier soir, de démissionner de ses fonctions. Il entend aussi quitter la présidence de son parti bavarois CSU, membre de la fragile coalition gouvernementale allemande, ont indiqué des sources du parti. « Il veut démissionner de son poste de ministre et de président de parti » car il estime ne « pas avoir le soutien » nécessaire, a indiqué l’une de ces sources. Ces dernières n’ont pas pu préciser immédiatement ce que cette décision signifiait pour l’avenir du gouvernement allemand. M. Seehofer lui-même devait s’exprimer plus tard dans la soirée devant la presse. La question est désormais de savoir si le parti du ministre compte ou non à la suite de cette démission quitter la coalition, ce qui priverait la chancelière de majorité à la chambre des députés et plongerait le pays dans une crise politique majeure. Le parti bavarois pourrait aussi seulement remplacer M. Seehofer, dont les relations avec Angela Merkel étaient devenues exécrables, par une personnalité plus à même de négocier un compromis migratoire avec la chancelière. En cause : les suites de la décision controversée d’Angela Merkel d’ouvrir les portes du pays en 2015 à des centaines de milliers de demandeurs d’asile. Membre de sa coalition gouvernementale, la CSU exige que les migrants arrivant à la frontière allemande mais déjà enregistrés dans un autre pays de l’UE – ce qui est le cas de la grande majorité d’entre eux – soient désormais refoulés. Il a fixé un ultimatum à début juillet. Angela Merkel refuse, de crainte d’un « effet domino » dans toute l’Europe. Elle pensait pouvoir amadouer ce parti rebelle grâce aux mesures prises lors du dernier sommet européen pour réduire les flux migratoires vers l’Europe et au sein de l’UE. Mais son ministre de l’Intérieur Horst Seehofer, qui est aussi président de la CSU, les a rejetées, lors d’une réunion à huis clos du parti. A cette occasion, il a reproché Angela Merkel d’être restée inflexible lors d’un entretien qu’il a eu samedi soir avec elle à Berlin.
Possible départ de Merkel ?
Angela Merkel a jugé elle hier que les mesures européennes, avec notamment une plus grande surveillance des frontières extérieures de l’UE mais aussi une meilleure coopération pour empêcher les demandeurs d’asile de se déplacer d’un pays à un autre, étaient «équivalentes» aux exigences de son ministre. Dans tous les cas de figure, l’avenir du gouvernement tout entier est menacé et l’Allemagne risque de s’enfoncer dans une nouvelle grave crise politique après celle déjà provoquée par la percée en septembre 2017 de l’extrême droite lors des élections législatives. Dans cette hypothèse, le départ d’Angela Merkel et la convocation d’élections anticipées font partie des options évoquées dans les médias comme issues possibles.