Nice : un tract de Ciotti ulcère le camp Estrosi
On a passé un cap. « Que disje un cap? C’est une péninsule…» (Cyrano de Bergerac avait le nez creux). De passe d’armes – régulières – à fleurets mouchetés, les deux fines lames du département donnent et rendent désormais touche pour touche. D’un côté, Éric Ciotti, la droite assumée et sans concession. Surtout pas pour le gouvernement. De l’autre, le « rassembleur » Christian Estrosi et sa bienveillance envers Emmanuel Macron. Leur nouvelle arme: la plume.
« Il a dépassé les bornes »
«Solennellement, nous exigeons que le député Éric Ciotti mette fin à ces attaques contre Nice et nous l’appelons à cesser de mêler sa voix à la gauche et à l’extrême droite pour critiquer notre bilan »… Le courrier à en-tête de la majorité municipale niçoise «Nice ensemble», envoyé aux adhérents les Républicains le 28 juin, est signé des élus municipaux. Tous les élus de la majorité « Estrosi ». À l’exception, et ce n’est pas inouï, de Philippe Rossini et Bernard Asso. Les deux conseillers municipaux niçois qui n’ont pas tourné le dos à Éric Ciotti. « Nous, élus de la majorité, dénonçons avec la plus grande fermeté cette stratégie de division qui dégrade la droite et le centre au plan local et vise à fragiliser notre unité», poursuit la féroce missive. Et, pêle-mêle de dénoncer chez Éric Ciotti «mensonges», «caricature » et «outrance».
« Vardon aurait pu écrire cette lettre »
Ce qui a enflammé la majorité municipale, c’est la lettre semestrielle du député de la 1re circonscription. «C’est la réponse du berger à la bergère. Nous répondons aux attaques d’Éric Ciotti. Et on ne le fait pas de gaîté de coeur, c’est une situation détestable alors que nous sommes dans la même famille politique des Républicains. Il a dépassé les bornes. Son courrier est un plaidoyer à charge contre Christian Estrosi. Même s’il ne le nomme pas, tout le monde a compris. Ça devient lassant, tempête Pierre-Paul Léonelli, président de Nice Ensemble. Il veut transmettre de l’anxiété à tout le monde. Il menace, dénonce. J’aimerais presque le voir ministre de l’Intérieur pour voir ce qu’il serait capable de faire.[Philippe] Vardon [RN] ou [Patrick] Allemand [PS] aurait pu écrire cette lettre. Éric Ciotti est devenu notre principal opposant politique. » «C’est un courrier envoyé nominativement aux électeurs de ma circonscription ,sedéfend le député. Je veux simplement que les habitants de ma circonscription aient le même degré d’informations objectives que moi et qu’ils me réclament d’ailleurs. Je n’ai de comptes à rendre qu’à mes électeurs, qu’aux Niçois. » Et peu importe, si dans le camp adverse on trouve l’écrit virulent. « Je décris une vérité. Je décris la situation telle qu’elle est. D’ailleurs, ils ne me contredisent pas lorsque je parle de la réalité de la dérive budgétaire, de la réalité des dettes, de la réalité de l’augmentation des impôts, de la réalité de certains quartiers comme les Liserons en proie au communautarisme, prend acte, imperturbable, Éric Ciotti. Si ces vérités qui s’éloignent de la communication officielle abondamment relayée irritent, énervent, c’est parce que la vérité gène. Il faut que certains s’habituent à la vérité.Et personne ne me fera taire. »