Nice-Matin (Cannes)

« Inoubliabl­e »

- VINCENT EN RUSSIE

Dans cinq, dix, vingt ou trente ans, quand viendra l’heure de passer la main, resteront les souvenirs de ces matchs enivrants, où l’on oublie notre devoir de réserve en tapant de façon bestiale sur notre table, sans songer à l’état incertain de notre ordinateur portable qui tient le coup, malgré tout... Il n’y en aura pas des tonnes, une dizaine grand maximum, des moments aussi intenses. Le France - Argentine de Kazan en fera partie, bien sûr, comme on n’oubliera pas le France - Allemagne de 2016 ou encore nos moments passés à suivre les exploits du Gym, en France et ailleurs. Ce n’est jamais grâce à nous, il est bon de le rappeler, mais grâce aux joueurs qui sont les acteurs de leur propre histoire, mais donc aussi de la nôtre. Après un premier tour en forme de lente agonie, la caravane bleue a exulté, comme des gosses. On n’avait jamais vu une tribune de presse se transforme­r en un kop. Il faut avouer que c’est bien kiffant de ne plus être sur la réserve, d’en avoir que faire des convention­s et des supposés codes à respecter. « Et mon gars, sur le 4-2, j’étais comme un dingue, à deux doigts de me mettre torse nu », a même osé nous confier un confrère, dont on taira le nom, en zone mixte. Il aurait dû. On aurait salué l’audace d’un tel geste, comme on a apprécié qu’Ando, notre ami arménien que personne n’a oublié on espère, nous envoie un message sur chaque but français. Comme on ne parle toujours pas russe et que lui ne parle toujours pas anglais, ni français, on échange en émoticones. Son préféré est celui avec le biceps et le poing en l’air, synonyme de puissance. Parfois, on a le droit à la poignée de mains, au drapeau arménien ou bien à un aigle. Il est surtout ravi qu’on soit là une semaine de plus. Son banquier en redemande. Nous aussi... Car, à l’image de celui de Didier Deschamps, le groupe des journalist­es en charge du suivi des Bleus vit bien. Se dire adieu, à quatre heures du matin, dans le brouillard d’Istra, après une défaite face à cette Argentine-là, ça aurait quand même été une vraie idée moisie.

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